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Où vont nos routes?

La dégradation du réseau routier français a atteint un point critique. Au point que le gouvernement va présenter un projet de loi pour y remédier. Reste à savoir comment financer ces innombrables petits chantiers.

Où vont nos routes?

La semaine dernière, un pilier du viaduc de Gennevilliers (92) sur l'A15 s'affaissait, obligeant à interrompre le trafic dans le sens Cergy-Paris sur cet axe majeur du Nord-Ouest Parisien et provoquant des bouchons monstre dans toute la banlieue avoisinante.

L'affaire a fait les gros titres, deux voies sur quatre ont été rouvertes après quelques jours et un mois de travaux est prévu avant de libérer les deux autres, un mois de cauchemar pour les 200 000 usagers quotidiens de cet axe et ses riverains. Mais aucun de ces derniers n'a été surpris : en contrebas de l'autoroute, on savait que l'ouvrage menaçait ruine faute d'entretien. Comme des dizaines d'autres en France, comme des dizaines de milliers de kilomètres de routes et autoroutes qui se dégradent en silence depuis des années.

Des routes qui évoquent le sous-développement

Où vont nos routes?

Aucun axe, de la départementale du Sud-Ouest à la nationale lorraine en passant par l'autoroute francilienne, n'est épargné par la lézarde, le nid de poule, le bas-côté effondré ou la signalisation effacée. On voit de ces "choses" que l'on croyait réservées aux pays en voie de développement. Comme ce véritable nid de boas, une tranchée large de trente centimètres, profonde d'au moins quinze et longue de trois mètres, que j'ai découverte au beau milieu d'un virage d'une bretelle de l'A20. Un incroyable pièges à moto, mais qui attraperait aussi bien une jante de Scénic. Ou ces nids de dinde qui prolifèrent depuis deux ou trois ans sur les grands axes franciliens et qui semblent attendre le sacrifice d'un scooteriste pour être comblés. Comme partout en France, c'est à croire qu'il faille désormais mort d'homme pour que l'on rebouche un trou, remplace un panneau ou repeigne des bandes blanches effacées.

Nos routes étaient les plus belles routes d'Europe, elles sont désormais parmi les plus lépreuses.

A croire que les opposants au 80 km/h ont raison quand ils affirment que la nouvelle limitation a été conçue comme un pansement au mauvais état de notre réseau secondaire.

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Des 4X4 comme en Afrique.

Où vont nos routes?

Faut-il s'étonner que les SUV représentent désormais un tiers (32 %) du marché français ? Est-ce seulement affaire de mode et de frime ? Pour en avoir récemment conduit une palanquée, je me dis qu'avec leur garde au sol, leurs souples suspensions à grand débattement et leurs grosses roues, ce sont les véhicules les mieux adaptés à notre vieux réseau défoncé. Idem pour la BMW R 1200 GS, cet énorme trail devenu, en regroupant ses deux versions, le gros cube le plus vendu en France. Nul besoin de traverser l'Afrique ou le Sahara pour avoir besoin de cette moto de baroudeur, il suffit d'aller faire un raid en Ariège ou dans les Vosges.

50 % des nationales sont à rénover

Cet état des lieux, il y a déjà quelques années qu'on peut l'établir. Ce qui est nouveau, c'est que pour une fois les pouvoirs publics s'en alarment et semblent vouloir agir. Ce printemps, un audit officiel de nos routes nationales dénonçait un "sous-investissement manifeste" responsable de "l'état critique du réseau".

Elisabeth Borne, la ministre des Transports détaillait dans la foulée : "50 % des surfaces de chaussée sont à renouveler et près d'un pont sur dix est en mauvais état. Une action plus forte de remise à niveau est indispensable."

Une remise à niveau qui impliquerait de passer de 800 millions de dépense prévus en 2018 - un chiffre déjà en hausse comparé aux précédents quinquennats - à un milliard d'euros par an.

Certes, mais comment financer cela ? Elisabeth Borne a prévenu : ce programme de travaux "devra s'appuyer sur des ressources financières solides et pérennes, en privilégiant, chaque fois que c'est possible, le paiement par l'usager ou par le bénéficiaire final des projets."

Où vont nos routes?

Justement, depuis quelques mois, des rumeurs évoquent le retour de l'éco-taxe poids lourds avec la mise en service des fameux portiques édifiés sous Nicolas Sarkozy puis transformés en perchoirs à pigeons par l'ex de François Hollande.

Je parie un seau de goudron (et un sac de plumes) que le gouvernement n'en fera rien. En plus de se coltiner les grèves de l'Air et du Rail, Edouard Philippe ne doit pas avoir une envie folle d'envoyer les routiers bloquer les routes. Alors ?

Ou piocher de quoi payer le premier coup de pioche ?

Où vont nos routes?

Alors, nous allons tous payer, en voiture, à moto, à scooter et pas seulement en camion. Péage à tous les étages, c'est ce que dessine le projet de loi d'orientation sur les mobilités (LOM) dans sa partie qui concerne la rénovation de notre réseau routier. Il s'agirait de rendre payantes les quelques autoroutes sans péages comme l'A20 et l'A75, Caen-Rennes, Metz-Nancy et quelques autres mais aussi les nationales en 2X2 voies. A l'exception probable des quatre voies bretonnes (les bonnets rouges sont dans la boîte à gants) et des  nombreuses et longues portions actuellement gratuites des autoroutes à l'approche de Paris et des métropoles régionales. Elles sont empruntées chaque jour pour aller au boulot par des millions de banlieusards qui sont autant d'électeurs...

Personnellement, bien qu'utilisateur assidu des A20, A75 et A 71 ça ne me choquerait pas de sortir la carte bleue en allant à Montauban, Montpellier ou Clermont. Après tout, ce n'est pas dans la caisse des hôpitaux, des Ehpad ou de l'éducation nationale que l'on ira piocher de quoi donner le premier coup de pioche. Le principe "utilisateur-payeur" doit s'appliquer.

La tentation du privé

Où vont nos routes?

Si je puis me permettre, j'y mettrai néanmoins deux conditions.

D'abord que l'Etat reverse une partie du pactole aux départements. Depuis qu'en 2004-2006, il a transféré - entre autres fardeaux - 20 000 km de routes nationales aux départements, on voit certaines de ces nouvelles RD prendre d'inquiétantes allures. Or, le projet de loi LOM ne dit rien de ces axes tout aussi essentiels et tout aussi, sinon plus, accidentogènes.

Ensuite, que l'Etat ne privatise pas plus tard ces péages. Que ne soit pas rééditée cette véritable captation d'héritage qu'a été la privatisation à prix d'ami de NOS autoroutes, celles que nos parents et grands parents avaient contribué à bâtir.

Il y a des raisons d'être inquiet : voici deux semaines, l'Association française des sociétés d'autoroute, proposait publiquement à l'État de résoudre une partie de l'équation en prenant en charge la rénovation et la modernisation de 600 km d'autoroutes et rocades périurbaines autour de Paris, Nantes, Bordeaux, Lyon, Rennes et autres grandes métropoles, ainsi que de leurs accès. En échange de quoi ? Oh, trois fois rien, juste l'autorisation d'y mettre des péages...

 

 

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