Interface entre la mer et la pinède, la Dune du Pilat est une merveille écologique qui surplombe le bassin d'Arcachon. Théoriquement située en zone protégée, la forêt de pins a été scandaleusement amputée pour accueillir un parking.

Le bassin d'Arcachon est célèbre notamment pour la Dune du Pilat, interface sublime entre la mer et la pinède. Tous les ans, ce petit coin de paradis fait le bonheur d'un million et demi de touristes. Sauf que le paysage a changé cette année, pour laisser place à un trou béant au cœur de la forêt.

L'histoire commence en janvier 2013, lorsque des engins viennent troubler la tranquillité des riverains de la Teste-de-Buch. Dans le quartier du Pyla-sur-Mer, l’hôtel-restaurant La Co(o)rniche a décidé d'agrandir son établissement avec 18 chambres supplémentaires, dessinées par le célèbre designer Philippe Starck. Le plan local d'urbanisme (PLU) exige l'aménagement d'une place de stationnement par chambre. Si le PLU a été respecté par le gérant de l'hôtel, ce dernier n'a pas daigné regarder un autre document d'urbanisme tout aussi important, j'ai nommé le plan de prévention des risques (PPR).

Selon Jacques Storelli, président de l'association de défense et de promotion de Pyla-sur-Mer (ADPPM), « le parking se situe en zone rouge du PPR et est en co-visibilité immédiate avec la dune en impactant fortement le paysage. De plus, son déboisement élimine la végétation protégeant les zones limitrophes du risque d'avancée dunaire ». En zone rouge, le PPR présente en effet le principe d'inconstructibilité, qui exclut « la réalisation de tous travaux, constructions, installations, dépôts et activités de quelque nature qu'ils soient. » Le parking fait évidemment partie de cette liste d'interdictions.


Economie 1 – Environnement 0

Dans un pays où la culture et le patrimoine architectural et paysager sont ses plus grands atouts, il est inadmissible d'avoir laissé passer ce projet. Le président de l'association de riverains s'étonne que « l'Etat ait laissé faire l'aménagement, surtout lorsque l'on constate l'éloignement des parkings tel que ceux du Mont Saint-Michel ou la Pointe du Raz ». Un projet d'autant plus incompréhensible qu'au début de l'été, deux commerces ont été détruits avec le soutien de la préfecture car ils « dénaturaient le paysage au pied de la dune côté est ».

Selon le témoignage d'une riveraine inquiète devant la mise en place du chantier, « le gérant de l'hôtel a dit qu'aucun arbre ne serait coupé pour l'aménagement de ce parking. Trois jours après, il n'en restait aucun ». Au total, une soixantaine d'arbres ont été abattus et le terrain a subit d'importants travaux de terrassement.

A la Mairie, qui a délivré le permis de construire, on essaie de calmer le jeu et de mettre en avant le développement touristique de la région, même si « aucun arbre n'aurait dû être coupé ». Selon Marc Muret, le directeur de cabinet du maire, « le parking fait toutefois partie du projet d'extension de l'hôtel, un atout économique pour la commune. Tant qu'il reste un aménagement léger, je ne vois pas le problème, d'autant plus que la zone est déjà urbanisée. » De son côté, le sous-préfet d'Arcachon a déclaré s'être davantage concentré sur le projet architectural de l'extension de l'hôtel pour éviter un impact pérenne sur le paysage. Si le parking « ne lui plait pas plus que ça », il souhaite que le parking soit revégétalisé et qu'il ne soit pas goudronné.

Outre l'impact écologique et visuel pour les riverains, ces derniers redoutent fortement pour leur tranquillité. D'après les déclarations d'une riveraine : « Quand nous sommes arrivés il y a quinze ans, nous avions l'impression d'arriver au bout du monde. En très haute saison, depuis la rénovation de l'hôtel il y a trois ans, le restaurant sert plus de 1000 couverts par jour et 600 à 1000 voitures convergent ici. C'est devenu l'enfer. »


Si les recours des associations aboutissent, il faudra de nombreuses années pour que la forêt reprenne ses droits. Mais en attendant, c'est encore l'économie qui prime et l'écologie qui trinque.

Dune du Pilat : un parking implanté en zone protégée