Autolib' serait-il trop ambitieux d'un point de vue économique ? C'est la question légitime que l'on peut se poser après avoir lu la dernière étude du Centre d'Analyse Stratégique.

Selon le dernier rapport du C.A.S, les prévisions concernant le chiffre d'affaires d'Autolib' seraient bien trop « optimistes ». Pour que le système de location de voitures en libre-service soit rentable, il faudrait enregistrer 200 000 abonnements... et une durée moyenne de location payante équivalente à 7 heures par jour par véhicule.

En décembre dernier, le syndicat mixte Autolib' annonçait fièrement ses chiffres prévionnels : « le système Autolib' devrait générer plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires sur les douze années de délégation de service ». Un chiffre qui devrait être revu à la baisse selon le C.A.S.

Alors que le syndicat mixte prévoyait un solde de 32,7 millions par an, le rapport estime que le bilan d'Autolib' serait plutôt négatif... à savoir – 61,1 millions d'euros par an. D'après le coordinateur Dominique Auverlot, il s'agit du « scénario le plus pessimiste », qui mérite toutefois d'être nuancé : « quatre heures d'utilisation moyenne paraissent plus probables. Dans ce cas, le bilan serait à l'équilibre, à – 0,2 millions d'euros par an. Mais cela dépendra du temps de charge des batteries, de la facilité avec laquelle on trouvera un véhicule... ». Au final, on verra bien.

L'argent public bien investi ?

Sylvain Marty, le directeur du syndicat mixte Autolib' souhaite calmer les inquiétudes quant à la pérennité du service. Selon lui, une durée moyenne de sept heures par jour n'est pas du tout utopique. Et quand bien même, peu importe si le succès n'est pas si complet puisque « Bolloré assuera les pertes jusqu'à 60 millions d'euros. Si Autolib' est rentable, ça sera mieux pour tout le monde. Mais si tel n'est pas le cas, ça ne change rien pour nous. »

Des propos quelques peu choquants mais qu'importe ! Selon Sylvain Marty, l'intérêt éventuel d'Autolib' n'est pas que financier (heureusement !) : « Soit on regarde le modèle économique pur et dur, soit on cherche les autres gains : en matière d'émissions de CO2, de bruit... Il nous semble que l'argent public est bien investi. » Vraiment ?

Si Autolib' ne trouve pas son public, pas sûr que les Parisiens se réjouissent de voir les petites auto électriques prendre la poussière sur leurs très chères places de stationnements ponctionnées...