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80 km/h : on se calme et on réfléchit...

Dans Economie / Politique / Politique

Michel Holtz

Évidemment, rouler plus lentement est on ne peut plus embêtant (un terme tout de politesse empreint). Sauf qu’à écouter, et lire, les arguments des anti-80 km/h, on est quelque peu gêné aux enjoliveurs. Comme si le seul qui vaille vraiment, la fameuse et farouche volonté de rouler à la vitesse que l’on souhaite, n’était pas justifiable. Et pour cause.

Paysage de départementale à 80 km/h.
Paysage de départementale à 80 km/h.

Ça y est. Depuis une semaine, les panneaux ont changé et les campagnes en sont transformées. Foin des 90 km/h sur le réseau secondaire et place aux 80 km/h. Une révolution. Il faut dire que pour les Français qui se rendent au boulot, ça change tout. Rendons-nous compte : il va falloir partir près d’une minute plus tôt pour effectuer un trajet quotidien de 10 km, puisqu’en lieu et place des 7 minutes habituelles, il en faut désormais presque 8 - 7’ 45” précisément. De quoi créer des générations de dépressifs victimes de trop d’insomnies. Une plaisanterie ? Pas pour nos confrères du Point, qui donnent un conseil à leurs lecteurs, professionnels de la route : « prenez votre montre et voyez ce que représentent, pour de courtes distances, 45 secondes supplémentaires. C'est déjà considérable ». C’est même inadmissible, devraient-ils ajouter.

Un autre journaliste, spécialisé celui-là, a quant à lui repris un autre argument avancé par le gouvernement en faveur des 80 selon lequel la mesure permettrait d’économiser 30 % de carburant. Que nenni, répondent d'autres confrères, tests sur circuit à l’appui. Il ne permet d’en économiser que 10 %. C’est beaucoup moins certes, mais faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du carburant ? Personne ne remet en cause la généralisation du start&stop sur nos autos qui ne permet d’économiser lui aussi « que » 10 % Alors, ces erreurs (regrettables certes) de nos gouvernants, ont laissé libre cours aux opposants, majoritaires, à la mesure. Et ils se sont levés pour la pourfendre. Et avec eux, leurs représentants, politiques, associatifs ou médiatiques. Et tous d’avancer d’imparables arguments, parfois délirants, mais parfois parfaitement recevables.

La distance de freinage gagnée est moins impressionnante qu’annoncée ? Et alors ?

Sauf qu’ils sont toujours à côté de la plaque. Et tentent de gommer une simple évidence, frappée du sceau, très basique, du bon sens : lorsque l’on roule moins vite, le choc, en cas de crash, est moins important, et la distance de freinage est moins longue. Et ce dernier point est même le premier avancé par les antis. Les pouvoirs publics estiment qu’à 90 km/h, une voiture mettrait 70 mètres pour s’arrêter et qu’il ne lui en faut que 57 à 80 km/h. Faux et archi-faux, estiment les opposants à la mesure. Et d’ailleurs la Sécurité routière expliquait elle-même, il y a deux ans, qu’à 90, il suffit de 43 m pour stopper net. Super, génial, il en faut donc encore moins à 80, devraient-ils en conclure. Pas du tout.

80 km/h : on se calme et on réfléchit...

Ils supposent que cette bourde monumentale, et gouvernementale, devrait être suffisante pour retoquer toute la mesure. Puisque les élus qui nous gouvernent mentent sciemment (l’erreur dans ce type d’argumentation n’est même pas envisageable), c’est que leur décision est scélérate. Une distorsion du problème en forme d’écran de fumée, ou un simple platane cache la forêt. Et d’ailleurs, les 80 km/h, poursuivent-ils, ne sont pas là pour épargner des vies, mais simplement pour remplir les poches de l’État. Lequel État, à les entendre, ne serait qu’un ramassis de messieurs aux costumes de bonne coupe dont les poches sont suffisamment larges pour accueillir les milliards d’euros de cette manne. Nos insurgés de la limitation de vitesse et de l’automobiliste vache à lait oublient bien évidemment au passage que Carlos Tavares gagne dix fois plus qu’Emmanuel Macron et que, surtout, l’État, c’est eux, tous les services et infrastructures dont ils profitent, et non la caisse noire de quelques très discrets milliardaires.

 On ne peut plus dépasser les camions ? Et alors ?

80 km/h : on se calme et on réfléchit...

Mais les fausses distances de freinage, tout comme la fameuse étude préalable à la loi jamais publiée, ne sont pas les seuls arguments de nos allumeurs de contre-feux à la limitation de vitesse. Ils en ont sous l’accélérateur, comme celui, imparable car impossible à vérifier, qui consiste à expliquer que rouler moins vite rendrait moins vigilant au volant. Il est clair que Lewis Hamilton est plus concentré au bout de la ligne droite du Paul Ricard que Josyane dans son bouchon du périf.

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Dans le même genre, les 80 km/h ne permettraient plus de dépasser les camions puisqu’ils roulent à la même vitesse. C’est exact, même si l’on a du mal à distinguer le côté sécuritaire de l’affaire. Tout juste peut-on y trouver un motif d’exaspération esthétique, puisqu’on est forcé d’admirer l’arrière d’un camion, moins bucolique que la campagne environnante.

Des arguments de détails à défaut de vraies raisons

On le voit, les opposants usent de toutes les erreurs commises par le gouvernement à la manière d’un avocat procédurier ravi de voir un justiciable libéré, même s’il est coupable, grâce à un vice de procédure. C’est de bonne guerre, et les pouvoirs publics auraient dû ficeler leur dossier plus habilement.

Pour autant, ces « détails » argumentaires montés en épingle n’existent que parce que les opposants n’ont aucune raison de fond pour s’opposer à la mesure. La plus évidente qu’ils pourraient trouver est sans doute la moins recevable. Avancer que 3 200 morts sur les routes chaque année est un seuil correct, qu’une société doit accepter ce chiffre, qu’il est suffisamment bas comparé aux 16 000 morts annuels des années soixante-dix, n’est pas acceptable. En tout cas, personne ne pourrait l’entendre. Y compris les anti 80 km/h eux-mêmes.

 

 

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