Lors des perquisitions effectuées chez Renault dans le cadre de l'affaire de faux espionnage, la justice a découvert sur les disques durs de Frédérique Le Grèves, responsable de la Communication de l'époque, un échange de mails d'une nature étrange entre elle et une collaboratrice dont des copies ont été dévoilées notamment par France Info. En effet, alors que les 3 cadres accusés d'espionnage – à tort et sans véritable preuve - doivent être reçus à un entretien qui leur annoncera leur licenciement, la Communication planche au même moment sur plusieurs textes susceptibles d'être rendus publics en cas de suicide de l'un des 3 hommes !


Le cynisme atteint son paroxysme lorsque l'on découvre que les différents projets de textes balaient plusieurs cas de figure : suicide réussi, suicide raté !

Le cynisme (certains y verront de l'anticipation voire de la prévoyance) atteint son paroxysme lorsque l'on découvre que les différents projets écrits par la collaboratrice balaient plusieurs cas de figure : suicide réussi, suicide raté ! Deux communiqués type comportant des cases à remplir (nom, prénom) sont préparés en amont de l'entretien de licenciement, on peut lire sur le premier que « l'un des 3 cadres mis à pied le 3 janvier 2011 a tenté de mettre fin à ses jours ... » et sur le second que « l'un des 3 cadres mis à pied le 3 janvier 2011 a mis fin à ses jours » !


Le texte se poursuit ensuite différemment pour les 2 projets : « Toute l'entreprise est profondément ébranlée … Renault à toujours veillé à préserver l'identité de ses cadres, dans le plus strict respect des personnes concernées … Ce geste qui nous bouleverse … nous entendons maintenir notre position et ne pas faire de commentaires... c'est de la dignité des personnes qu'il est question ici. » ou « l'entreprise pense particulièrement à la famille de M XXX » dans le cas d'un suicide réussi.


Si, comme le dit Frédérique Le Grèves aujourd'hui chef de cabinet du président Carlos Ghosn, tout ceci n'était que de l'anticipation pure afin de préparer les éléments de langage à exprimer devant les journalistes « au cas où », on regrettera que malgré l'absence significative de preuves, la direction du groupe ait choisi de poursuivre dans la voie du licenciement des 3 cadres sans jamais leur apporter l'assistance médico-psychologique qu'ils évoquent pourtant dans les projets de texte versés au dossier. Certains membres de Renault affirment que ce soutien était prêt à être mis en œuvre mais qu'il n'a finalement pas été proposé… Sur la question du management et de l'anticipation, on ne peut vraiment pas dire que Renault était très inspiré à cette époque.

Les départs de Patrick Pelata, DG de l'époque, et de 6 personnes de la Direction font-ils que cela a changé ?