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Pourquoi le nombre de tués sur la route ne baisse-t-il plus ?

Dans Pratique / Sécurité

Jean Savary

Les radars, ça eut marché, et même très bien, mais ça ne marche plus : la mortalité routière ne diminue plus depuis dix ans. Avant de chercher une autre solution, il faut comprendre de quoi et pourquoi nous mourrons sur la route.

Pourquoi le nombre de tués sur la route ne baisse-t-il plus ?

Au début du mois, l’ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière) publiait son bilan 2021. En pleine campagne des législatives (et du Donbass), les médias l’ont à peine évoqué.

Sans surprise, le nombre de tués remonte après le record de 2020, année marquée par le Covid. Mais l’effet de la pandémie se fait encore sentir et avec 3 219 tués la mortalité reste inférieure de 8 % à celle de 2019.

Preuve de l’effet Covid, ce sont les 15-24 ans privés de fêtes et de boîte de nuit une partie de l’année et les plus de 75 ans, enclins à rester confinés qui enregistrent les plus fortes baisses, respectivement de 23 % et de 16 %.

Autrement dit, nous ne progressons plus. Même le 80 km/h, s’il a bien du sauver quelques dizaines de vie, n’a pas tenu ses grandes promesses.

Et pour une fois, je ne peux qu’approuver la Ligue de défense des conducteurs qui pointe cette stagnation : « La mortalité routière s’élevait à 3 495 en 2013. Elle était en 2019, juste avant le Covid, de 3 498. »

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D’accord avec eux aussi pour en conclure qu’ajouter toujours plus de radars toujours plus performants et même embarqués n’y fait plus grand-chose. L’énorme et soudain impact qu’ils ont eu de 2002 à 2006 est derrière nous, ce n’est pas une opinion, mais un constat.

Certes, je n’imagine pas qu’on les retire – ce serait l’assurance d’une véritable boucherie, et même la Ligue, toute radicale qu’elle soit, ne le demande pas – mais il est temps de se poser des questions sur la politique à mener.

Nous en sommes revenus au bilan de 1926

Pourquoi le nombre de tués sur la route ne baisse-t-il plus ?

À ce stade, on peut prendre deux partis.

1/ Soit considérer que depuis le pic de 1972 et ses 18 000 tués (à 30 jours), nous avons divisé par presque six le nombre de victime et même, en tenant compte de la taille du parc automobile, par dix-huit la probabilité de laisser sa peau sur le bitume. La Sécurité routière a retrouvé dans un tiroir des statistiques d’avant-guerre : nous en sommes revenus au bilan 1926, quand il y avait 50 fois moins de voitures en circulation.

Bref, déduire qu’on peut s’arrêter là, que la ponction humaine est supportable vu l’utilité sociale et l’importance économique du véhicule à moteur, bien plus supportable en ce sens que les bilans humains du ski, du parapente, du VTT de descente, du kite-surf et autres occupations rigolotes et dispensables.

2/ Soit considérer que voir l’équivalent de la population d’un gros bourg périr tous les ans n’est pas tolérable et que chaque vie sauvée compte. Cela a toujours été mon point de vue mais je ne sais plus quelles conséquences en tirer.

Les ADAS, ça aide ?

Pourquoi le nombre de tués sur la route ne baisse-t-il plus ?

Réduire encore la vitesse ? Le 80 km/h sur route n’a pas sauvé autant de vies que promis pour la simple raison qu’il n’est pas respecté. Respectable, je ne sais pas, mais il est clair qu’on ne pourra pas truffer les départementales de Mesta.

On peut déjà parier que le limiteur de vitesse AIV (adaptation intelligente de la vitesse) qui sera obligatoire dès le mois prochain sur les nouveaux modèles et en juillet 2024 sur toute voiture neuve n’y changera pas grand-chose. Et que c’est d’abord sur ces routes à 80 km/h qu’il sera le plus souvent déconnecté par les conducteurs.

Améliorer encore les voitures ? Je n’y crois pas : entre 1990 et 2002 la quasi-généralisation de l’airbag, des habitacles renforcé et de l’ABS n’avait eu qu’un faible impact. En deux ans, de fin 2002 à 2004, le radar automatique a sauvé plus de vie que ces technologies pendant la décennie précédente.

Même constat aujourd’hui : la diffusion de plus en plus large des ADAS qui, à notre place, surveillent l’angle mort, corrigent nos trajectoires et freinent en cas d’urgence n’infléchit pas d’un poil la courbe des tués.

Là encore, ce n’est pas une opinion, mais un fait statistique.

Bref, il faudra bien trouver d’autres solutions et pour cela comprendre pourquoi avec des motos, des camions et des voitures toujours plus sûres, des routes sans cesse plus surveillées et une société où les plus de 60 ans sont désormais plus nombreux que les moins de 20 ans, nous parvenons encore à nous percuter, nous écraser et nous renverser.

Évidemment, c’est dans nos caboches que cela se passe.

Pourquoi le nombre de tués sur la route ne baisse-t-il plus ?

La théorie de l’escabeau

Je pourrais vous parler de la montée de l’individualisme, de la perte du sens civique et du respect d’autrui, de l’ensauvagement de la société, c’est ce que tout le monde souligne autour de moi. Mais je n’y crois pas. Parce que je suis comme Saint Thomas et ne le vois pas. En tout cas, pas sur la route.

Des gens qui se comportent comme des porcs, des trompe-la-mort, des pressés-indifférents, des gamins qui pilotent façon grand banditisme, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Plus qu’avant ? Bien moins à mon avis.

Ce qui a changé, c’est notre perception du risque, à tous.

On sait bien, on voit bien que l’on meurt moins sur la route. On sait bien, on voit bien que nos voitures sont infiniment plus sûres et « prévenantes » qu’il y a dix ou vingt ans et aussi qu’en règle générale, le trafic s’est ralenti et apaisé.

Et que faisons-nous de cette perception de moindre danger ? La même chose que le bricoleur auquel on donne un escabeau plus stable : on se casse la gueule pour s’être davantage penché, pour être monté plus haut, pour avoir fait moins attention ou en en descendant ou y montant plus vite. Ce phénomène savamment baptisé homéostasie du risque se vérifie hélas dans la moindre action humaine et aide à comprendre pourquoi une voiture plus sûre n'est pas moins dangereuse.

Pourquoi le nombre de tués sur la route ne baisse-t-il plus ?

La solution ne sera pas policière

Surtout que dans le même temps, nos sources de distractions, du GPS au smartphone en passant par les écrans multifonctions se sont multipliées, il faut bien reconnaître que nous avons moins l’œil sur la route, les mains sur le volant et la tête à la conduite.

Ce cocktail d’ultradistraction de nos cerveaux et de voitures qui nous dorlotent et nous rassurent ne peut être que meurtrier.

Quelle réponse le politique peut-il apporter à ce constat, franchement, je ne vois pas et en prime ce n’est pas mon job.

J’aurais quand même un petit conseil à donner au nouveau ministre des Transports : qu’il ou elle récupère vite dans son giron la Délégation à la sécurité routière, rattachée depuis quatorze ans au ministère de l’Intérieur.

Car ce ne sont pas des policiers qui trouveront à la stagnation du nombre de tués une autre solution que toujours plus de radars. On sait désormais que ça ne marche plus.

Ces quatorze années de Sécurité routière policière, où la courbe des tués s’est aplatie, en auront été la parfaite démonstration.

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