Commençons par un bref historique. Début août, un maire de la Drôme, en l'occurrence Nicolas Darangon, premier édile de Valence, interpelle la Ministre de l'écologie Ségolène Royal. Il souhaite limiter la vitesse sur l'autoroute A7, qui passe dans sa zone urbaine, à 90 km/h. La ministre semble apprécier l'initiative et en fait son cheval de bataille de l'été. Ainsi, elle propose d'autoriser tous les maires dont la commune est traversée par une autoroute à demander une baisse de la vitesse maxi sur l'axe concerné. Principal argument : la pollution.

Mais la levée de bouclier est immédiate. Quatre-vingt-dix km/h sur autoroute ? Mais c'est du n'importe quoi, clament de concert les associations de défense des automobilistes et la majorité des observateurs du monde automobile.

L'association baptisée LDC (Ligue de défense des conducteurs), a immédiatement mis en ligne une pétition contre ce projet. Au moment où ces lignes sont écrites, elle a recueilli déjà 177 500 signatures. Et est accompagnée d'une lettre ouverte à Ségolène Royal. Les arguments développés par celle-ci sont les suivants :

  • Limitation abusive, sans contrôle et sans justification réelle.
  • Le premier facteur d'accident sur autoroute est la somnolence, déjà à 130 km/h, ce ne pourra être que pire à 90 km/h.
  • Explosion du nombre de contraventions et de retraits de points.
  • La circulation risque de se reporter sur le réseau secondaire, où la mortalité est 9 fois supérieure.



L'émotion est vive. Il faut toutefois rappeler quelques éléments basiques. Cette limitation ne concernerait que les portions d'autoroute qui traversent les zones urbanisées des villes (pour faire clair, celles bordées d'habitations). Et par ailleurs, la plupart des autoroutes d'île de France sont déjà limitées soit à 110 km/h, soit à 90 km/h, et il en est de même autour des grandes villes françaises.

Il ne serait donc nullement question de limiter la vitesse de toutes les autoroutes.


Des questionnements légitimes

Cela dit, tout cela est au conditionnel. Les questionnements sont légitimes. Comment définir le seuil de "proximité" d'une autoroute. Les maires pourraient-ils demander une limitation dès le moment où l'autoroute traverse leur commune, même loin des habitations ? Pour Ségolène Royal, en tout cas, même dans le flou "Le système va être mis en place. Il va y avoir une instruction donnée par le ministre de l'Intérieur et moi-même aux Préfets."


Mais le discours pourrait bien s'infléchir quelque peu, si la mobilisation des conducteurs de France se fait entendre. La pétition lancée par la LDC est accessible en ligne et ceux qui souhaitent y souscrire peuvent le faire facilement :

http://mobilisezvous.liguedesconducteurs.org/non-au-90kmh-sur-autoroute/


Notre position ? Nous pensons que si l'argument écologique est légitime, il se discute dans pas mal de cas. Hors île de France, la mesure n'aura qu'un impact hyper limité. Elle pourrait se révéler utile cependant dans les zones fortement urbanisées. Mais dans ces zones-là, et globalement, les limitations restrictives sont déjà en place. Or pas forcément besoin de "faire du zèle"…