La tendance actuelle, le gouvernement et les collectivités ne s'en cachent pas, est d'éloigner les véhicules à moteur des centres-villes pour favoriser le développement de modes de déplacements non polluants. Parmi les actions mises en oeuvre on trouve l'extension des zones 30. A Strasbourg, où une consultation sera prochainement organisée, ça coince un peu.


L'idée de l'extension des zones 30 de la ville vient du sénateur-maire Roland Ries (PS). Dans un entretien accordé à Libération, il expliquait son choix par une volonté de réduire « la pénétration de l'automobile privative vers le coeur de la ville » et de favoriser les transports publics pour améliorer la qualité de vie des habitants. Autre raison invoquée, celle de la mortalité des piétons plus faible dans les zones où la vitesse est limitée. « Nous avons d'abord des études de sinistralité », expliquait-il alors. « Elles montrent qu'un choc impliquant un piéton et un véhicule roulant à 50 km/h a un taux de sinistralité -le piéton est tué- qui est lourd, de l'ordre de 80%. A 30 km/h, on est à moins de 10%. Les distances de freinages ne sont pas non plus les mêmes, si le véhicule à le temps de freiner ». 70% des rues de la villes seraient concernées si la mesure était adoptée.


Un argument non recevable pour l'Automobile Club qui publiait hier un communiqué opposé à cette extension. Pour l'association, plusieurs problèmes se posent. Celui du budget, tout d'abord : « Une zone devient un simple alibi lorsqu’elle se réduit à une signalisation à l’entrée sans comporter les éléments d'aménagements nécessaires », peut-on lire dans le communiqué. « Si les vrais aménagements nécessaires sont réalisés, les budgets nécessaires seront importants, bien au-delà de l’utilisation des budgets d’entretien actuels ». L'Automobile Club, qui affirme que les habitants sont 77% à rejeter la transformation de la ville en zone 30 (selon un sondage effectué sur son site), estime également que l'argument de la sécurité est erronée.  « La généralisation du 30 aura un impact limité sur la sécurité routière, car les accidents corporels dans la CUS ont déjà connu une baisse significative de 48 % depuis 2000 (651 accidents corporels en 2010, soit le chiffre le plus bas depuis 1995) », explique Didier Bollecker, président de l'Automobile Club.« Les zones 30 sont normalement destinées à des rues d'importance secondaire où le taux d'accidents est généralement déjà très faible. La mise en œuvre des zones 30 en Suisse a même parfois dégradé l’accidentologie. L’exemple de Zurich est probant à ce sujet ».

En mai, ce sera aux habitants de décider. Tous les Strasbourgeois inscrits sur les listes électorales seront ainsi consultés par courrier.