Tout nouveau, tout beau !

Testées simplement à Goodwood après l'annulation des essais préliminaires d'avril, les Gulf GR8 effectuent leur première apparition publique lors du traditionnel pesage des 24 Heures. Saluées unanimement pour leur élégance et la qualité de leur préparation, elles font logiquement figure de favorites au sein d'un plateau aussi pauvre que disparate. L'opposition se résume, en effet, à des Ligier à moteur Cosworth, une GT déguisée en prototype, à la Lola - De Cadenet et la Porsche 908-3 de Joest, alors que l'Alpine Renault 2 litres de Lella Lombardi - Marie - Claude Beaumont joue le rôle de l'outsider à forte cote.

Supérieures à leurs rivales les Gulf GR8 pouvent également compter sur des équipages de premier plan. Jacky Ickx (qui retrouve l'équipe Wyer au Mans six ans après son succès de 1969) est associé à Derek Bell, fidèle aux Mirage depuis 1972, sur la voiture de pointe. Sur la seconde Gulf, l'Australien Vern Schuppan, autre pilier de l'écurie, fait équipe avec Jean - Pierre Jaussaud, 3e de l'édition 73 avec une Matra. Comme prévu, les Gulf dominent les essais, Ickx s'octroyant la pole devant Jaussaud, reléguant la meilleure Ligier à 4 secondes et la Porsche de Joest à près de six secondes. Incontestablement, les GR8 sont bien nées et elles vont le prouver en contrôlant la course du départ à l'arrivée.

Si Jaussaud - Schuppan prennent la tête pendant la première heure de course, Ickx - Bell ne tardent pas à s'octroyer un avantage définitif sur leurs équipiers qui connaissent de sérieux ennuis d'allumage. La course en tête d'Ickx - Bell ne ressemble pas pour autant à une simple promenade de santé. Au petit matin, les pilotes ressentent de plus en plus vivement les vibrations du Cosworth et la transmission donne des signes de faiblesse. Mis à profit pour vérifier pont et train arrière, les arrêts ravitaillements se font plus longs et l'avance sur la Ligier de Lafosse - Chasseuil n'est plus que d'un tour à deux heures de l'arrivée. La pluie qui fait chuter les moyennes au tour permet de "dorloter" les transmissions et de résister au retour de la voiture française jusqu'au baisser du drapeau à damiers. La seconde Gulf, elle aussi victime des vibrations, s'octroie la médaille de bronze en terminant devant la Porsche 908-3 de Joest - Casoni - Barth incroyables de régularité. Un troisième succès pour l'équipe Gulf - John Wyer depuis 1968 mais aussi une première victoire aux 24 Heures du Mans pour le V8 Ford Cosworth, né pour la ... Formule 1.

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