En 2000, Venturi est rachetée et abandonne les voitures de sport à moteur thermique pour se tourner exclusivement vers l'électrique. En 2004 sortira la Fetish puis une version surélevée baptisée America en 2012, ainsi qu'une multitude de concept-cars extravagants. Pour démontrer son nouveau savoir-faire, le constructeur franco-monégasque se lance parallèlement dans une chasse au record de vitesse en partenariat avec l'Ohio State University pour former l'écurie Venturi Buckeye Bullet Racing. Cette association rencontre très vite le succès avec un record homologué FIA battu une première fois en 2009 avec 487 km/h, puis une seconde fois en 2010 avec 495 km/h, sur le mythique lac salé de Bonneville.

Si la surface de la piste est une difficulté en elle-même, le format même d'une tentative de record est un challenge pour une voiture électrique. Il faut en effet maintenir sa vitesse sur une zone de 1 km dans un sens de la piste, puis dans l'autre en rechargeant les batteries entre les deux runs, le tout en moins d'une heure.

En cours de construction à Colombus (Ohio), la Venturi VBB-3 « Jamais Contente » porte ce surnom en hommage à la voiture de Camille Jenatzy, la première à dépasser les 100 km/h le 29 avril 1899. C'est un streamliner de 11 mètres de long, 60 cm de haut sans l'empennage et 1 mètre de large. Dans le châssis tubulaire recouvert d'une carrosserie de fibre de carbone assurant un Cx de 0,13, le pilote se retrouve dans une cellule en plein milieu, pris en sandwich par deux packs de batterie puis deux moteurs alimentant chacun un train de roue, en faisant une quatre roues motrices. C'est en fait une concession faite à l'aérodynamisme : l'idéal aura été de mettre moteur par roue arrière, ce qui aurait permis de se passer d'une transmission mais c'était impossible d'insérer une telle solution dans une si petite largeur. Synchronisés électroniquement et alimentés par deux packs de batterie lithium fer phosphate de 800 kg, chacun des moteurs pèse 200 kg et développe 1 MW, soit environ 1 500 ch, et 1 400 Nm. Et pour freiner les 3,2 tonnes de l'ensemble, la VBB-3 dispose de freins multi-disques d'avion et de trois parachutes.

Venturi profitera de la Speed Week du 8 au 16 août pour faire un premier galop d'essai avec comme objectif d'égaler son record. La véritable tentative aura lieu du 14 au 18 septembre avec 640 km/h en ligne de mire, mais le constructeur prévoit déjà de revenir en 2014 pour atteindre les 710 km/h. Pourquoi un chiffre si précis ? En fait, le but n'est pas d'aller chercher la Thrust SSC, détentrice du record toutes catégories avec 1 230 km/h, mais d'aller taquiner la Speed Demon, la voiture à pistons la plus rapide du monde à 706 km/h, ce qui serait un vrai symbole.

On ne peut évidemment qu'être enthousiasmé par un tel programme pour une marque aux racines françaises, mais il va sans dire que nous aimerions voir cette expérience extrême être utilisée pour en faire bénéficier des modèles de grande série à prix accessible.

Parallèlement, Jean Todt, président de la FIA et aussi invité à cette conférence de presse, a confirmé la création d'un championnat de voitures électriques qui verra le jour en 2014.