Le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles (CCFA) a réalisé une étude sur les progrès effectués et à faire en matière de dépollution dans le secteur automobile. D'après lui, l’âge de la voiture française moyenne en circulation est de 7,7 ans. Trop vieille, pour être vraiment propre ! Ainsi, la majorité des voitures en circulation est très polluante. D’où la nécessité, pour être cohérent en matière de dépollution, de mieux tirer parti des performances des véhicules les plus récents et de tirer enfin les conséquences des effets d’un renouvellement du parc auto français.

Le CCFA souligne qu'au cours de ces vingts dernières années, les constructeurs automobiles ont réalisé des progrès considérables : les émissions de polluants (oxydes d’azote, monoxyde de carbone, particules et hydrocarbures imbrûlés) ont été divisées par quatre en moyenne. Elles ont été réduites lors de l’introduction de la directive Euro 4 en 2005. Aujourd’hui, s’ils ne relâchent pas leurs efforts et s’ils continuent d’explorer les pistes pour préparer l’avenir (piles à combustible, véhicules hybrides, amélioration des moteurs conventionnels, reformulation des carburants…), il est clair qu’ils n’ont pas les moyens de s’attaquer à ce qui constitue désormais la principale cause de pollution automobile : un parc automobile vieux et mal dépollué. Gagner encore quelques pour-cent sur les émissions des voitures neuves n’aurait pas un effet considérable puisqu’une voiture vieille de vingt ans pollue aujourd’hui autant qu’une trentaine de voitures neuves. Le plein effet des mesures déjà décidées sera donc atteint après la disparition des véhicules anciens les plus polluants. Les constructeurs français préconisent d’ailleurs l’élimination des vieilles voitures sans achat consécutif. Bien sûr, les ménages ne disposent pas toujours des revenus nécessaires pour acquérir un véhicule neuf. Mais quelques incitations financières minimes suffiraient à déclencher leur décision d’acquérir des véhicules d’occasion plus récents, plus économes en carburant et qui rejettent moins de polluants. A n’en pas douter, ce serait là rajeunir le parc et donner du sens aux progrès que les constructeurs ont réalisé ces dernières années.

Le CCFA pose la question suivante : comment expliquer qu’au cours des trente dernières années, les émissions des polluants réglementés des automobiles aient été divisées par un facteur bien souvent supérieur à 20 ? Que, par rapport à l’année 1974, la consommation moyenne des voitures neuves ait diminué de 20 %et qu’une diminution du même ordre soit attendue d’ici à 2008 ? Sa réponse : à n’en pas douter, mesures législatives européennes et progrès techniques se sont efficacement associés. La méthode européenne pour assainir l’air urbain est l’une des meilleures au monde. Entre la sévérité d’une réglementation dictée par les directives qui se sont succédées et les efforts consentis par les constructeurs européens pour les respecter ou les anticiper, l’Europe est en avance sur les autres continents.

Ainsi, entre 1970 et aujourd’hui, ce sont plus d’une quinzaine de directives qui ont établi des normes de plus en plus strictes sur la qualité des carburants, la mesure de la consommation et les émissions des différents véhicules. Les développements menés en matière de mesure des émissions ont aussi permis de faire prendre conscience à tous les acteurs des enjeux environnementaux. Mais les constructeurs européens n’ont pas non plus été en reste. Se fixant volontairement des objectifs de dépollution, ils se sont inscrits depuis une trentaine d’années dans un progrès continu de réduction de la consommation et des émissions. Ainsi, un véhicule produit en 2001 émet trois fois moins de polluants qu’un véhicule neuf de 1993, pourtant déjà équipé d’un pot catalytique (et 30 % de moins qu’un véhicule produit en 2000 !) Quant aux carburants européens, leur teneur en soufre (qui détériore les catalyseurs et limite la performance de nouvelles techniques de dépollution comme les pièges à NOx) a été réduite à moins de 50 ppm en 2005, soit dix fois moins qu’en 1996, et une qualité “zéro soufre” sera introduite progressivement.

Dépolluer à la source

Le CCFA mentionne que l’idée de dépolluer à la source est évidente et voilà plusieurs années qu’elle fait son chemin. Entre le GNV, le GPL et l’amélioration de la qualité des carburants classiques (essence et gazole), de nombreuses pistes se sont ouvertes. Tout en participant activement aux programmes de recherche sur les sources d’énergie du futur (électricité, véhicules hybrides, piles à combustible…), les constructeurs agissent aussi pour réduire la pollution dès le stade du carburant. Une nécessité pour répondre aux normes anti-pollution européennes.

PREMIÈRE PISTE, la “dépollution” de l’essence et du gazole. Il est inutile de se voiler la face : pour l’heure, ces deux carburants fossiles, faciles à stocker, à transporter et à distribuer, sont incontournables et ce, d’autant plus qu’ils satisferont facilement les besoins mondiaux durant encore une bonne quarantaine d’années. D’où des efforts importants déjà consentis en la matière, via par exemple l’essence sans plomb, le carburant à indice d’octane minimal ou la reformulation, une opération qui modifie profondément les propriétés physiques et chimiques des carburants.

SECONDE PISTE, les carburants gazeux. Les constructeurs français ont su développer depuis plusieurs années l’offre GPL européenne la plus riche en terme de gamme. Elle a permis de compléter les gammes classiques essence et diesel et de répondre à un besoin et une demande spécifiques en apportant des gains significatifs en matière d’émissions polluantes tout en réduisant les émissions de CO2. Le gaz naturel véhicule (GNV), est une filière prometteuse. Elle permet de réduire notablement les émissions de CO2 (- 20 %), principal gaz à effet de serre. Elle demande, comme pour le GPL, un système de distribution spécifique car le gaz doit être maintenu sous haute pression (200 bars). Elle devrait répondre aussi à des besoins spécifiques et locaux.

Les biocarburants

Le CCFA évoque le livre vert présenté en novembre 2000 par la Commission européenne fixant des objectifs ambitieux pour les biocarburants : 7 % des carburants seront d’origine renouvelable en 2010 et 20 % en 2020. Ces composés oxygénés qui ne contiennent pas de soufre regroupent deux familles principales : l’ester méthylique d’huile végétale (EMHV) qui, incorporé dans le gazole (jusqu’à 5 % dans le carburant commercial et jusqu’à 30% pour les flottes captives), est connu sous la marque “Diester”, et l’ETBE (ethyl tertio butyl ether, fabriqué à partir d’alcool de betterave, de blé, de sorgho), qui peut être ajouté jusqu’à 12 % dans l’essence. Ces biocarburants peuvent avoir un bilan positif, aussi bien au niveau de la pollution locale (baisse des émissions de dioxyde de soufre, de benzène) que planétaire (cycle CO2 favorable). L’analyse du cycle, depuis la production jusqu’à la combustion, montre que les biocarburants permettent de diminuer les émissions totales de CO2. La production de biocarburants pourrait favoriser le développement d’une agriculture à vocation industrielle et donc permettre d’exploiter de nouvelles jachères, la politique agricole commune imposant des quotas de production alimentaire.

Les progrès

Le CCFA met en avant que d'ici à 2020, les émissions des polluants réglementés issus du secteur Transport passeront à moins de 20 % de leur niveau de 1995. Elles auront donc été réduites de 80 %. Tel est le constat porté par la Commission européenne sur les progrès spectaculaires dus à la maîtrise accrue des principaux polluants : le benzène, le monoxyde de carbone, le dioxyde d’azote, les particules, l’ensemble des émissions qui concourent à la production de l’ozone (oxydes d’azote, composés organiques volatils) et le dioxyde de soufre. Cette amélioration sera évidemment progressive puisqu’en 2005 l’ensemble des émissions polluantes a diminué de plus de 50 %. Dès 2010, la part des émissions totales imputables à la route aura considérablement diminué, contribuant fortement à l’amélioration de la qualité de l’air. Le CCFA ajoute que les progrès spectaculaires réalisés ces dernières années par les constructeurs d’automobiles pour réduire les émissions unitaires seront poursuivis. Afin de respecter et même d’anticiper sur les prochaines normes, les constructeurs se sont engagés dans des développements techniques complexes portant sur l’ensemble des caractéristiques des véhicules. Ainsi, la diminution de la résistance à l’avancement (poids, aérodynamique, frottements externes et internes), les nouveaux procédés de carburation (injection directe, rampe commune d’injection), l’optimisation du circuit de carburant afin de limiter les pertes par évaporation, les carburants alternatifs comme le GPL ou le GNV et les nouvelles techniques de motorisation (véhicules électriques, hybrides, piles à combustible) sont autant d’innovations qui, combinées, accroîtront la propreté et la sobriété des véhicules.