28 septembre 2005 : le rendez-vous est pris à l’APF, l’association des paralysés de France, pour rencontrer Franck Maille. Le jour J, nous faisons connaissance avec Franck et nous parlons un long moment. Franck est quelqu’un de très souriant, chaleureux, ouvert aux autres et qui a très envie de s’exprimer sur un sujet qui lui tient à cœur : l’automobile et le handicap. Ma curiosité se porte sur sa voiture : c’est bien volontiers que Franck nous montre l’équipement de son automobile. Nous pouvons voir que tous les éléments sont mentionnés sur son permis de conduire. Il faut savoir que lorsque les personnes handicapées passent leur permis, elles ont une visite médicale obligatoire qui détermine l’équipement automobile en fonction de l’handicap.


Une journée dans la voiture  d'un handicapé
Une journée dans la voiture  d'un handicapé

Sur le volant, nous observons une fourche, ce qui permet à Franck de le tourner facilement. A droite du volant, il y a la présence d’une manette noire : c’est une manette accélérateur et frein, que l’on appelle le "tiré poussé". Pour accélérer, il tire vers lui cette manette et pour freiner, il la pousse vers l’avant. Elle est reliée aux pédales. La boîte de vitesse est automatique. Franck nous retrace son parcours d’automobiliste et nous apporte des explications sur les voitures aménagées.

Franck s’était inscrit dans une auto-école en 1994. Il a passé le code à Valenciennes, sa ville natale, mais il est allé à Dunkerque pour passer le permis. Il a loué pendant un mois un appartement à Dunkerque, en juillet 1994 et il a pris des leçons pendant ce laps de temps. Le problème, c’était qu’il était obligé de prendre deux heures pour chaque leçon et qu’il perdait une heure de conduite sur les deux à cause du montage et du démontage de l’équipement dans la voiture de l’auto-école, qui prenait chacun 30 minutes. Il a obtenu son permis du premier coup le 1er août 1994. Il a payé son permis 450 euros au lieu de 1520 euros car il a été aidé par une association. Il a fait une demande de subvention pour que l’Etat prenne en charge une partie du paiement de sa première voiture équipée. Il faut savoir que c’est très compliqué d’obtenir une subvention : il a dû attendre six mois pour en bénéficier, il a été obligé au préalable d’avancer la totalité du coût de la voiture équipée avant d’être remboursé d’une partie six mois plus tard. Et il a dû attendre encore deux semaines pour que l’équipement soit installé. Ainsi, il n’a pas pu conduire pendant de nombreux mois. En plus du coût normal d’une voiture, il a payé l’équipement qui équivaut à 8000 euros.

C’est un luxe d’avoir une voiture quand on est handicapé

D’après Franck, le coût d'une voiture aménagée est une des raisons pour lesquelles peu d’handicapés conduisent aujourd’hui. Puis, la plupart des assurances ne veulent pas prendre en charge des jeunes conducteurs handicapés : Franck a eu du mal à en trouver une. Et il existe un surcoût : un jeune conducteur handicapé doit payer environ 2 300 euros par an ! Le prix de l’équipement d’une voiture oscille entre 1 100 euros et 45 000 euros, en fonction de l’handicap mais aussi des options. Sa première voiture a été une Fiat Punto l’équipementier qu’il a sollicité s’appelle okey. Sa voiture actuelle est une Toyota Yaris et l’équipementier est Pimas. J’ai demandé à Franck de les comparer. L’équipement de la Fiat Punto était complet mais il était cher et peu fiable : elle a eu une durée de vie de 7 ans. Franck effectuait souvent de longs trajets et cette voiture équipée n’était faite en réalité que pour des trajets courts et occasionnels.


Une journée dans la voiture  d'un handicapé
Une journée dans la voiture  d'un handicapé

La voiture disposait alors d’une porte coulissante et d’un bras manipulateur qui range le fauteuil facilement : d’une part ce bras n’était pas pratique car il prenait toute la place arrière et d’autre part, il tombait en panne souvent. Il a acheté la Toyota Yaris en 2002, qui n’était pas équipée à la base. Il a souhaité installer par la suite la fourche (230 euros) et le tiré poussé (1300 euros) et il n’a pas voulu d’un bras manipulateur. Il aurait aimé avoir une porte coulissante mais ce n’était pas possible avec la Yaris. Il a ainsi gagné de la place et a fait des économies mais il a été obligé de s’entraîner pour ranger lui-même le fauteuil roulant à l’arrière.

Le problème, c’est que s’il souhaite changer de voiture, il ne pourra réutiliser que la fourche : le reste ne pourra pas être adapté sur une autre voiture et il devra acheter un nouveau tiré poussé par exemple. Donc s’il veut passer une annonce pour vendre la Toyota Yaris a une personne non handicapée, cela doit prendre plus de temps pour que la transaction se fasse : il faut trouver un acheteur, et une fois l’acheteur trouvé, il faut enlever l’équipement tout en retrouvant rapidement une voiture qu’il faudra équiper le plus vite possible pour qu’il n’y ait pas de temps d’attente. Sachant qu’il devra faire lui-même le démontage car l’équipementier de la nouvelle voiture ne le fera pas : c’est également compliqué! Sa voiture actuelle est véritablement une voiture normale, et les automobilistes non handicapés peuvent la conduire, en utilisant les pédales et non le tiré poussé : ce qui est bien, c’est que l’on n’a pas besoin d’enlever ce dernier pour se servir des pédales.

Les astuces de Franck


Une journée dans la voiture  d'un handicapé
Une journée dans la voiture  d'un handicapé

Une journée dans la voiture  d'un handicapé

Franck n’a pas beaucoup de force dans les mains. Il a trouvé un système D ingénieux qui lui permet d’ouvrir le coffre : il a accroché une ficelle, ce qui lui permet d’appuyer sur le bouton tout en s’aider de la ficelle pour parvenir à ouvrir le coffre. Il garde à sa portée de main la portière afin de ranger ses affaires ou son fauteuil car si elle est complètement relevée, il est impossible pour lui de l’attraper à cause de sa hauteur et de fermer le coffre. Afin de rabattre le siège passager (manipulation qu’il effectue couramment pour ranger son fauteuil roulant à l’arrière), il a fixé une ficelle à la barre pour éviter d’acheter une barre supplémentaire qui coûte la bagatelle de 300 euros !

Après ce tour d’horizon de son automobile et de son équipement, c’est parti pour un grand tour en voiture avec Franck !

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