Le flux libre ne serait-il pas un vrai bon plan pour les sociétés d'autoroutes ?
La disparation des barrières de péage sur certaines autoroutes a l’avantage de réduire les bouchons, mais c’est aussi l’occasion pour celles-ci de réduire leurs dépenses, voire d’augmenter les profits ? Rien que sur l’A13 et l’A14, 240 000 conducteurs n’ont pas payé dans les temps avec le risque d’amende que cela implique.

Depuis décembre 2024, il est possible de rallier Paris à la Normandie sans devoir s’arrêter que ce soit uniquement par l’A13 ou en empruntant l’A14. Pour la Sanef, le but est de fluidifier le trafic pour les huit millions d’usagers empruntant cet axe chaque année. D’après le concessionnaire, le trajet entre Paris et Caen peut diminuer de 30 minutes, un gain de temps non négligeable.
Si la Sanef précise que 120 millions d’euros ont été investis pour retirer les cinq barrières de péage (avec l’A14) entre la capitale et la Normandie, installer les portiques d’automatisation et réaménager les espaces, cette opération devrait être rentabilisée par la baisse significative de la maintenance de ces portiques devenus de simples caméras.
Pour certains usagers, l'absence de barrières physiques laisse penser que le tronçon est gratuit. Ainsi, ils étaient 180 000 sur l’A79 en l’espace d’un an à ne pas payer en temps et en heure. La Sanef déplore à son tour ce manquement avec 240 000 impayés. Si cela ne représente que 1 % des usagers, le chiffre reste élevé dans l’absolu.
La société d’autoroute a pourtant déployé de nombreux panneaux et affichages pour informer ses usagers et déployer plusieurs modes de paiement (télépéage, site internet et buraliste du réseau Nirio). Mais il est si facile d’oublier de payer en arrivant à bon port. De plus, le site de la Sanef précise sur son site web que « les péages à payer peuvent mettre jusqu’à 24h à apparaître ».
Oublier de payer peut revenir à cher. En cas de non-paiement dans les 72 heures qui suivent le trajet, ceci est considéré comme une infraction et donne lieu à l’envoi d’un avis de paiement. Cette amende s’élève à 90 €, mais peut être minorée à 10 € si le règlement est effectué dans les 15 jours. Au-delà de deux mois, elle devient majorée à 375 €. Surtout, cette amende est à régler auprès de l’exploitant. En cas d’oubli dans un délai de quatre mois, l’administration bloquera la vente du véhicule.
Un paiement sans prix affiché
Vincent Fanguet, le directeur de l’exploitation de la Sanef, avait précisé fin 2024 « qu’à ce jour, aucun dossier n’a été transmis aux tribunaux de police, donc personne n’a reçu 374 € sur l’A14 ». Le concessionnaire fait-il toujours preuve de tolérance ? Si 240 000 conducteurs ont réglé entre 72 heures et 15 jours après leur trajet, l’indemnité accordée à exploitant s’élève tout de même à 2 400 000 euros, une belle somme !
La disparition des barrières de péage a eu pour conséquence la fin de l’affichage des prix. En janvier dernier, le sénateur Hervé Maurey a alerté à ce sujet le ministère des transports : « Le péage en flux libre n’affiche pas le montant dont doit s’acquitter l’automobiliste pour emprunter une portion d’autoroute […] ce manque d’information est regrettable ». Une préoccupation restée sans réponse.
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