Après les entretiens préalables à leur licenciement pour faute lourde de mardi dernier, les deux jours légaux imposés par la loi à titre de « délai de réflexion » et le temps que La Poste achemine le courrier, deux des trois cadres, mis en cause par Renault dans une affaire d'espionnage dans son département des véhicules électriques, ont reçu leur lettre de licenciement. Il s'agit de Michel Balthazard, directeur de l'amont et des projets et membre du comité de direction, et Bertrand Rochette, son bras droit.

C'est sur le site du Figaro qu'on peut retrouver le contenu du courrier recommandé adressé à ce dernier : Renault y mentionne avoir déclenché cette fameuse « alerte éthique » après une « dénonciation anonyme mettant nommément en cause (son) supérieur hiérarchique direct, monsieur Balthazard et indirectement monsieur Tenenbaum, directeur programme adjoint véhicule électrique ». Après enquête, il s'avèrerait que « des sommes d'argent de sources étrangères » conduisent « à la conviction, compte tenu de (ses) responsabilités dans un domaine capital pour l'avenir de l'entreprise, qu'(il a) donné en échange des informations stratégiques pour l'entreprise », avant de conclure que « ces actes extrêmement graves révèlent une intention de nuire à l'entreprise et constituent un manquement grave et flagrant à (ses) obligations de confidentialité et de loyauté à l'égard de l'entreprise (...)».

« Renault fait de la déduction. Cela ressemble à un travail bâclé. »

« Injustement blessé » par ce qu'il dit être un cauchemar décrit aussi en détails sur le site du Figaro, Bertrand Rochette et son avocat conseil Me Charrière-Bournazel sont décidés à ne pas en rester là : « Mon client ne sait rien de ce qu'on lui reproche, on le jette en pâture au public et il doit se justifier sur les faits auxquelles nous ne comprenons rien. Nous avons l'impression d'être au cœur d'un procès soviétique de la plus grande époque ». L'avocat a annoncé porter plainte dès aujourd'hui pour diffamation non-publique en citant à la fois le signataire de la lettre et le constructeur lui-même.

«  Nous allons aux prud'hommes. En revanche nous avons décidé de prendre quelques jours de réflexion avant de décider si l'on engage d'autres procédures » a annoncé hier de son côté Michel Balthazard par l'intermédiaire de son avocat, Me Thouvenin, parce que « l'entreprise n'avance aucune preuve réelle et sérieuse. Elle a seulement une conviction. Autrement dit Renault fait de la déduction. Je trouve cela très léger. Cela ressemble à un travail bâclé ».

Mathieu Tenenbaum, directeur ajoint du programme véhicules électriques, n'a lui pas encore reçu sa lettre, selon son avocat Me de Montbrial.

Décidé à ne pas faire de « surenchères polémiques », Renault s'est refusé à tout commentaire.