Votre navigateur ne supporte pas le code JavaScript.
Logo Caradisiac    
Publi info

Route de nuit - Louisette Texier : la pilote aux mille vies nous a quittés

Dans Sport Auto / Rallye

Michel Holtz

Rescapée du génocide arménien, danseuse de cabaret, pilote automobile, commerçante et résistante, Louisette Texier s'est éteinte cet été à l'âge de 108 ans. Et si une vie de passion était le secret de la longévité ?

Louisette Texier (au centre) en compagnie de sa coéquipière Annie Soisbault lors d'un ralle de Mionte-Carlo dans les années 60
Louisette Texier (au centre) en compagnie de sa coéquipière Annie Soisbault lors d'un ralle de Mionte-Carlo dans les années 60

Elle s'est éteinte le 20 juillet dernier dans le Gers, mais on a appris la nouvelle qu'en début de semaine. Un dernier accès de modestie ? Louisette Texier en était coutumière, même si on la surnommait le "bulldozer". Modeste et coquette ne déclarait-elle pas, après l'une de ses victoires en rallye, qu'elle devait forcément "arriver avant les autres pour avoir le temps de se remaquiller avant l'arrivée" ? Mais elle n'était pas que modeste, elle était également de la trempe de celles qui jamais ne flanchent, et jamais ne s'épanchent. Car Louisette revient de très loin. D'Arménie précisément, ou elle naît en 1913.

La France après la tragédie arménienne

Elle a deux ans lorsque son père est pendu. Le génocide arménien perpètre ses massacres et celle qui s'appelle encore Harpiné Hovanessian est cachée et emportée à la hâte vers un orphelinat d'Istanbul. Elle en sortira une dizaine d'années plus tard pour rejoindre d'autres foyers, à Salonique en Grèce, puis en France. Mais à quinze ans, elle veut être libre. Elle s'enfuit, troque son nom pour celui de Louisette Texier et devient une danseuse à succès dans les cabarets de Montmartre.

À 15 ans, la "môme" Texier devient danseuse de cabaret.
À 15 ans, la "môme" Texier devient danseuse de cabaret.

Les années passent et les Allemands occupent Paris. Louisette ne se produit plus sur scène. Elle entre en résistance, cache des juifs et participe à la libération de Paris. Son après-guerre sera plus calme. Elle se marie et donne naissance à deux enfants. Mais son goût pour l'indépendance reprend le dessus et elle divorce. Louisette a une idée : elle veut vendre des jeans pour femmes. Un commerce que les Américains démarrent à peine. En France, personne ne s'y est jamais risqué. Elle ouvre une boutique à Neuilly en 1956 et c'est un succès. Mais au même moment, une autre passion va surgir dans sa vie et durablement l'occuper. Elle assiste à une course de motos ou un ami pilote l'a entraîné. c'est le coup de foudre pour les sports mécaniques.

Louisette, à gauche, en compagnie de sa coéquipière Marie-Louise Mermod, à l'arrivée du 13e Tour de France auto.
Louisette, à gauche, en compagnie de sa coéquipière Marie-Louise Mermod, à l'arrivée du 13e Tour de France auto.

Elle va se former et apprendre non pas la moto, mais le pilotage auto. Quelques mois plus tard elle devient la première femme engagée au rallye de Monte-Carlo,au volant d'une Simca Aronde P60 Montlhéry. Jusqu'en 1964, elle enchaîne les rallyes, et participe au Tour de France auto avec sa Jaguar MK2. En 1963, elle termine deuxième au général et enchaîne des victoires à travers l'Europe. La voiture ? C'est son truc "le reste, je m'en foutais. je n'ai même jamais fait de vélo", expliquera-t-elle à la fin de sa vie. Mais la course auto ne l'occupera jamais à plein temps. En parallèle, elle développe ses boutiques. Elle en possédera, et en gérera, trois jusqu'à sa retraite, qu'elle daigne prendre, à 90 ans.

Une dernière virée en kartng, à 104 ans.
Une dernière virée en kartng, à 104 ans.

Auparavant, elle aura couru son dernier rallye, celui du Kenya, à 80 ans. Retirée dans le Gers, Louisette enfilera une fois encore fois son casque pour une séance de karting en compagnie de son petit fils. Elle est alors âgée de 104 ans. Elle nous a quitté cet été après un long voyage de 108 ans. Évidemment, elle va manquer à ses enfants, à ses petits enfants et à ses arrière-petits-enfants. Mais Louisette a vécu une vie à nulle autre pareille. Une vie exceptionnelle car, après des débuts chaotiques c'était celle qu'elle s'était choisie, celle qu'elle a décidé de mener à sa guise, jusqu'au bout.

Abonnez-vous à la newsletter de Caradisiac

Recevez toute l’actualité automobile

L’adresse email, renseignée dans ce formulaire, est traitée par GROUPE LA CENTRALE en qualité de responsable de traitement.

Cette donnée est utilisée pour vous adresser des informations sur nos offres, actualités et évènements (newsletters, alertes, invitations et autres publications).

Si vous l’avez accepté, cette donnée sera transmise à nos partenaires, en tant que responsables de traitement, pour vous permettre de recevoir leur communication par voie électronique.

Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement de ces données, d’un droit de limitation du traitement, d’un droit d’opposition, du droit à la portabilité de vos données et du droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle (en France, la CNIL). Vous pouvez également retirer à tout moment votre consentement au traitement de vos données. Pour en savoir plus sur le traitement de vos données : www.caradisiac.com/general/confidentialite/

SPONSORISE

Toute l'actualité

Essais et comparatifs

Commentaires ()

Déposer un commentaire