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Un choc qui ne sera pas seulement pétrolier

Dans Economie / Politique / Industrie

Jean Savary

Les conséquences de la guerre en Ukraine iront bien au-delà d’un choc énergétique. Si les armes ne se taisent pas, le cours du pétrole en forme de montagnes russes ne sera qu’un détail dans le tableau.

Un choc qui ne sera pas seulement pétrolier

Quinze centimes de moins au litre d’avril à juillet. Ce coup d’arrosoir électoral à quatre milliards qui financera le plein des Dacia comme des Mercedes est-il toujours d’actualité avec le cours du pétrole qui replonge à son niveau « d’avant-guerre » ? J’ai du mal à suivre…

Je ne sais pas combien je paierai mon prochain plein, seulement que c’est une anecdote en comparaison du reste. Car nous n’en avons pas fini de ce grand chambardement mondial.

Faut-il comparer ce que nous vivons au premier choc pétrolier de 1973 ? Je crains que ce ne soit bien pire que le coup de sang d’un cartel de producteurs – l’OPEP - qui coupe ses robinets. Ici, c’est plus compliqué d’autant que le gaz est aussi de la partie. Ce à quoi nous assistons, c’est à la conjonction et aux percussions du rétrécissement de l’offre, des booms et chutes de la demande, des paniques ou euphories des investisseurs avec en point d’orgue (de Staline) la mise au ban de la Russie, deuxième producteur mondial d’or noir et de gaz dans le rôle de l’OPEP.

Et au fond, le contexte a changé et pas à notre avantage : les réserves et les découvertes de nouveaux gisements ne sont plus du même baril - pardon, tonneau - que dans les années 70, et surtout, nous n’avons plus les mêmes marges d’économie.

Il y a un demi-siècle nous avions immédiatement renoncé à nous chauffer à 25 °C dans des bâtiments mal isolés puis, en peu d’années, réduit de quasiment 50 % la gloutonnerie de nos autos. Aujourd’hui, on grelotte déjà dans bien des foyers et nos moteurs sont à bout de développement.

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Un choc qui ne sera pas seulement pétrolier

Quelles économies massives et immédiates seraient aujourd’hui possibles sans changer profondément notre mode de vie ? Revenir massivement au travail distanciel comme au temps du premier confinement ? Cela ne concernerait qu’une partie de la population, pas du tout le transport routier et ne changerait rien à l’autre partie de l’équation : la consommation de gaz qui en serait même augmentée.

Pour ce qui concerne l’automobile, le moins que l’on puisse dire est que nous sommes bien mal préparés : le projet « voiture à 2 l aux cent » a été jeté aux orties au profit du tout électrique et les progrès de sobriété de nos moteurs ont été étouffés sous le poids des monospaces puis des SUV.

 

Produire de l’éthanol quand on manque de blé ?

Dans les commentaires à mon dernier billet, certains ici avaient trouvé la solution à la hausse des carburants : l’E85 à 0,80 €. Avec un kit de conversion, il apparaît comme la panacée et même en s’en passant, beaucoup de moteurs pas trop récents le brûlent sans souci dans des proportions variables.

Sauf que l’Éthanol, ce pourrait être bientôt terminé, plus de saison. Tout simplement parce que dans un monde où les cours des céréales étaient déjà orientés à la hausse depuis plusieurs années, être privé du fameux grenier à blé ukrainien ferait exploser les cours. Y aura-t-il des semis – des semences et des engrais - ce printemps dans les grandes plaines d’Ukraine ? Si ce n’est pas le cas, osera-t-on distiller notre bon grain pour en faire de l’éthanol à bagnoles quand l’Égypte, le Soudan et une bonne partie du Maghreb, du Moyen Orient et de l’Afrique peineraient à se nourrir ? Car si pour certains pays, la manne croissante des exportations de pétrole et de gaz compensent largement le surcoût des importations alimentaires, dans la plupart des autres nations en développement ressurgit déjà le spectre de la famine.

Dans un tel contexte, l’E85 français, carburant pratiquement unique en Europe, conserverait-il sa fiscalité d’exception ? Je ne le crois pas.

Un choc qui ne sera pas seulement pétrolier

Moins de gaz, moins d’engrais, moins de récoltes

Au-delà de l’éthique, la question sera économique. Quand les cours du blé, du maïs et autres matières premières agricoles explosent, la distillation n’est plus une option viable financièrement. Pas d’avantage celle de la betterave à sucre, principale source de l’éthanol français, car ses surfaces vont être réduites au profit des céréales, plus rentables.

Or, pour faire pousser tout cela, il faudra des engrais azotés dont les cours ont déjà augmenté de 80 % l’an passé et flambent depuis quelques semaines. Ces engrais, on les produit avec du gaz. Or, moins d’engrais, c’est moins de récoltes et donc un facteur supplémentaire d’inflation de toute la chaîne alimentaire, du pain à l’escalope en passant par les haricots.

Bref, oubliez l’éthanol : il ne disparaîtra pas brutalement mais manquera de plus en plus souvent à la pompe et son avantage fiscal pourrait être supprimé ou suspendu au motif du péril alimentaire.

Un choc qui ne sera pas seulement pétrolier

Un rideau de plomb devant la voiture électrique

Pas grave pensent certains, il y a la voiture électrique…

Bienheureux ceux qui ont la leur, car les autres devront patienter. Il s’avère en effet - la guerre est pleine de mauvaises surprises - qu’une bonne partie des métaux essentiels à la fabrication des moteurs, onduleurs et pour certains, des batteries viennent de la sainte Russie. Résultat, les cours s’affolent et la pénurie, là aussi, menace les usines.

Si le secteur de l’aéronautique sera encore plus durement affecté par les surcoûts de certains métaux rares, ses avions bénéficient d’une certaine élasticité des prix. Pas l’industrie automobile et encore moins la voiture électrique dont les ventes n’ont bondi qu’à coups de bonus. Des subventions maintenues dans l’attente de tarifs plus abordables… qui risquent de tarder à advenir. Tout récemment, on voit d’ailleurs les ténors du gouvernement rétropédaler à toute vitesse sur la question du 100 % watture d’ici 2035…

Un choc qui ne sera pas seulement pétrolier

 

Car son prix de revient ne sera pas seulement affecté par la flambée des matériaux mais aussi par celle du prix de l’énergie nécessaire à la fabrication des batteries. Sans parler de leur recharge dont la facture gonfle elle aussi : oubliez les 2,50 € aux cent kilomètres.

Bref, dans l’hypothèse où le conflit ne s’éteint par rapidement et « aimablement » et où périclitent durablement nos échanges commerciaux avec la Russie, la montée en puissance de la voiture électrique européenne a du plomb dans l’aile, et même un rideau de plomb devant elle. Et par conséquent toute l’industrie automobile européenne qui a misé gros sur ce pari obligé.

Faudra-t-il se rabattre sur les électriques chinoises ? Serons-nous stupides et cupides à ce point ?

Une chose est sûre, le péril qui guette notre industrie automobile menace aussi toute notre société basée sur la locomotion personnelle, la maison individuelle, l’éparpillement de l’habitat et du commerce et autres modernités énergivores.

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