Dimanche dernier, Spike TV diffusait enfin l’épisode de « Jesse James is a Dead Man » sur le record de vitesse que son présentateur tatoué et mécano émérite, rendu célèbre par l’émission « Monster Garage », aurait établi au volant de sa voiture à hydrogène totalement confectionnée dans les ateliers de West Coast Choppers. Retour sur cet évènement qui a depuis été fortement mis à mal.

En septembre 2005, BMW a établi pas moins de 9 records de vitesse sanctionnés par la FIA pour une voiture fonctionnant à l’hydrogène avec sa H2R. Equipé d’un V12 6.0l de 232ch hérité de la 760Li et qui finira sous le capot de l’Hydrogen 7, ce prototype profilé avait notamment atteint une vitesse maxi de 300,175km/h. Comme Wilfried Leroux vous en parlait ici, c’est ce record là que Jesse James s’était mis en tête de battre dans le cadre de son émission « Jesse James is a Dead Man » durant laquelle, à chaque épisode, il met sa vie en danger pour atteindre un objectif donné, que ce soit de rejoindre le cercle arctique à moto ou de passer à travers une maison avec un big foot.

Rouler avec un véhicule fait maison utilisant un tel carburant n’est pas sans danger non plus, mettre le feu à de l’hydrogène étant une recette possible pour faire une bombe roulante. Mais c’est loin d’effrayer le téméraire Jesse James, qui, nous le savons déjà et malgré ses activités plutôt polluantes, est un écologiste convaincu. Décidé à donner une leçon aux constructeurs américains qui selon lui négligent cette nouvelle voie, il s’est donc mis en tête de réaliser sa propre voiture à hydrogène, en sortant plusieurs millions de dollars de sa propre poche, et de battre le record établi par BMW.

48 soupapes, quatre arbres à cames, équipé du Valvetronic et du double Vanos, le V12 de la H2R était et est toujours un moteur à la pointe de la technologie. Le moteur choisi par Jesse James est plus rustique. Plus brutal. Plus américain. Il s’agit d’un monstrueux V8 Chevrolet de 9,3 litres flanqué de deux énormes turbos et avec deux injecteurs par cylindre, développant la bagatelle de 780 ch et 1220 Nm en se gavant de l’hydrogène retenu à 344 bars dans ses trois réservoirs . Pour la caisse, il a opté pour du recyclage, en transformant la « Dees Milodon Engineering », qui avait atteint 381,5 km/h dans les années 60, pour accueillir cette colossale usine à gaz.


Jesse James, un menteur ? Retour sur un record de vitesse qui sent le souffre [Vidéo]

Le terrain de jeu sera le lac salé d’El Mirage dans le désert californien du Mojave, et Jesse James aura besoin de trois tentatives pour parvenir à ses fins. La première sera avortée par l’intrusion de poussière dans le cockpit, bloquant totalement la vue du pilote kamikaze. Après quelques sommaires travaux d’isolation, le voilà reparti, mais il échouera à quelques kilomètres/heure du record. La raison ? Les trop petites ventilation du capot ne permettent pas aux turbos d’aspirer tout l’air nécessaire… Aux grands maux, les grands remèdes, c’est à la batte de baseball et au marteau qu’on leur permettra de respirer. Et histoire de vraiment bien faire les choses, c’est sans filtre à air qu’aura lieu la dernière tentative avant que la nuit tombe, une manœuvre particulièrement délicate quand il s’agit de rouler très vite au milieu d’un désert.

Mais ces modifications de dernière minute seront déterminantes : Jesse James dépasse largement le record établi par BMW et atteint même 321,38 km/h, juste sous la barre des 200mph. Cris de joie et embrassades, c’est le triomphe du petit mécanicien courageux face à l’industrie automobile mondiale lourde et fainéante.



Shattering A World Record | SpikeTV | SPIKE.com



Toutefois, prétendument descendant du célèbre hors-la-loi, on sait que Jesse James n’est pas du genre à s’embarrasser avec les règles. Et c’est pour ça que son record n’est pas officiel, puisqu’il ne s’est pas procuré les services de la toute puissante SCTA (Southern California Timing Association) pour l’établir selon la réglementation, qui nécessite notamment de soumettre à une inspection du véhicule donnant lieu à une certification et de tenir la vitesse sur un mile complet et de le faire dans deux sens opposés en moins d’une heure. Ce que Jesse James n’a pas fait, les 321,38 km/h n’étant que sa vitesse maxi à un moment précis.

Ce dernier s’est même attiré les foudres de Louise Ann Noeth, redoutable papesse américaine des records de vitesse, à la fois pilote et journaliste, qui le traite littéralement de « menteur ehonté ». Selon elle, Jesse James n’est détenteur d’aucun record pour les raisons précédemment citées. Elle enfonce de plus le clou en assurant qu’il n’a pas non plus construit la voiture lui-même avec son équipe , louant plutôt les services d’une célébrité dans le domaine, Mike Cook. « Les efforts de M. James ne valent rien dans le monde des sports mécaniques, ce n’est qu’une petite cascade d’un pilote télévisé pour faire parler de lui, puisqu’il a choisi d’ignorer les règles d’un sport qui sont appliquées depuis 80 ans à tous les records certifiés ».

Décidément pas commode, Louise Ann Noeth a commencé par contacter l’intéressé lui-même pour exiger des explications, mais celui-ci aurait répondu par des vulgarités qu’il est impossible de retranscrire ici. Elle aurait ensuite appelé Tom Kowaleski, chargé de la communication chez BMW, pour avoir son avis : « Il peut prétendre ce qu’il veut, nous avons toujours le record du monde ratifié par la FIA ». Avec une ténacité digne d’un pitbull, elle aurait même pris contact avec Eric James qui s’occupe de la préservation du patrimoine et de l’histoire de Jesse James, le hors-la-loi du 19ième siècle, pour lui demander si le présentateur était l’arrière petit fils qu’il prétendait être. « La star Jesse James s’est faite une réputation à ne pas se soumettre à l’autorité, dans un effort vain de paraître hors-la-loi. Les publicités pour ses émissions annoncent qu’il est un descendant direct du véritable Jesse James. C’est en fait un mensonge. Il a été invité à présenter des preuves de sa parenté à la famille James à laquelle il prétend appartenir. Il ne l’a jamais fait. Mais il continue quand même de perpétuer ce mensonge. »

L’image du noble rebelle inflexible, fier et n’obéissant qu’à ses propres lois, en prend un sérieux coup au passage. Jesse James serait-il un fake ?