"Il grande John"

La faible expérience de Honda en F1 a d'abord refroidit Surtees, mais l'ancien champion du monde moto connaît l'immense potentiel technique de la marque et il a vu de près la façon de travailler des Japonais. C'est ce dernier point qui emporte sa décision. Travailleur infatigable, éternel insatisfait et follement exigeant, Surtees sait qu'ils seront capables de soutenir son rythme. De plus, toutes ses exigences sont acceptées : premier et seul pilote, participation au développement technique et installation d'une antenne européenne en Angleterre dont il prendra peu à peu les commandes... Dans un premier temps, la Britannique aiguillonne l'équipe pour chasser les kilos superflus.

Pendant l'hiver, la RA 273 perd 40kg tandis que le V12 gagne 20 ch, mais ce n'est qu'une étape pour Surtees qui presse au développement d'une version à empattement court en attendant l'arrivée de la nouvelle monoplace. En dépit de tous les efforts des Japonais, la saison 67 n'est qu'une longue série de frustrations pour le pilote. Surtees impatient réussit à convaincre l'état major de Honda de lui laisser construire une monoplace en Angleterre. Impliqué de près avec Lola dont il assure l'engagement des voitures officielles sous les couleurs du Team Surtees, il projette d'adapter un châssis T 90 (le modèle victorieux à Indianapolis en 1966) au V12 Honda. Harcelé nuit et jour par Surtees, la petite équipe renforcée par Nakamura réussit l'exploit de réaliser la voiture en cinq semaines ! Surnommée "Hondola", la RA 300 qui ne pèse plus que 603 kg débute au GP d'Italie. Venu sans autre ambition de tester "grandeur nature" la nouveauté, Surtees à la suite d'une incroyable série de rebondissements va se retrouver aux avant postes et finir par devancer Jack Brabham d'un capot sur la ligne d'arrivée. Pour les tifosi qui n'ont pas oublier ses exploits au volant des Ferrari, il redevient "il grande John" le temps d'une formidable ovation

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