Le mouvement se durcit. Hier dimanche, la CGT, après avoir claqué la porte des négociations avec la direction, a appelé à une grève générale dans les raffineries françaises. Le spectre d’une pénurie de carburant n’a pas tardé à se montrer.

Main dans la main, Christine Lagarde, ministre de l’économie, vendredi, puis Christian Estrosi, ministre de l’industrie, ce matin sur Europe 1 l’ont assuré : « il n’y a pas de risques de pénurie ». Des affirmations démenties par les syndicats, se reposant sur un calcul simple : Total détient six raffineries, toutes en grève et deux autres, appartenant à Exxon Mobil, ont déjà assuré qu’elles rejoindraient le mouvement dès demain. Avec au total huit raffineries bloquées sur les douze que compte le territoire français et un appel à la grève générale dans les dernières raffineries appartenant à Ineos, Petroplus et LyondellBasell, comment pourrait-on échapper à la panne sèche en plein milieu des chassés-croisés des vacances ?

Avant que les raffineries d’Exxon Mobil annoncent leur entrée dans le conflit, l’UFIP (Union Française des Industries Pétrolières) annonçait que les stocks permettaient de continuer à alimenter les différentes stations service pendant dix à vingt jours, mais dans les faits, toutes les régions ne seraient pas sur un pied d’égalité, comme par exemple en Rhône-Alpes, où Total représente 70% de l’approvisionnement et au moment où la consommation de carburant, au cœur des vacances de neige, est la plus forte : « A moins que la direction n'ait des solutions secrètes, comme l'approvisionnement à partir de l'étranger, il pourrait y avoir un début de pénurie dès aujourd'hui » a annoncé Eric Sellini, délégué CGT. Du côté de l’UFIP, le danger d’une pénurie n’est pas non plus à écarter : « Le principal risque, c'est celui de panique des automobilistes, que tout le monde se précipite vers les stations-service et les assèche ».

A la base du conflit se trouve la fermeture de la raffinerie de Dunkerque et les 800 emplois qu'elle représente, un sujet âprement discuté hier après midi avant que les syndicats quittent la table des négociations. Selon Charles Foulard, coordinateur CGT : « La direction en est restée à une simple proposition de participation à une table ronde, sans aucune garantie pour le reste de nos revendications ». Après avoir rencontré Christophe de Margerie, PDG de Total, Christian Estrosi, très impliqué dans le dossier, assurait de son côté que « le site industriel de Total ne fermera pas ».