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La Twingo électrique française tuée par la politique ?

L'INFO DU JOUR - Alors que Lormauto vient de faire faillite, ses dirigeants nous expliquent que l'interêt porté par ses clients laissait entrevoir une rentabilité immédiate pour leur jolie Twingo convertie à l'énergie électrique. Très remontés contre la Banque Publique d'Investissement qui aurait agi pour saboter ce projet, ils n'excluent pas un retour de cette voiture qui semble plaire malgré son prix.

La Twingo électrique française tuée par la politique ?
La fameuse Renault Twingo 1 électrique de Lormauto.

Lormauto, c’est cette jeune société française qui prévoyait de commercialiser une vieille Renault Twingo de première génération entièrement convertie à l’électricité via la technique du « rétrofit ». Son projet paraissait on ne peut plus séduisant sur le papier avec une qualité de préparation sérieuse et une véritable industrialisation de la voiture : l’entreprise était en effet en train de bâtir une véritable usine en Normandie pour fabriquer ses voitures (sur la base de châssis de Twingo 1 mais aussi de petits utilitaires thermiques également convertis à l’électricité via le rétrofit), fonctionnant avec 120 employés et capable de sortir 3 000 véhicules par an.

Hélas, la société a fait faillite la semaine dernière. La cause ? Une subvention de 1,3 million d’euros, négociée avec le ministère de l’industrie, a finalement été bloquée par BPI France qui semblait ne plus croire à ce projet pourtant déjà très avancé. Nous pensions alors que c’est le prix élevé de la conversion, facturée 24 000€ tout compris (avec la Twingo donneuse), qui avait refroidi les investisseurs sachant qu’on trouve actuellement sur le marché de petites citadines électriques neuves démarrant à moins de 18 000€ (par exemple la Leapmotor T03 chinoise). Mais d’après l’un des co-fondateurs de Lormauto Franck Lefèvre avec qui nous avons pu échanger, la cause de cette faillite n'aurait rien à voir avec le prix élevé des véhicules proposés par la société.

La Twingo Lormauto devait être immédiatement rentable

« Oui, notre Twingo était plus chère que les voitures électriques conçues en Chine. Mais notre solution technique ne repose pas sur une fabrication chinoise et répond à un modèle durable grâce à notre plateforme pensée pour offrir la meilleure réparabilité possible, alors que ces machines-là sont généralement envoyées à la casse en cas de problème sur les batteries », explique-t-il. « Et il faut croire que les gens sont sensibles à cette approche car nous avions déjà 900 personnes intéressées pour commander une auto qui n’était même pas encore commercialisée. A tel point que nous aurions eu du mal à satisfaire la demande au début et que la rentabilité de notre projet semblait assurée : pour être à l’équilibre dès l’année 2026, il nous aurait fallu produire 400 voitures. On était déjà très au-dessus de ce chiffre avec autant de personnes désireuses de nous commander une voiture », affirme Franck Lefèvre.

C’est donc BPI France qui aurait agi pour faire couler le projet : « le sérieux de notre modèle économique était indispensable pour convaincre le ministre de l’Industrie de nous accorder sa subvention. Il voulait qu’on lui prouve que des investisseurs étaient bien présents dans cette aventure et on l’a fait : il nous fallait au total cinq millions d’euros pour tout lancer et nous avions 2,5 millions d’investisseurs privés. Le ministère a donc accepté de débloquer sa subvention, qui a ensuite été gelée par BPI France. BPI France est sorti de son rôle de simple opérateur financier et a sciemment choisi de torpiller notre projet. Ils nous ont dit que fabriquer une voiture électrique en France n’avait pas de sens et qu’il valait mieux importer des voitures de l’étranger ! Lors de nos discussions avec BPI France en février 2025, j’ai senti que Nicolas Dufourcq, le directeur général, ne nous appréciait pas. Il se trouve qu’il est aussi administrateur de Stellantis, ce groupe qui vend justement des petites voitures électriques chinoises chez nous. Et nous avons été abasourdis car dans cette situation, BPI France devait simplement exécuter ce qui avait été décidé par le ministère de l’industrie ».

Et maintenant, le grand inconnu

La plateforme électrique de Lormauto est aussi comptatible avec les petits utilitaires du genre du Renault Kangoo ou du Peugeot Partner, pour des prix démarrant à 16 000€. « Elle utilise de grosses cellules prismatiques pouvait être changées individuellement et elle compte 450 pièces originales. Dans cette plateforme, tout est conçu pour être le plus réparable possible. Et visiblement, il y a un vrai intérêt des gens dans cette idée d’acheter une voiture française répondant à une telle philosophie de conception », nous dit Franck Lefèvre.

La Twingo Lormauto se contente pour rappel d’un moteur de 52 chevaux et de batteries de 16 kWh, limitant son économie WLTP urbaine à un peu moins de 100 kilomètres (avec 5 heures pour repasser de 10 à 100% de charge sur une simple prise à 2 kW). « Dans la vraie vie en conditions urbaines, on est plutôt autour des 120 km. Évidemment, cette autonomie chute drastiquement sur l’autoroute à vitesse maximale. Mais on répond plutôt à un besoin urbain et de campagne », précise-t-il.

La faillite de Lormauto signe-t-elle la fin de ce projet ? « On est dans l’inconnu le plus total », confie Franck Lefèvre qui espère pouvoir le relancer avec de nouveaux investisseurs pour couvrir le financement finalement bloqué par BPI. « Ma plus grande crainte, c’est que de grands groupes comme Stellantis ne fassent pression pour changer les règles du retrofit afin de supprimer totalement cette nouvelle forme de concurrence, par exemple en instaurant des crash-tests alignés sur ceux des voitures neuves. Cette réglementation du rétrofit posait déjà des exigences très poussées et a été critiquée mais je la trouvais parfaitement conçue : il faut bien poser des règles de sécurité strictes, après tout, car on parle ici de voitures évoluant sur route ouverte. Notre solution technique a parfaitement épousé le cahier des charges de cette réglementation et notre industrialisation en masse permet de la rentabiliser. On avait tout fait pour que ça marche », rappelle Franck Lefèvre. « Au passage, notre solution de location à 200€ par mois a elle dû être abandonnée à cause de la suppression des primes à l'électromobilité pour les loueurs appliquées en février 2024. Là aussi, on ne peut pas dire que le gouvernement nous aide beaucoup. Vu les recettes fiscales induites rien par la création des 120 emplois de notre usine en tout cas, le 1,3 million de subvensions aurait été vite récupéré par l'état. »

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