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Radars : des recettes plutôt en berne, mais…

Dans Pratique / Radars

Stéphanie Fontaine , mis à jour

Les prévisions budgétaires pour 2022 viennent de tomber : le gouvernement table sur à peine plus de 700 millions d'euros issus des radars automatiques, soit à peine plus que ce qu'il devrait récupérer aussi cette année. En tout, il compte encaisser près d'1,8 milliard d'euros l'an prochain, avec l'ensemble des amendes routières, payées ou non dans les temps. Décryptage.

Radars : des recettes plutôt en berne, mais…

Pour 2022, le gouvernement pronostique, dans le cadre de son projet de loi de Finances, discuté à partir de la semaine prochaine au Parlement, de récolter 714 millions d'euros via les seules amendes forfaitaires [c'est-à-dire payées dans les temps] issues des radars automatiques, et 1,784 milliard d'euros en tout, en y ajoutant le reste des amendes routières, soit en comptant les majorées [celles payées hors délais] des radars et autres, ainsi que tout le reste des PV, hors radars automatiques, réglés à temps.

Depuis l'année record de 2017, ces prévisions donnent l'impression qu'elles vont de mal en pis (voir notre tableau Les recettes de la répression routière ci-dessous). Selon que l'on prenne en compte "toutes les amendes routières" ou "les seules amendes forfaitaires des radars", cela correspond en effet à 10-13 % de moins que ce qui a été récolté il y a cinq ans, quand l'État avait alors engrangé près de deux milliards d'euros, dont plus d'un milliard avec les seuls radars automatiques (824,5 millions d'euros d'amendes forfaitaires + 188,7 millions de majorées) !

Ensuite, la belle affaire n'a jamais pu être réitérée. Le mouvement des gilets jaunes s'est accompagné d'une vague de vandalisme sans précédent. De nombreux dispositifs de contrôle se sont alors retrouvés détruits ou neutralisés durant de longues semaines, voire des mois. C'est arrivé en outre à un moment où de nouveaux modèles devaient remplacer les anciens, et le calendrier de ce déploiement a connu pas mal de retard.

Puis, est survenue la crise sanitaire, ce qui n'a rien arrangé à ce retard. Surtout, comme on le sait, la circulation a grandement chuté lors des confinements (en particulier, lors du premier, au printemps 2020). Le télétravail s'est sans doute également installé durablement…

Les recettes de la répression routière

Année (ce qui est/était prévu en PLF) 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Recettes totales (en millions d'€) 1 978 (1 848) 1 751 (1 833) 1 649 (1 867) 1 387 (1 837) NC (1 960) NC (1 784)
Écart entre les prévisions et ce qui a été empoché (en millions d'€) 130 - 82 - 218 - 450 NC NC
Recettes AF (en millions d'€) 825 (844) 629 (928) 561 (1 036) 553 (729) 700* (809) (714)
Écart entre les prévisions et ce qui a été empoché (en millions d'€) - 19,5 - 299,3 - 475,1 - 176 - 100* NC

PLF = Projet de loi de Finances (voté en année n-1) / NC = non encore connu / *Selon les toutes dernières prévisions qui restent à confirmer

Dans un tel contexte, forcément, les radars ont tendance à bien moins flasher ! D'où ces prévisions bien sages. Mais attention, il ne faut pas oublier que le gouvernement s'est souvent trompé par le passé (voir là encore notre tableau Les recettes de la répression routière ci-dessus). Difficile dans ces conditions de lui accorder une grande confiance pour cette prochaine année. Mais dans tous les cas, c'est loin d'être la si grande "cata" annoncée dans d'autres médias !

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Moins de radars en 2020 (et 2021 ?) qu'en 2017

Pour le coup, en 2020, personne ne pouvait prévoir la crise sanitaire. Malgré le recul des infractions en raison des confinements (et du télétravail), les chiffres n'ont cependant guère été plus mauvais qu'en 2019, année encore marquée par le vandalisme. Le nombre d'avis de contravention n'a en effet chuté que de 2 %, alors que les radars ont flashé 11 % de moins que l'année d'avant.

Pourquoi ? Cela "s’explique par la réduction du nombre des photos noires à la suite du renouvellement du parc des radars dégradés en 2018 et 2019", précise la Sécurité routière. Les photos prises par les radars vandalisés ces deux années-là ne permettaient pas d'être exploitées à leur arrivée au Centre national de Traitement (CNT) de Rennes, "il était impossible d’identifier un véhicule et donc d’envoyer un avis de contravention".

Et ça, ça a été en grande partie réglé en 2020. Ensuite, le recul du trafic et donc de l'activité l'an dernier s'est quand même traduit par des recettes légèrement inférieures à celles de 2019 : 553 versus 561 millions d'euros. Mais l'embellie semble bel et bien de retour, même si elle est bien inférieure à ce qui était souhaité.

Qu'en sera-t-il en effet pour cette année 2021 ? La précédente loi de Finances, malgré le contexte sanitaire complètement incertain que l'on connaissait, a tablé sur 809 millions d'euros. Pari très risqué : si, c'est certes moins qu'en 2017 (825 millions d'euros), cela n'en est pas loin ! C'est meilleur que 2016 (761 millions d'euros), qui comptait alors 4 398 radars déployés. Or, bien sûr, les recettes dépendent aussi du nombre de machines activées sur le territoire, en plus de leur état de fonctionnement !

700 millions d'euros pour 2021 ?

De fait, le nombre de radars installés n'a pas cessé de baisser après 2017, et remonte péniblement depuis seulement l'an dernier. À part peut-être cette année, en 2021 (on ne le sait pas encore), ce nombre n'a jamais égalé celui de 2017 (voir notre tableau ci-dessous).

Selon les dernières données officielles communiquées par la Cour des Comptes, au 31 décembre 2020, on en était à un parc de 4 224 unités (tous types confondus). Sauf que selon les informations confidentielles obtenues par Caradisiac, et qui n'ont jamais été démenties, on en était seulement à 3 978, trois mois seulement plus tôt (au 1er octobre). Des doutes subsistent ainsi sur ce dernier décompte officiel connu.

Quant à savoir à combien on en est aujourd'hui… Les informations sont d'une telle opacité et à tel point morcelées, qu'il est bien difficile de s'y retrouver ! Depuis 2016, on nous en annonce 4 700 pour bientôt. Un plafond qu'on ne devrait finalement toujours pas atteindre en 2022.

Quoi qu'il en soit, il semblerait que la prévision pour cette année, établie à 809 millions d'euros, ne puisse, cette fois-ci non plus, se concrétiser. Selon Les Echos, "le gouvernement anticipe plutôt des recettes inférieures à 700 millions"… On en saura plus au printemps prochain !

Toujours plus de radars…

À part ces prévisions budgétaires, qu'il faut donc prendre avec des pincettes, quel est le programme concernant la politique en matière de répression routière l'année prochaine ? Attention, là aussi le gouvernement ne cesse de se tromper d'année en année (voir notre tableau Le programme de déploiement des radars ci-dessous).

En outre, l'annexe au projet de loi de Finances, dans laquelle nous retrouvons toutes ces prévisions, n'est plus aussi complète que fût une époque. Exit par exemple le prix d'achat pour chaque type d'équipement. Désormais, on a droit au budget consacré à leur acquisition au global, à celui de leur entretien au global, de leur pilotage au global, etc.

Jusqu'en 2018, le montant escompté des amendes forfaitaires majorées (AFM) issues des seuls radars automatiques était également renseigné. Depuis, tout est mis dans un seul sac, en dehors des amendes réglées dans les temps pour les radars. Si bien que nous ne connaissons plus ce que rapportent, d'un côté, les radars à eux seuls, en comptant tous les types d'amendes (majorées ou non), et, de l'autre, tous les autres PV qui ne sont pas issus du système automatique.

Le programme de déploiement des radars

Année (ce qui est ou était prévu en PLF) 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Nombre total de radars (tous types) 4 446 (4 600) 4 428 (4 700) 4 094 (4 700) 4 224* (4 400) NC (4 700) NC (de 4500 à 4700)

PLF = Projet de loi de Finances (voté en année n-1) / NC = non encore connu / *Dernier chiffre officiel connu mais non encore complètement confirmé

Une certitude : c'est une belle pagaille, ce programme annoncé en annexe du PLF ! On nous ressasse cet objectif de 4 700 dispositifs installés fin 2022. À un moment, toutefois, on nous indique qu'il est ramené à 4 500, puis pour finir, on nous liste les différents types d'automates qui sont prévus pour l'an prochain, ce qui nous donne un total de 4 900 engins sur le terrain ! C'est bourré de coquilles !

Des discriminants, des tourelles et des voitures radar partout !

Ce que l'on peut retenir de ce désordre : c'est que le gouvernement souhaite réduire le nombre de cabines classiques, de radars vitesse moyenne (ou tronçons), des radars feux rouges et passages à niveau.

La priorité est donnée aux discriminants. Ces radars permettent de distinguer la vitesse des véhicules légers de celle des poids lourds. Et ils sont en train d'être modernisés, avec l’installation de la fonctionnalité "double face", grâce à laquelle la photo est prise aussi bien par l'arrière que par l'avant des véhicules en infraction. De là à reconnaître la personne qui conduit ? Ça reste à confirmer.

L'accent continue d'être mis aussi sur les radars chantiers (ou "autonomes"), puis les radars tourelles et urbains. Dans les deux derniers cas, il s'agit du même principe, à ceci près que l'urbain est plus petit que le tourelle. Sinon, ils doivent permettre de contrôler aussi bien le franchissement de feux rouges que la vitesse. L'idée est aussi de les loger dans ce que l'on appelle des "cabines leurres", qui se retrouvent donc activées ou non en fonction de leur présence à l'intérieur.

"S'agissant du radar urbain, fin 2021, l'expérimentation aura permis de déployer 100 cabines (20 radars opérationnels)", nous assure-t-on. "La cible est de déployer 500 cabines en 2022 (contenant 100 radars actifs)."

L'objectif aussi est "d’entamer le déploiement" des voitures radars externalisées [dont la conduite est confiée aux entreprises privées] "dans tout ou partie des 4 régions restantes en métropole (Provence-Alpes-Côte d'Azur, Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Occitanie)."

En somme, qu'on se le dise, tout est fait pour regonfler à bloc les recettes des radars !

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