Pour certains acteurs du milieu financier la crise de 2008 n'aura été qu'une enthousiasmante opportunité de faire supporter à la collectivité les pertes d'un casino boursier qui ne distribue, depuis, que des gains à ses initiés. Du coup, lorsque ceux-ci se font rouler dans la farine, ils l'ont mauvaise. Des fonds spéculatifs qui jouent les vestales du système et qui en appellent à la moralité ? C'est possible, avec Porsche.


Lorsque les spéculateurs parient sur la baisse d'une action et que le cours de celle-ci, au contraire, s'envole, les bénéfices attendus deviennent des pertes. La loi du genre, la règle du jeu ? Peut être, mais il y a des mauvais perdants. Voici le cas concret : en mars 2008, Porsche SE avait qualifié de "spéculations" les bruits voulant qu'il veuille racheter VW. Sept mois plus tard, Porsche SE révélait qu'il détenait 42,6% des actions ordinaires de VW, ainsi qu'une part supplémentaire de 31,5% par le biais d'instruments financiers.

L'action Volkswagen avait alors bondi à 1.005 euros, faisant brièvement du constructeur automobile allemand la plus grosse capitalisation boursière de la planète. Les fonds spéculatifs qui avaient parié sur la baisse de l'action VW avaient alors subi des pertes considérables.


Si considérables qu'il n'était pas question de laisser les choses en l'état, dès fois qu'elles feraient jurisprudence. Direction, donc, les tribunaux. Première salve en décembre 2012 devant un tribunal new-yorkais qui a décidé que le dossier aurait plus sa place en Allemagne. Dont acte. Voilà que l'on apprend par le journal Der Spiegel qu'une procédure a été initiée à Francfort. Et pas pour rien. Ce sont 1,8 milliard d'euros de dommages et intérêts qui sont en effet réclamés à Wolfgang Porsche et son cousin Ferdinand Piech.


Porsche a jugé dimanche "infondé" cette dernière procédure. "Porsche SE et les membres de son conseil de surveillance se défendront avec tous les moyens légaux à leur disposition", a assuré Porsche. La guerre ne fait que commencer.