« Un jeune homme solitaire, « The Driver », conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Ultra professionnel et peu bavard, il a son propre code de conduite. Jamais il n'a pris part aux crimes de ses employeurs autrement qu'en conduisant – et au volant, il est le meilleur ! Mais tout bascule un jour. Doublé par ses commanditaires, il n'a dès lors d'autres alternatives que de les traquer un à un... »

Attention, ce pitch offert par la production, tout comme la bande-annonce ci-dessous d'ailleurs, est trompeur : tout porte à croire qu'il s'agit d'un genre de Transporteur 4 mâtiné de 60 Secondes Chrono mais il n'en est rien. Cette erreur de promotion est à double tranchant : les amateurs d'action à tout crin et de courses poursuites enchaînées resteront sur leur faim tandis que les cinéphiles à la recherche d’œuvres subtiles pourraient le laisser de côté.

Il est vrai que le scénario est des plus simplistes mais il se dégage une atmosphère tout à fait particulière de ce film récompensé pour sa mise en scène au dernier festival de Cannes, avec un soin appuyé apporté aux lumières, aux couleurs et aux ambiances et servi par une bande son exceptionnelle qui ravira les fans de musique électronique nostalgique des eighties dont Kavinsky est le fer de lance. Pour donner un exemple de sa subtilité, la relation amoureuse naissante se traduira par deux mains se rejoignant sur un pommeau de vitesse et des visages se rapprochant seulement éclairés par la lumière des phares plutôt qu'une vulgaire empoignade mammaire sur un capot huileux à la Fast and Furious. Il est aussi bon de préciser que certaines scènes peuvent choquer les plus sensibles à cause d'une violence mafieuse récurrente à base de marteau, de rasoir, de coup de talons et de fusil à canon scié, et qu'il ne faut pas cligner des yeux si on ne veut pas rater la délicieuse Christina Hendricks tant sa présence voluptueuse est malheureusement fugace.

Mais trêve de balivernes, nous sommes sur Caradisiac, quelles sont les forces automobiles en présence ? The Driver a pour voiture personnelle une Chevrolet Malibu de 1973 avec laquelle il aime se balader avec sa dulcinée sur le lit asséché et bétonné de la Los Angeles River chère à Terminator 2 ou dans les artères désertées la nuit de la mégapole californienne filmée par hélicoptère. Cette voiture a d'ailleurs servi à « former » Ryan Gosling, qui incarne ce personnage principal anonyme destiné un temps à Hugh « Wolverine » Jackman, puisqu'il l'aurait restaurée de ses mains pour se fondre dans son rôle à triple casquette cascadeur/pilote/mécanicien. Mais quand il s'agit de piloter pour des truands, The Driver enfile la panoplie complète (mitaines de cuir aérées, veste argentée avec un scorpion brodé dans le dos, cure-dent viril dans la bouche et montre attachée à une branche du volant) et vole sa monture, que ce soit une Chevrolet Impala au moteur gonflé à 300 ch ou une Ford Mustang GT de 2011 avec laquelle il sera pourchassé par une Chrysler 300C SRT8. Au delà de ça, c'est une fois de plus une question d'ambiance : de nombreuses scènes se déroulent dans un garage spécialisé dans les américaines de l'époque pré-plastique dont les masses imposantes aux lignes tendues et aux couleurs chamarrées servent de décor, quand le héros ne s'occupe pas de nettoyer l'énorme carburateur de sa voiture au milieu du salon.

Au final, Drive ravira les esthètes cinématographiques souhaitant prendre leur temps bercé par son atmosphère remarquable, moins les drogués aux vapeurs de sans plomb exigeant une explosion à la minute.

Sortie sur les écrans français le 5 octobre 2011

Critique Ciné Auto - Drive, plus subtil qu'il n'y paraît

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