Caradisiac, site automobile certes. Alors parlons auto. Auto et art. Tuning précisément. Des expositions d’art qui évoquent l’univers du tuning, il y en a. Des milliers. Mais celle de Jeremy Deller, visible à Paris, au Palais de Tokyo, jusqu’au 4 janvier prochain (dépêchez-vous), l’aborde pour une fois sous un angle très spécifique. Tout simplement en prenant le recul nécessaire sur ce phénomène et en l’immergeant dans la culture populaire.

Cette exposition monumentale de Jeremy Deller (comptez deux bonnes heures pour en apprécier toutes les subtilités ; allez-y une fois, retournez-y une deuxième fois), est constituée de six parties (cela se discute) et mobilise plusieurs artistes et commissaires. Voilà comment le Palais de Tokyo la présente : « Carte blanche à Jeremy Deller avec Ed Hall, Alan Kane, Scott King, Matt Price, William Scott, Andrei Smirnov, Marc Touché, White Columns. De la Révolution industrielle à l’apparition du glam rock en Angleterre, en passant par la musique électronique en Union soviétique, l’émergence du rock en France, les banderoles syndicales d’Ed Hall et les fictions personnelles de William Scott, l’exposition D’UNE RÉVOLUTION À L’AUTRE explore des domaines en marge de l’art contemporain et interroge de possibles relations entre révolutions industrielles et culturelles. Aux frontières de l’histoire, de l’anthropologie et de l’art contemporain, cette exposition mêle de manière singulière histoires collectives et personnelles. »

En fait, c’est tout l’inconscient politique occidental de ces deux derniers siècles que cette carte blanche à Jeremy Deller nous permet de visualiser d’un laboratoire d’expérimentations sonores à une cellule de prison, d’une ville revisitée en imagination à une photographie du catcheur Adrian Street en compgnie de son mineur de fond de père, de l’Est vers l’histoire (et inversement).

Une telle exposition montre les traces de ce souci, de cette attention des gens pour la communauté, à travers la culture populaire, la culture industrielle, la culture musicale, les luttes collectives… C’est tout naturellement, dès lors, que le tuning, qui s’exprime à partir de l’un des objets culte de la production industrielle, trouve sa place dans un assemblage singulier et hétéroclite mais toujours juste, sensible, réfléchi.

Le mieux est sans doute de s’en faire sa propre idée, en visitant cette magnifique exposition, puis… d’en discuter.