Lettre à M. le commissaire de Police du 12 e arrondissement de Paris

C'était le samedi 10 mars au matin Monsieur le Commissaire. Il faisait beau et je me réjouissais d'aller chercher mon frère, sa femme et ma nièce gare de Lyon. J'avais troqué ma voiture habituelle contre un Renault Scènic pour faciliter le transport des bagages de ma petite famille. La manipulation a pris quelques minutes dans le parking de le gare.

Nous avons réussi à placer tous les bagages dans le coffre. Question de sécurité ! Du coup, aucun projectile sur la plage ou la banquette arrière. Ma nièce a 18 ans. Ce n'est plus une enfant, mais j'y tiens beaucoup vous savez. Alors, concernant le transport, c'est le risque zéro. Et ce, depuis sa naissance, depuis les milliers de kilomètres que l'on a pu faire ensemble. Dans notre famille, nous n'avons pas attendu que la sécurité routière soit à la mode pour y réfléchir, à la fois pour des raisons personnelles et professionnelles. Bref, il n'est pas nécessaire de dire à chacun d'entre nous de mettre notre ceinture par exemple. C'est devenu un réflexe. Mais je suis certain que vous vous comportez en voiture de la même façon parce que vous voulez vous aussi protéger ceux de votre entourage.

Arrêté à 10 km/h à la sortie d'un parking

Il faisait donc beau samedi matin Monsieur le Commissaire et tous les bagages étaient dans le coffre lorsque j'ai franchi la barrière de sortie de parking de la gare de Lyon. J'ai roulé 50 mètres avant de m'arrêter au feu. J'ai tourné à gauche à 45°, roulé dix mètres et là deux policiers de votre brigade m'ont interpellé. Dès que je les ai vus, je me suis aperçu que je n'avais pas ma ceinture. Je ne m'étais pas arrêté que déjà je battais ma coulpe en leur présentant joyeusement mes excuses, non pas pour m'affranchir de la contravention d'ailleurs, mais pour rappeler que je venais juste de sortir de la gare, que je venais de mettre les bagages dans le coffre et que dans la précipitation, je n'avais pas ma ceinture alors que j'étais à 70 mètres de la sortie du parking et que je roulais à 10km/h. L'accueil a été pour le moins glacial. Je pense que vous n'avez jamais été interpellé par vos hommes Monsieur le commissaire. Je ne vous le souhaite pas car j'imagine que vous ne le méritez pas. Il se trouve que là moi non plus, je ne croyais pas devoir subir cela. Alors que ma nièce, ses parents avaient leur ceinture, même à l'arrière, et que je roulais à 10km/h en sortant d'un parking, et alors que je n'avais pas eu le temps de mettre ma ceinture, je n'ai pas eu le sentiment de mettre ma vie en danger, ni celle de ma famille ou de celle d'autrui. Pourtant, vous connaissez le tarif : 3 points en moins sur mon permis. et 135 euros d'amende.

3 points facilement perdus ou gagnés?

J'ai essayé de rompre la glace que vos hommes avaient installée. J'ai reconnu immédiatement l'infraction, je ne leur ai pas demandé de ne pas me dresser de contravention. J'ai voulu discuter avec eux pour essayer de comprendre ce qu'ils faisaient là, à cet endroit précisément, à 70 mètres de la sortie du parking de la gare, alors que toutes les voitures sont contraintes de rouler très doucement. Ils n'ont pas pu me répondre, plutôt gênés, me disant simplement qu'ils exécutaient les ordres, ajoutant au passage sans aucune agressivité que des élections se profilaient et que voter pouvait être un moyen de signifier mon mécontentement. Malgré cela, je continue de croire que le traitement de la sécurité routière est apolitique. Tout comme vous j'en suis sûr. Bref, ce n'est pas Monsieur Sarkozy, car c'est de son ministère dont ils dépendent, qui a demandé à vos hommes de se placer là ? Alors qui a donné cet ordre absurde ? Si ce n'est pas vous, il s'agit en tout cas de votre responsabilité. On croyait savoir que gendarmes et policiers ont pour mission de protéger les biens et les personnes. Ils le font souvent d'ailleurs très bien. Mais je n'ai toujours pas compris qui nos deux hommes protégeaient... cachés par un feu, à 70 mètres de la sortie du parking de la gare de Lyon. Est-ce ici que vous allez arrêté de dangereux automobilistes, s'ils existent ?

Chercheriez-vous à pièger les automobilistes M. le Commissaire?

L'espace de ce blog vous est ouvert M. le Commissariat et il ne tient qu'à vous de l'utiliser pour contredire les insinuations contenues dans cet article. Car sans explication, nous ne pouvons que penser que le positionnement de vos troupes ne visent dans ce cas qu'à piéger l'automobiliste. Vous-même en sortant d'un parking, mettez-vous votre ceinture avant de franchir la barrière de sortie ? Immédiatement après que vous ayez payé ? 10 mètres après être sorti ? 100 mètres ? Et si ce devez être effectivement un piège, à quelle directive répondriez-vous ainsi ? A celle relative à une quelconque rentabilité ? On n'ose le croire, même si l'on prend en compte cette circonstance aggravante, à savoir que votre commissariat, situé avenue Daumesnil, se trouve à 50 mètres de l'endroit où vous avez posté vos deux policiers. Pratique, non ?

Ne laissez pas croire que les automobilistes peuvent parfois encore être rackettés

Alors, dissipez nos doutes et apportez-nous la preuve que ce lieu est véritablement accidentogène et qu'il convient réellement de placer ici deux hommes, alors que vous manquez de ressource, car nous ne voulons pas accréditer la thèse, tellement débattue, selon laquelle les policiers ne chercheraient parfois - recevraient-ils des primes pour ça ? - qu'à faire du chiffre, donnant l'impression aux automobilistes de les racketter !