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Coup de massue sur l'auto électrique allemande, et sur le VE en général

Stupeur en Allemagne : depuis lundi, l'État n'octroie plus aucun bonus pour l'achat d'une voiture électrique. En cause, une rigueur budgétaire inconnue chez nous, mais aussi une affaire qui met en lumière les difficultés des VE Outre-Rhin et partout dans le monde.

Coup de massue sur l'auto électrique allemande, et sur le VE en général

La France n’est pas l’Allemagne et si chez nous la rigueur budgétaire est une vue de l’esprit, Outre-Rhin, le moindre dépassement, c’est nein. Et c’est précisément ce qu’a dit le conseil constitutionnel local il y a un mois. Contrairement à la France, c’est lui qui décide in fine de ce qu’il convient de ce que l'État peut dépenser ou pas. Et le conseil en question a découvert une entourloupe dans les comptes du gouvernement Sholz. Ce qui serait une peccadille à Paris devient un coup de massue à Berlin.

Le bonus sacrifié pour éviter un déficit budgétaire

Car les comptes prévoyaient que 60 milliards du budget devaient être provisionnés pour les suites du Covid. La pandémie étant malgré tout beaucoup moins foudroyante que les années précédentes, le premier ministre a décidé d’affecter cette somme à la lutte contre le réchauffement climatique, histoire d’équilibrer ses comptes. Rien de grave a priori, mais a priori seulement puisque le conseil a tout simplement accusé le gouvernement de triche. Conséquence, les 60 milliards constituent un déficit budgétaire qu’il faut combler.

Le chancelier et ses ministres ont donc rogné sur tous les budgets possibles, et après tergiversations et tractations avec Karlsruhe, siège du conseil constitutionnel, il restait néanmoins 17 milliards à trouver. Or, depuis 2016, et la mise en place du bonus écologique local (qui peut atteindre jusqu’à 4 500 euros pour l’achat d’une voiture électrique) Berlin a dépensé plus de 10 milliards d’euros, soit 60 % de la somme manquante en bonus. Banco, en lissant ces investissements en moins sur quelques années, le trou est partiellement comblé et le budget est adopté. Résultat : le bonus est tout simplement supprimé.

Une décision d’autant plus brutale qu’elle a été annoncée samedi dernier, le 16 décembre au soir, et mise en application dès ce lundi 18, histoire de ne pas laisser les acheteurs se précipiter vers leur concessionnaire pour s’offrir une Volkswagen ID3 avant la date butoir. En conséquence, les voitures électriques neuves ont, en deux jours, subi une hausse des prix de 10 à 15 % selon les modèles.

Aux États-Unis aussi, le VE ne fait pas recette. la production du pick-up Ford F-150° Lightning va être divisée par deux.
Aux États-Unis aussi, le VE ne fait pas recette. la production du pick-up Ford F-150° Lightning va être divisée par deux.

les acheteurs n'ont donc pas eu le temps de paniquer, mais cette dernière s’est bel et bien installée dans les bureaux de Volfsburg (chez VW), à Stuttgart, (chez Mercedes), et à Munich (chez BMW). Car tous ont massivement investi dans la bascule vers l’électrique. Selon le Wall Street Journal, le seul groupe Volkswagen pourrait dépenser 180 milliards sur plusieurs années pour électrifier l’ensemble de ses modèles. BMW, et Mercedes, déposent eux aussi des dizaines de milliards sur la table de l’électrique. Autant dire que la bûche de Noël va avoir un petit goût amer pour les marques allemandes.

Surtout qu’un cataclysme ne venant jamais seul, les ventes d’électriques sont plutôt à la ramasse ces derniers mois. Au mois de novembre, elles ont baissé en Allemagne de 22,5 % au point ou VW a mis quelques-unes de ces unités de production d’électriques à l’arrêt plusieurs jours. Du coup, l’objectif, ambitieux, de vendre 5 millions de VE d’ici 2030 n'est plus qu'une utopie.

Ce syndrome de l’électrique qui a le hoquet n’est d’ailleurs pas exclusivement allemand. Les États-Unis en sont eux aussi victimes. L’administration Biden a beau infuser 314 milliards de dollars dans l’économie verte, les ventes d’électriques ne décollent pas. Ford ralentit la production de son pick-up F150 Lightning, pour cause de stocks qui se mesurent aujourd’hui en mois et en a fait autant de sa Mustang Mach-e pour les mêmes raisons.

En France aussi, les effets du bonus se réduisent, et il ne concernera plus que 41 % du marché, contre 80 % auparavant. Au nom d’un protectionnisme bienvenu, certes, mais aussi au détriment du déploiement de la fée électricité sur les routes. 

L'argent public investi dans les usines plutôt que dans le bonus écolo

Mais visiblement, les pouvoirs publics français et européens ont choisi une autre voie pour faire oublier le thermique : l’investissement dans les usines d’assemblage et les gigafactorys de batteries. À travers tout le continent, des milliards d’euros d’argent public sont ainsi dépensés dans les aides aux constructeurs, dans le but de faire baisser, au final, le prix de vente des VE en abaissant, grâce à cet argent public, leur prix de revient.

C’est un pari risqué, mais pas perdu, et en plus, il permet aux Européens d’être moins dépendants des batteries et semi-conducteurs asiatiques. Mais quelle que soit l’issue de toutes ces batailles, il y a fort peu de chances de revenir en arrière, et de supprimer l’échéance de 2035, même si une clause de revoyure sur ce sujet est prévue en 2026.

Ce ne sont pas, du moins, les constructeurs qui réclameront un retour au moteur à pétrole, et pour cause. Lorsque des centaines de milliards ont été investies dans une technologie, il est trop tard pour faire machine arrière et risquer de tout perdre.

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