Carlos Ghosn ne laisse personne indifférent et ces sentiments, quelle que soit leur nature, versent souvent dans l’excès. Mais s’il y a bien une qualité qu’on peut objectivement lui accorder, c’est bien son sens aigu de l’analyse qui lui a permis de sonner l’alerte à la crise économique dans le secteur de l’automobile bien avant tout le monde. Du coup, quand il annonce qu’elle devrait s’éterniser jusqu’à au moins 2011 quand d’autres n’en parlent déjà plus qu’à l’imparfait, on a plutôt tendance à l’écouter.

Le PDG du groupe Renault-Nissan en avait déjà parlé brièvement la semaine dernière à l’antenne d’Europe 1 et l’a confirmé hier lors d’une conférence à Rio : l’heure n’est pas encore à l’optimisme selon lui en ce qui concerne la santé du marché automobile en France, même si les chiffres de vente de voitures neuves, que ce soit en France ou en Europe, sont plutôt réconfortants.

Pire, s’il pense que le marché américain progressera de nouveau l’année prochaine, il estime par contre que 2010 sera aussi difficile que 2009 en Europe. Ce ne sont plus les constructeurs qui sont en situation de faiblesse selon lui, mais les équipementiers qui continuent de subir de nombreux dépôts de bilan et peinent à les fournir.

Autre gros point d’interrogation : les primes à la casse dopent littéralement les ventes dans les nombreux pays qui ont adopté cette mesure. Mais qu’adviendra t’il au lendemain de la fin de ce dispositif sur un marché probablement saturé où chacun aura avancé son achat pour en bénéficier ? « La fin des aides entraînera une pression à la baisse » selon Carlos Ghosn, qui est favorable à un arrêt progressif. C’est la solution aussi qui a la préférence de non seulement Christian Estrosi, ministre de l'Industrie mais aussi de Patrick Devedjian, ministre de la Relance, qui a dévoilé hier sur Europe 1 son projet d’étendre la prime à la casse sur les six premiers mois de 2010, en la diminuant de 1000€ à 700€, puis à 400€, mais ce dernier a de plus insisté sur le fait qu’une concertation européenne devait avoir lieu pour coordonner les plans de chaque pays.