Pendant la crise du marché américain de 2008-2009 et l'atonie persistante de son homologue européen, le secteur automobile a essentiellement été porté par les pays émergents dont la forte croissance entraînait aussi le secteur automobile. Les constructeurs qui ont le mieux résisté aux crises de 2008-2009 sont ceux qui étaient présents dans ces pays tandis que tous ceux qui n'y étaient pas bien implantés ont fait depuis de gros efforts pour y être représentés fortement. Oui mais voilà, plusieurs études montrent que ces marchés dénommés BRIC pour Brésil, Russie, Inde et Chine subissent un sacré coup de frein qui pourrait vite se transformer en recul.


Si la Chine continue de progresser avec 10 % de croissance sur le premier trimestre 2014, la tendance est à un ralentissement dû pour beaucoup aux restrictions d'immatriculation imposées. Déjà l'an dernier, l'Inde a enregistré un recul de 6 % entre mars 2012 et mars 2013 – le premier depuis 10 ans - alors même que le volume global de 1,9 million de voitures paraissait extrêmement faible rapporté à la population locale et au potentiel du pays. Auparavant, le pays enregistrait des hausses annuelles de l'ordre de +20 à +30 %. Au Brésil, en cette année de Coupe du Monde de football, les prévisions tablaient sur une hausse de 5 % du marché mais au regard des scores du premier trimestre particulièrement décevants, les analystes ne voient rien de mieux qu'une contraction du marché de l'ordre de 4 % en 2014. L'Argentine est dans une situation bien plus compliquée encore avec un retournement spectaculaire qui amène les constructeurs à anticiper désormais une dégringolade de près de 30 % du marché alors qu'ils pensaient jusqu'ici pouvoir profiter d'une hausse de 3 %. Même constat en Russie où la progression attendue de 5 % s'est transformée en un recul prévu de l'ordre de 9 % cette année.


Certes, le rebond du marché européen et la belle forme des USA rassurent à court terme mais les flottements des marchés généralement porteurs inquiètent beaucoup car ces remous sont attribués pour beaucoup à la hausse des taux d'intérêt et au ralentissement économique, des facteurs difficiles à maîtriser qui ne sont pas de nature à provoquer l'optimisme. Plusieurs mesures de réductions de la production et des personnels ont été prises en Russie ou en Amérique du Sud (où sont très présents nos constructeurs nationaux), de quoi faire craindre le retour d'une crise automobile plus globale et faire fondre l'optimisme de certains sur la capacité des fameux BRIC à sauver en permanence l'industrie automobile. Le propre d'un marché jeune et dynamique est, sans surprise, de devenir mature. Et moins dynamique.