Toutes les occasions sont bonnes pour limiter les déplacements des femmes iraniennes. Le nouveau chef de la police d'Esfahan, une ville d'un million d'habitants située à 400 kilomètres de Téhéran, a ainsi annoncé que les femmes pratiquant le vélo (et le roller) seraient désormais punies.


Faire du vélo lorsqu'on est une femme et qu'on vit en Iran n'a rien d'une sinécure : manches longues, voile et pantalon sont de rigueur même lorsque le soleil brille et fait grimper les températures. Mais non contentes de devoir supporter des vêtements trop chauds pendant l'effort (une obligation qui, et cela en arrange plus d'un, décourage la plupart des Iraniennes), voilà que les femmes d'Esfahan amatrices de vélo vont devoir faire face à encore plus de misogynie. Elle peuvent remercier pour cela le nouveau chef de la police de la ville qui, lors d'un discours prononcé le 18 octobre dernier, a en effet annoncé que toute femme prise en train de faire du vélo serait considérée comme une criminelle et donc « sévèrement punie ».


La pratique du vélo pour les femmes est depuis longtemps un sujet de controverse en Iran. En 1999, l'Ayatollah Khamenei déclarait d'ailleurs que « les femmes doivent éviter tout ce qui pourrait attirer les étrangers, ainsi rouler à vélo ou à moto dans les lieux publics entraîne la corruption et est ainsi interdit ». En 2007, le gouvernement avait fait fabriquer un deux-roues équipé d'une cabine afin que le corps des femmes soit le moins visible possible et si la loi n'interdit pas expressément aux femmes de faire du vélo, cela n'empêche pas les intégristes de harceler voire d'agresser celles qui oseraient user de leur liberté de mouvement.