Pendant plusieurs années, l'objectif affiché par le gouvernement français était d'atteindre 4 500 radars en 2012. En fait, si l'on en croit le nouveau délégué interministériel à la Sécurité routière, Frédéric Péchenard, interviewé par Le Figaro la semaine dernière, « 4000 radars environ auront été installés » d'ici la fin de l'année, soit moins que ce qui avait été initialement prévu, et le « prochain CISR permettra de dire si on poursuit ou non leur installation »… Finalement, un vrai changement de cap pourrait donc intervenir d'ici quelques mois. En attendant de le savoir, le déploiement des radars se poursuit et d'autres nouveautés que les « vitesse moyenne » sont attendues pour la fin de l'année, comme les « mobile-mobile », et peut-être les « chantier » à partir de 2013.

Pour ce qui est des « mobile-mobile », ces radars embarqués dans des véhicules banalisés et pouvant contrôler dans le flot de la circulation, leur déploiement « est prévu au cours du second semestre 2012 à l’issue de la phase d’homologation », nous a vaguement répondu la Sécurité routière. Il semblerait en effet qu'ils ne fassent leur apparition qu'après la rentrée prochaine, au mieux, et plus vraisemblablement en toute fin d'année.

 

Voiture ou moto ?

Dans un premier temps, il y en a 20 qui équiperont des Renault Mégane 1.5 dCi. D'autres modèles utilisés par les agents des forces de l'ordre pourront ensuite en être dotés, comme des Peugeot 308, des Ford Focus ou encore des Renault Traffic… Même si les textes réglementant l'appel d'offre de marché public, lancé en février dernier, précisent que ces radars mobiles devront pouvoir être intégrés « de manière légère dans tous types de véhicule », leur arrivée sur les deux-roues n'est pas encore au programme !

 

Devant, derrière, à droite, à gauche...

On a également pu entendre dire que ces équipements de terrain mobiles (ETM), comme les surnomme l'administration, pourrait contrôler tous azimuts, soit toutes les voies de circulation, quel que soit le sens de la circulation. Mais cela ne sera certainement pas le cas des premiers modèles ! Ce qui est effectivement exigé par l'administration, c'est que ces appareils soient capables de contrôler au moins trois voies de circulation. En mouvement, cependant, seul le contrôle des véhicules « circulant sur le même axe et dans le même sens de circulation que le véhicule porteur » ne sera possible dans un premier temps. Il s'agira donc d'un contrôle en éloignement, avec des clichés forcément pris par l'arrière.

En revanche, « en mode stationnaire », c'est-à-dire à l'arrêt, les ETM devront être capables, comme les radars classiques, de contrôler les véhicules en éloignement comme en rapprochement, mais aussi et surtout dans les deux sens simultanément ! Un contrôle « bi-directionnel » qui n'est pas sans surprendre et on attend de voir avec impatience s'il sera bien couvert par une homologation. Autre précision d'importance, à l'arrêt comme en mouvement, les erreurs maximales tolérées ne seront pas les mêmes que celles des radars utilisés jusqu'à présent. Elles seront ainsi pour les appareils en service de :

  • plus ou moins 10 km/h, pour les vitesses inférieures à 100 km/h, au lieu de 5 km/h ;
  • plus ou moins 10 % de la vitesse, pour les vitesses égales ou supérieures à 100 km/h, au lieu de 5 %.

Clairement, l'administration attend également que le matériel s'améliore et devienne encore plus efficace au cours de ce marché (de deux ans, renouvelable deux fois). Il est ainsi réclamé que ces mobiles puissent, à terme, différencier les véhicules légers des poids-lourds et identifier la voie du véhicule en faute, comme le font déjà les 78 radars dits discriminants installés sur le territoire, selon le dernier décompte de Frédéric Péchenard (alors que 90 avaient été annoncés début 2011). Enfin et surtout, l'administration espère aussi que ces mobiles seront finalement bien capables de contrôler les véhicule « en approche en mouvement », soit dans le sens opposé du véhicule porteur !

 

Cliché, flash, etc.

Selon l'appel d'offres de marché public, l'autonomie de ce matériel devra être de 8 heures (d'affilée) par jour, à raison d'un maximum de 200 infractions enregistrées par heure. La qualité des images devra également permettre « de distinguer sans ambiguïté la plaque d'immatriculation, la marque, le modèle du véhicule et son environnement proche (voie de circulation) ». Ces photos devront être prises sans que le flash – s'il y en a – soit visible aux usagers. La plus grande discrétion est ainsi demandée concernant cette future génération de radars.

 

Qui ?

Le marché n'a pas encore été attribué. Logiquement, la bataille se jouera entre l'Italien Sintel et le Français Fareco (filiale du groupe de BTP Fayat), qui ont remporté le premier marché portant sur l'expérimentation de ces nouveaux systèmes. Chacun avait ainsi fourni deux modèles, le premier pour moins de 110 500€, le second pour près de 220 000€.

 

Moins de certitude concernant les chantiers

Quant aux « chantier », qui devaient être déployés pour sécuriser une zone de travaux et protéger notamment les personnels travaillant aux bords des chaussées, ils « sont encore en phase d’expérimentation », nous a précisé la Sécurité routière. « Si la décision de les déployer est prise à l’issue de cette expérimentation, ils pourraient être installés à partir de 2013 », nous a-t-elle surtout lâché. A notre connaissance, aucune homologation ne serait non plus en cours les concernant... Autant dire que le lancement de ces radars « chantier » est vraiment à mettre au conditionnel !