Les professionnels des transports étaient plutôt discrets lors des débats portant sur les transports franciliens, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui : le Medef, la Fédération régionale des travaux publics avec quelques entreprises franciliennes se sont réunis pour élaborer une étude, intitulée « la mobilité de demain en Ile-de-France. » Objectif : que l’on prenne davantage en compte leur position sur la question des transports en Ile-de-France.

Les trois acteurs souhaitent asseoir leur légitimité et faire entendre leur voix : comme le stipule Jérôme Dubus (délégué général du Medef en Ile-de-France), « nous finançons 45% des transports via le Stif, mais nous n’avons qu’un siège sur vingt-neuf. » La priorité numéro un serait de développer les transports en commun et surtout ceux inter-banlieue : pour cela, l’accent serait mis sur le prolongement d’Eole pour améliorer la desserte de la Défense, le métro en rocade autour de Paris et enfin le prolongement de la ligne Meteor, encore et toujours pour désengorger la ligne 13.

Outre les transports en commun, les professionnels de la région souhaitent développer et améliorer les transports routiers : d’après Jérôme Dubus, « on transporte chaque année 310 millions de tonnes de marchandises en Ile-de-France, dont 87% par la route. » Pour améliorer le trafic routier, ils demandent que les grosses rocades autour de Paris (A86 et Francilienne) soient bouclées, et que certaines autoroutes soient prolongées et mieux aménagées pour fluidifier le trafic, telles que l’A16 et la voie rapide Meaux-Melun.

Les projets routiers pour fluidifier la circulation c’est bien, mais il y a un prix à payer : pour financer les différentes propositions, les professionnels proposent l’instauration de péages (par exemple sur l’A184 Cergy-Orgeval, le sud de l’A16 et le tronc commun A4-A86), l’instauration de « voies payantes » sur certaines autoroutes ou la réservation des couloirs de circulation pour les transports collectifs, les taxis ou les personnes pratiquant le covoiturage.

Les différentes taxes proposées sont nécessaires pour financer les projets mais loin d’être suffisantes : le Medef affirme qu’il faut investir au moins 11 milliards d’euros pour améliorer les transports dans les cinq années à venir. En plus des taxes, l’étude suggère un « gros emprunt auprès du Stif, le développement des partenariats publics/privés et une taxe sur les plus-values foncières pour les logements desservis par des nouveaux transports. »

Les professionnels souhaitent aussi une taxe pour les poids-lourds, la généralisation des radars automatiques, le respect des automobilistes des feux tricolores (!)… et une politique de stationnement encore plus sévère! D’après les auteurs de l’étude, il y aurait un « manque à gagner » de 90 millions d’euros chaque année au niveau de la politique parisienne de stationnement : « la part des véhicules en infraction verbalisés serait de 10%, et seuls 40% des PV émis sont payés. » Chiffre étrange au regard de ceux rapportés par la préfecture de Paris, stipulant que le nombre de procès-verbaux a compté une augmentation de +1266% ! Les PV électroniques vont remédier à cette perte d’argent, il ne faut pas s’inquiéter…

Force est de constater que les automobilistes sont encore des vaches à lait, mais les usagers des transports en commun vont les rejoindre dans cette catégorie : l’étude préconise une augmentation des transports de l’ordre de 10% !

Le pouvoir d’achat des Français n’est pas près de s’améliorer… ni l’écologie, car le développement des infrastructures n’est qu’une question de rentabilité.