Peut-être ne connaissiez-vous pas son nom et pourtant, il fait autorité comme historien du sport auto. Engagé comme stagiaire en 1976 à Sport Auto par Jean-Louis Moncet et Gérard Crombac, Alain Bienvenu a collaboré ensuite auprès de nombreux autres medias auto. Pendant 35 ans, il a surtout suivi les compétitions auto de si près qu’il en est la mémoire vivante. Alain viendra régulièrement sur Caradisiac vous raconter comment il a vécu intimement ces années où il a rencontré des pilotes de légende et vécu des évènements hors normes. Il nous raconte aujourd’hui ses premières 24 heures du Mans.

Retrouvez le parcours d'Alain Bienvenu

 

« Septembre 1968, j’ai 15 ans et je vais découvrir les 24 Heures. »

« Mes premières 24 Heures du Mans » par Alain Bienvenu
La rentrée dans le collège grisâtre, la petite "fiancée de l'été" loin, trop loin, la pluie… bref le blues, la routine. Et puis l'évènement de l'année: le mariage d'une cousine, l'une des rares sorties de la famille en dehors des vacances et un bon prétexte pour sécher les cours du samedi en toute légalité. Tenue correcte exigée, mairie, église et convoi bruyant jusqu'à un restaurant vers la Porte d'Orléans. Repas interminable et la fête des adultes rythmée par les blagues osées et par quelques chanteurs à voix et cheveux courts, comme on les aimait encore. Bien avant minuit, je m'ennuie ferme et je me souviens, qu'au même moment les pilotes du Mans viennent d'entrer dans la nuit la plus longue de l'histoire des 24 Heures.

« Mes premières 24 Heures du Mans » par Alain Bienvenu

« Mes premières 24 Heures du Mans » par Alain Bienvenu

 

Un film des 24 heures 1968. Les pilotes se préparent avant de traverser la piste en courant pour rejoindre leur bolide. Toujours impressionnant.


Traditionnellement disputées en juin, les 24 Heures ont lieu exceptionnellement le dernier week-end de septembre, pour cause de printemps… chaud. En arrivant, j'ai repéré un énorme poste de radio trônant dans un angle du bar au rez-de-chaussée et je décide d'aller prendre des nouvelles de la course. Pas question de "France Infos" à l'époque, mais les stations en grandes ondes autorisées par le pouvoir avec les journaux d'informations chaque heure.


On écoute les 24 Heures en direct sur Europe 1


Surprise, Europe n°1 couvre la course avec des flashs et puis entre les interventions, il y a au moins de la bonne musique. Bientôt, les interventions en direct se multiplient et se font plus longues. Sous le déluge et privé d'essuie- glaces, Henri Pescarolo est en train d'accomplir un exploit en effectuant une remontée d'anthologie. Les envoyés retrouvent les accents lyriques des grandes étapes du Tour de France cycliste et Europe n°1, qui appartient au même groupe que Matra (ça, je l'apprendrai beaucoup plus tard) joue le jeu à fond. Mon escapade n'est pas passée inaperçue et "deux grands" d'au moins une vingtaine d'années sont venus me rejoindre et ne quittent plus l'écoute à leur tour. Deux heures, trois heures du matin, la fête devient plus sourde, mais il n'est pas dit que les "Anciens" avouent leur fatigue avant le petit matin. Il y a des traditions, dans ce pays, nom de …


A quatre heures du matin, direction Le Mans avec une 404 empruntée

au père de famille


« Mes premières 24 Heures du Mans » par Alain Bienvenu
Vers quatre heures, l'un de mes deux complices saute du tabouret de bar et lance: "Et si on y allait, on ne peut pas manquer ça". Le temps de négocier les clefs de la Peugeot 404 avec un paternel, dont l'autorité naturelle s'est effilochée au fil de la nuit, le temps un peu plus long pour moi d'obtenir l'autorisation parentale (je viens d'avoir quinze ans), une petite pointe d'inquiétude vite surmontée "ce sont de jeunes gens sérieux, ne sont-ils pas élèves ingénieurs", les habituels conseils de prudence et nous voilà partis sous la pluie.