Pour redonner foi aux actionnaires, Carlos Ghosn, aidé par les derniers résultats trimestriels positifs (merci la fin de la prime à la casse), a brossé un tableau où l'avenir est barbouillé d'un rose éclatant. La crise ne sera plus qu'un souvenir dès 2011, les prêts seront remboursés bien avant la date prévue, les prochaines Renault vont plaire et l'entreprise va gagner de l'argent. En gros, c'est comme il y a 4 ans.

Malgré plus de 3 milliards d'euros de perte en 2009, Carlos Ghosn projette un retour dans le vert pour 2011, l'occasion de mettre en œuvre un tout nouveau plan qui devra faire oublier les hoquets de celui annoncé il y a 4 ans et que la crise et quelques produits pas toujours très inspirés ont rendu caduque bien avant son terme.

Je vais bien ,tout va bien

Carlos Ghosn est clair, le groupe Renault continuera de faire baisser ses coûts de production même lorsque la crise sera passée. Le groupe devra être partout, géographiquement bien sûr, mais aussi sur les segments automobiles. Dès lors, les investissements deviennent la clé de la réussite future, c'est pour cela que le discours très volontariste de Carlos Ghosn était essentiellement financier et axé sur les économies d'échelle (l'Alliance et l'accord avec Daimler). L'annonce du remboursement anticipé des prêts accordés par l'Etat doit également rassurer les actionnaires qui voient là une entrave à la réduction des coûts puisque le droit de regard des dirigeants politiques amène à plus de réserve dans les décisions stratégiques globales. Une fois la liberté de mouvement retrouvée, quels seront les choix ?

La compétitivité de la France, c’est la compétitivité de Renault.

Carlos Ghosn s'est dit attaché à l'identité française de Renault mais visiblement, pour que l'activité industrielle hexagonale du groupe perdure, il faudra que l'électrique soit un succès puisque, en 2015, 80% de la production des autos électriques du groupe sera faite en France. Ghosn a précisé qu'un tiers des effectifs de Renault était localisé en France, que 80% de l'ingénierie était aussi hexagonale et que les usines françaises produisaient 50% de la valeur ajoutée du Groupe mais il a aussi indiqué que les pouvoirs publics devaient travailler à améliorer la compétitivité de la France, rejetant de fait une partie de la responsabilité d'une hypothétique stratégie « moins française » sur les dirigeants politiques.


En attendant, ce discours optimiste ne peut masquer un fait : les perspectives 2010 ne sont pas excellentes puisque le Groupe prédit une baisse du marché européen de l'ordre de 10%. Pour les salariés Renault du « Vieux Continent », l'optimisme et la croissance ne sont donc pas pour tout de suite. À moins qu'ils soient également actionnaires ….