Avant de vous livrer l’extrait, permettez-moi de souligner l’existence d’une autre livre, récemment traduit en France, de cet auteur britannique intitulé London Orbital, œuvre fleuve d’exploration sans relâche et quasi obsessionnelle du grand Londres. Mais venons-en à l’extrait en question qui nous entraîne dans les parkings souterrains.


« Décrivant les temples de béton hantés de Ballard, je méditai sur les raisons pour lesquelles ils me mettaient mal à l’aise. Qu’importe la hauteur à laquelle vous grimpez, le nombre de virages serrés que vous prenez tant bien que mal, les poteaux que vous évitez de peur de laisser dessus la peinture de votre carrosserie, la voyage jusqu’au dernier étage d’un parking ) plusieurs niveaux reste un voyage souterrain. L’espace-temps est inversé. Il n’existe pas de bruit semblable au crissement angoissant de pneus dans un virage. Les sons se répercutent en mille échos même quand il n’y a pas de véhicule sur la rampe. L’intérieur secret de ces forteresses post-humaines incite à la conspiration, aux actes de transgression sexuelle. Aux échanges illicites entre dealers. Le mouvement devient duveteux sur l’écran de contrôle, et les conducteurs sortent de leur véhicule comme s’ils nageaient. »