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Pourquoi l'Allemagne serre le frein à main sur l'échéance 2035 ?

Dans Economie / Politique / Politique

Michel Holtz

Depuis le refus allemand de signer la future directive interdisant les voitures thermiques en 2035, Bruxelles est en panique. Pourquoi l'Allemagne a-t-elle fait volte-face ? Quelle est la position des constructeurs d'Outre Rhin ? Une histoire de politique politicienne et d'une puissante industrie automobile qui semble compter les points et se tient prête, quel que soit le résultat de la bataille.

Christian Lindner, ministre des finances allemand et patron du très libéral FDP.
Christian Lindner, ministre des finances allemand et patron du très libéral FDP.

 

L’échéance de 2035 et la fin du thermique dans l’Union européenne est-elle bonne pour les poubelles de l’histoire ? On n’en est pas là, mais depuis plusieurs jours, c’est la panique à Bruxelles comme à Berlin. Les téléphones sonnent et les réunions s’enchaînent en Belgique et en Allemagne pour sortir du guêpier dans lequel la Commission européenne, et le gouvernement germanique se sont fourrés à cause du FDP (Freie Demokratische Partei).

Le tout petit parti libéral (il a représenté 5 % des votants aux dernières législatives) fait partie de la coalition au pouvoir. Son leader est au gouvernement et son portefeuille n'est pas des moindres puisque c'est celui des finances alors que l'un de ses coreligionnaires gère les transports. Tous deux sont montés au front pour expliquer que l'Allemagne ne voterait pas le texte final figeant la fameuse échéance du tout électrique, et qu’ils demandaient un réexamen du texte qui devra inclure une autorisation pour les autos thermiques fonctionnant à l’e-fuel, la fameuse essence de synthèse développé par Porsche.

La gamme électrique de Volkswagen bonne pour la casse ?
La gamme électrique de Volkswagen bonne pour la casse ?

Cette volte-face est d’autant plus surprenante qu’elle est intervenue trois jours seulement avant le vote définitif qui devait avoir lieu hier, 7 mars, et qui a, de fait, été reporté aux Calendes grecques. Mais pourquoi ce changement soudain de cap dû à un petit parti qui, sur le plan électoral, n’a rien d’essentiel ? Car le FDP, conservateur et ultralibéral, qui milite également pour la construction de nouvelles autoroutes plutôt que pour la création de nouvelles lignes de chemin de fer, est persuadé qu’il détient, avec cette affaire, les clés d’un soutien populaire qui pourrait lui apporter des voix.

C'est qu'en Allemagne, 800 000 personnes travaillent dans la filière auto. Et qu’en Allemagne, comme ailleurs en Europe, le basculement vers le tout électrique pourrait coûter entre 30 et 40 % des effectifs actuels. Le FDP sait également que les Allemands, comme ses potentiels électeurs, sont sensibles à l’argument du prix élevé des voitures électriques. Pour autant, il reste un petit parti, mais comme on dit en politique, c’est un « faiseur de roi ». La large coalition réunie autour du Chancelier Olaf Scholz serait vacillante sans l’apport de ce petit poucet de la politique. Ce qui explique le silence depuis quelques jours de l’exécutif allemand sur cette question.

Une zizanie gouvernementale

Un silence médiatique qui, pour autant, a du mal à cacher le grabuge en interne. Ce week-end, le gouvernement de Berlin s’est réuni en séminaire pour discuter de l'affaire et, fort heureusement, les portes de la salle de réunion étaient capitonnées. Car comme le relate Der Spiegel, quelques membres de l’exécutif sont furieux, notamment les Verts qui reprochent carrément au FDP "de s’être allié aux néofascistes italiens", puisque le gouvernement transalpin est lui aussi opposé à la future directive.

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Reste que, dans les faits, la demande du parti libéral à l’Europe est pour le moins curieuse puisque le FDP réclame qu’après 2035, en plus des voitures électriques, celles circulant à l’e-fuel restent autorisées. Or, ce carburant est, et restera cher. Car les 2 dollars du litre constatés aujourd’hui, même s’ils pourraient baisser en fonction de la quantité produite, resteront plus élevés que le sans-plomb classique en raison de l’énergie nécessaire à sa production. Une essence chère qui ne réglera donc pas le problème de l’accès pour tous à l’automobile prônée par le parti. En outre, selon l’ONG Transports et environnement, si l’essence synthétique réduit drastiquement les émissions de C02, il n’en est rien des autres polluants. On voit donc assez mal ce carburant du futur se généraliser en l’état.

Une essence de synthèse développée pour la future gamme Porsche (ici une 911 T) qui aura du mal à se démocratiser.
Une essence de synthèse développée pour la future gamme Porsche (ici une 911 T) qui aura du mal à se démocratiser.

Mais que pensent les constructeurs allemands de cette volte-face, et notamment le premier d’entre eux, le groupe Volkswagen, à l’initiative, avec sa filiale Porsche, du développement de l’e-fuel ? Il semblerait que VW et ses confrères Mercedes et BMW sont plus attentifs que réellement acteurs. Car quelle que soit l'issue de cette confrontation bruxello-berlinesque, leur sort n’en sera pas bouleversé.

L'illusion de l'e-fuel

Personne ne croit réellement que l’e-fuel sauvera l’industrie automobile, et étant donné les milliards investis dans l'électrique, ils sont tous trois prèts à basculer. Pourtant, un moratoire sur l’échéance de 2035 à une date ultérieure les arrangerait bien, et ce pour plusieurs raisons. Les trois groupes continueront à produire des moteurs thermiques pour les marchés qui les autoriseront toujours à cette date, de l’Amérique du Sud à une bonne partie de l’Asie.

Alors, continuer à vendre dans la vieille Europe, des moteurs à essence, à la technologie archi éprouvée et archi rentabilisée, ferait le plus grand bien à leurs marges, et leur permettrait d’éponger les lourds investissements (près de 70 milliards d’euros pour le seul groupe Volkswagen) qu’ils ont consentis à l’électrique. En outre, ce serait pour eux, une bonne manière de retarder l’échéance des licenciements et d’en éviter un certain nombre en permettant des départs à la retraite sur des postes non renouvelés.

Les constructeurs seraient donc plutôt en accord avec le FDP, mais dans le cas d'un accord trouvé entre Bruxelles et Berlin et qui approuverait in fine l’échéance 2035, ils ne s’y opposeraient que mollement. L'industrie automobile allemande est finalement en phase avec la politique allemande telle qu’elle est pratiquée depuis l’après-guerre : la politique du consensus.

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