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Éviction du directeur général de Renault : est-ce grave docteur ?

Dans Economie / Politique / Industrie

Florent Ferrière

Le directeur général a été poussé vers la sortie. Que se passe-t-il du côté de Boulogne-Billancourt ? Est-ce que Renault se porte mal ?

Éviction du directeur général de Renault : est-ce grave docteur ?

Un communiqué de presse de moins de 10 lignes. Voilà comment Renault a officialisé le départ de son directeur général, qui avait pourtant été conforté à ce poste en janvier dernier. Une manière laconique qui n'est pas inhabituelle. Ce qui l'est moins, c'est qu'aucune gentillesse n'est glissée à l'encontre de Thierry Bolloré. Aucune trace d'un remerciement donc pour saluer le parcours et les services rendus par cet homme passé par Michelin et Faurecia, arrivé en 2012 chez Renault où il a rapidement pris du grade.

Une mesquinerie qui accentue le côté houleux d'un départ express, évoqué d'abord par voie de presse et donc confirmé en quelques jours. Avant le conseil d'administration qui a entériné son sort, Thierry Bolloré a bien essayé de plaider sa cause, évoquant sa stupéfaction face à « la brutalité et [au] caractère totalement inattendu » de son éviction. Auprès des Échos, il était d'ailleurs assez clair : « Sur le plan opérationnel, je ne vois pas où est la faute ». Des paroles qui n'ont d'ailleurs pas joué en sa faveur devant le conseil d'administration.

L'homme ne pouvait de toute façon plus rien espérer, l'État, plus grand actionnaire de Renault, étant favorable à sa sortie. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, n'a pas entendu ses appels à l'aide, étant rangé du côté de Jean-Dominique Senard, le nouveau président depuis janvier. Après un été tendu, suite à la fusion ratée avec Fiat et ses critiques envers l'État qu'il a jugé trop présent dans ce dossier, Senard a réchauffé ses relations avec l'exécutif. Il a d'ailleurs une belle victoire à son actif depuis quelques jours : la mise en place d'une nouvelle direction de Nissan favorable à l'Alliance.

Une gamme sur le point d'être revue

Bolloré semble d'ailleurs avoir servi de fusible pour cela. L'homme avait des relations houleuses avec les Japonais, qui demandaient son départ depuis longtemps. Du côté de Nissan, on voulait voir tomber l'ex dauphin de Carlos Ghosn. C'est donc chose faite. Une monnaie d'échange ? Vendredi, Jean-Dominique Senard déclarait qu'il n'y avait rien de personnel. Pourtant, comme le raconte le Figaro, les relations entre les deux hommes forts du Losange s'étaient détériorées au cours de l'été. Le management de Bolloré était de plus en plus critiqué. Le DG avait par exemple exigé que son équipe demande son aval avant de parler à Jean-Dominique Senard.

Jean-Dominique Senard et Thierry Bolloré. Une image de janvier 2019 !
Jean-Dominique Senard et Thierry Bolloré. Une image de janvier 2019 !

Mais dans les entreprises, virer en express un directeur, cela peut aussi signifier que la marque va mal. Ce départ express peut inquiéter sur l'état de santé d'un fleuron national. Est-ce que Renault n'est pas en forme ? Certes, les ventes sont en recul ces derniers temps. Si le groupe a dans son ensemble progressé en 2018 et limité la casse au premier semestre 2019, les immatriculations de la maison mère sont dans le rouge : - 5,6 % l'année dernière, - 11 % de janvier à juin. Mais le contexte n'est pas favorable à la marque, avec des ventes mondiales en chute (- 7 %). Renault est impacté par la dégringolade sur des marchés clés pour lui (Argentine, Turquie) et l'arrêt des ventes en Iran.

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Côté gamme, la transition des Clio et Captur pèse. La marque souffre avec les difficultés du Kadjar, qui joue dans une catégorie devenue importante. Mais le constructeur est confiant pour sa partie produits. Des lancements capitaux sont en cours aux quatre coins du monde : Clio et Captur chez nous, Triber en Inde, K-ZE en Chine… Renault prépare aussi une refonte complète de son haut de gamme, avec des Kadjar 2 et Koleos 3 bien plus aboutis et ambitieux.

Remous financiers

La marque est également bien placée pour éviter les amendes CO2 en Europe. Elle va rattraper son retard dans l'hybride. Dans l'électrique, elle est aussi bien lancée, même si la Zoé se sent seule alors que la concurrence multiplie les projets. Mais de nouvelles électriques arrivent. Bref, pour le produit, la feuille de route est bonne.

Autre point de satisfaction : si la fusion avec FCA a fait flop, la marque séduit encore. Daimler a renouvelé son partenariat pour le Citan, qui sera donc un cousin du Kangoo 3. Le groupe a aussi signé en juin un accord avec Waymo, la filiale de Google pour la conduite autonome.

C'est peut-être pour les finances que c'est plus fragile. La marque a vu son chiffre d'affaires et sa marge baisser, pour 2018 et la première moitié de 2019. Ces mauvaises performances ont été attribuées à Bolloré, avec notamment un free-cash flow opérationnel (flux de trésorerie disponible) au premier semestre pour la partie automobile négatif à – 716 millions d'euros. Dans les Échos, le directeur général expliquait : « Notre consommation de cash est certes importante au premier semestre mais nous préparons l'avenir et la remontée de cash en cours est conforme aux années précédentes ». En clair, c'est en raison d'investissements pour assurer l'avenir du constructeur (électrification, conduite autonome…). Reste que Renault est surtout porté par Dacia en ce moment et que la situation de l'industrie automobile ne va pas s'embellir à court terme (Brexit, tensions entre les États-Unis et la Chine, normes et réglementations incertaines…), suscitant des inquiétudes. Comme un symbole, c'est la directrice financière du groupe, Clotilde Delbos, qui vient de prendre la place de Bolloré, pour l'intérim.

Renault est maintenant en quête d'un nouveau directeur général, qui sera recruté en externe. L'heureux élu trouvera un groupe qui, malgré l'enchaînement impressionnant de remous depuis un an, est sur de bons rails. Mais le nouveau venu va devoir accélérer la locomotive pour éviter qu'un prochain caillou fasse cette fois vraiment dérailler le train.

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