Dans la nuit du 1er au 2 juillet, en Charente-Maritime, un homme d'une quarantaine d'années, sous l'emprise du cannabis, prend l'A10 à contresens dans le sens Bordeaux-Paris, provoquant sept accidents impliquant une quinzaine de personnes, heureusement sans faire de victime. "Avec les départs en vacances, on a frôlé la catastrophe" a commenté la gendarmerie. Mais la catastrophe aura bien lieu, à deux reprises, la semaine dernière. Cette fois-ci, c'est une jeune femme de 25 ans qui prend l'autoroute A7 dans le sens inverse le 24 juillet à l'aube, dans les Bouches-du-Rhône. Elle roule pendant 45 minutes avant de heurter de plein fouet une autre voiture : le choc la tuera sur le coup, ainsi que trois occupants de l'automobile percutée. Des analyses révéleront que la conductrice avait 2,30 g d'alcool par litre de sang. Drame similaire dans la nuit de samedi à dimanche dernier, lorsqu'une camionnette conduite par un Polonais emprunte l'A9 à contresens dans l'Hérault. Après des contacts sans gravité avec deux premières voitures, il finit sa course en percutant de façon frontale un dernier véhicule, ce qui causera sa mort et celle de trois occupants de l'autre voiture, blessant de plus grièvement deux enfants. Cette fois-ci encore, le conducteur de la camionnette était en fort état d'ébriété, avec 2,73g d'alcool par litre de sang.

Huit morts en moins d'une semaine

Ce sont normalement des accidents aux circonstances rares, puisque selon la Sécurité Routière, ils « représentent moins de 1% des accidents survenus sur autoroute ou 2x2 voies », souvent, on s'en doute, avec des conséquences dramatiques, puisqu'ils sont à l'origine de 4% des accidents mortels sur ces réseaux, soit une douzaine de personnes par an. Mais une telle série mérite de se poser des questions : est-ce que ces accidents auraient pu être évités ?

Pour Jacques Robien, ancien ingénieur routier et aujourd'hui membre du conseil d'administration de la Ligue contre la Violence Routière, « Dans la majorité des cas, la signalisation est insuffisante pour contrecarrer les automobilistes désorientés par leur grand âge, la fatigue, l'alcool ou la drogue ». Il préconise le doublement des panneaux de sens interdit, voire même l'installation d'une barrière qui s'abaisserait lorsqu'un détecteur optique révélerait la présence d'un véhicule à contresens sur une bretelle de sortie. Une solution qui a les faveurs de la présidente de l'association, Chantal Perrichon, qui souhaite la généralisation systématique de ces systèmes sur toutes les bretelles, comme elle l'a annoncé à l'antenne d'Europe 1 : « Cela a un coût, mais il faut savoir effectivement que sauver des vies, ça a toujours un prix. Il faut voir si oui ou non on est prêts à financer ces installations pour sauver ces vies, précisément. »