LES TEMPS HEROÏQUES

Sur un parcours tourmenté et long de 148 km tracé en plein coeur du massif des Madonies, la première édition de la Targa Florio prend son envol le 6 mai 1906 et voit la victoire d'Alessandro Cagno sur une Itala à la moyenne de 46 km/h. Si la course de 1907 connaît un succès sans précédent avec le doublé des Fiat officielles de Nazzarro et de Vincenzo Lancia, les éditions suivantes tournent quasiment au fiasco. La petite histoire raconte que Vincenzo Florio, qui reprit lui-même le volant pour terminer second en 1909, acheta six autres voitures qu'il confia à ses amis pour étoffer un plateau bien maigre. En dépit de la générosité de l'organisateur, du montant élevé des primes, de l'assiduité des aristocrates et des notables locaux qui ne manquent pas une édition, la Targa ne cesse de péricliter. Pour le millésime 1912, Florio décide de réviser sa copie et instaure un véritable Tour de Sicile. Cette course, longue de plus de 1000 km, disputée sur routes ouvertes n'est qu'un effroyable et interminable marathon qui finalement dissuadera encore un plus les grandes équipes. Ce n'est qu'au lendemain de la première guerre mondiale que la Targa va prendre une dimension internationale. Alors que le nord de l'Europe panse lentement ses plaies, la Sicile devient soudain un terrain idéal pour tous les compétiteurs sevrés de course. Première grande course de l'après-guerre, la Targa Florio organisée en 1919 sur un plus petit circuit de 108 km offre une superbe affiche : Campari sur Alfa Romeo, Thomas sur Ballot, Antonio Ascari sur Fiat, André Boillot, le futur vainqueur sur Peugeot et un jeune débutant sur CMN : Enzo Ferrari. En dépit de l'éloignement, de l'état des routes et des difficultés d'organisation, la Targa forte de sa réputation d'épreuve impitoyable pour les hommes comme pour les mécaniques devient une rendez-vous incontournable du début de saison. Un formidable laboratoire aussi pour les constructeurs désireux de tester l'endurance de leur matériel en vue des Grands Prix grâce à la souplesse de la réglementation "formule libre".

Ainsi, Mercedes effectuera son retour dès 1921 avant de triompher en 1924, Bugatti raflera cinq victoires consécutives avec ses superbes 35, puis Alfa Romeo prendra le relais en 1930 et règnera sans partage pendant sept ans sur le nouveau tracé de 72 km. De fabuleuses machines mais aussi des hommes. Les premiers "Maîtres" de la Targa se nomment Giulio Massetti, aristocrate local, auteur du premier doublé en 1921 et 22, mais aussi Tazio Nuvolari, Achille Varzi, Louis Chiron, Albert Divo et Elisabeth Junek, cette frêle Tchécoslovaque qui réussira à mener sa Bugatti à la 5e place en 1928... Un premier âge d'or qui prend fin en 1936 avec le déclin de l'empire Florio. Reprise par l'AC Palerme, la Targa va survivre jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale en se transformant en un classique épreuve de vitesse sur circuit. Des courses entièrement dominées par les Maserati 4 CM-1500 victorieuses de 1937 à 1940, et capables de rafler les dix premières places lors de cette dernière édition. Après la guerre, la Targa renaît sous la forme du Tour de Sicile. De ces trois éditions disputées entre 1948 et 1950, l'histoire ne retiendra que la première victoire Ferrari en 1948, une 166M pilotée par Clemente Biondetti et le prince Igor Troubetskoy. Dès 1951, La Targa reprend sa forme traditionnelle sous l'impulsion de Don Vincenzo qui a finit par s'entendre avec les membres de l'AC Palerme. Sur le "petit" circuit des Madonnies (72 km), Lancia va remporter trois victoires consécutives avec Felice Bonetto, Umberto Maglioli et Piero Taruffi. Un niveau de performances qui allié à l'engouement du moment pour les courses sur route vaut enfin à la Targa une reconnaissance internationale. Dès 1955, l'épreuve est inscrite au calendrier du championnat du monde des voitures de sport.

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