Renault réduit sa présence en Chine

Renault doit présenter un nouveau plan stratégique en mai, mais le Losange prend de l'avance en dévoilant ses plans pour le marché chinois. La rumeur évoquait un départ total de l'Empire du Milieu. Si la solution retenue n'est pas aussi extrême, le Losange quitte en partie la Chine.

Le groupe a en effet décidé de se focaliser sur deux aspects du marché : les véhicules électriques et les véhicules utilitaires. Il a donc pris une décision claire : la fin de sa coentreprise DRAC (Dongfeng Renault Automotive Company) avec Dongfeng pour le marché du véhicule thermique. Le Losange explique avoir "conclu un accord préliminaire avec Dongfeng Motor Corporation en vertu duquel Renault transfère ses actions à Dongfeng". La coentreprise "cessera ses activités liées à la marque Renault".

Concrètement, la marque va stopper la commercialisation des modèles particuliers thermiques. Cela semble aussi signifier la fin de la production en Chine des Kadjar et Koleos. Cette décision va permettre au constructeur de faire des économies, d'autant qu'il n'a jamais réussi à percer sur le marché chinois, où sa part de marché reste sous 1 %.

Ce n'est toutefois pas un divorce avec Dongfeng. Renault indique qu'il y aura "une coopération innovante dans le domaine des véhicules connectés intelligents". Surtout, le lien se fera via Nissan. Le japonais est très bien implanté en Chine. Et dans le cadre d'une nouvelle stratégie dite "leader/follower", c'est lui qui va assurer la gestion de l'activité de l'Alliance pour la Chine.

Renault va se limiter à deux catégories du marché automobile, mais qui ont un fort potentiel. Il y a d'abord les électriques. 860 000 voitures électriques ont été vendues en Chine en 2019. Les modèles branchés devraient représenter un quart des immatriculations dans le pays dès 2030. Renault maintient donc l'activité de deux autres co-entreprises. La première est eGT, réalisée avec Nissan et Dongfeng. C'est avec elle que Renault propose la citadine low-cost K-ZE, qui sera importée en Europe en 2021 avec le logo Dacia. La seconde est JMEV, réalisé avec le constructeur chinois Jiangling Motors Corporation Group (JMCG). Elle prévoit de couvrir 45 % du marché chinois des électriques en 2022 avec quatre modèles principaux. Renault dira sûrement en mai si des modèles seront partagés avec l'Europe.

L'autre volet de la présence en Chine, c'est l'utilitaire, un secteur qui a représenté 3,3 millions de ventes dans le pays l'année dernière. Pour cette partie, Renault se base sur une co-entreprise avec un autre géant chinois, Brillance. En 2017, Renault a racheté à Brillance 49 % des parts de la marque locale Jinbei. Avec elle, il compte avoir cinq modèles en vente en Chine d'ici 2023.

Les regards se portent maintenant sur PSA, qui est lui aussi en très grande difficulté en Chine. Carlos Tavares doit faire des choix dans les semaines à venir, avec peut-être l'arrêt des ventes pour une ou plusieurs marques du groupe.