Depuis des mois, on ne parle que d’elle. Elle, c’est la voiture électrique, la voiture de demain nous dit-on. Pour l’association Agir pour l’Environnement, c’en était trop et la dernière campagne de Renault, la campagne Renault ZE (ZE pour Zéro Emission) a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Agir pour l’Environnement dénonce une campagne de greenwashing intense et particulièrement mensongère ; elle rappelle qu’aucune voiture, aussi électrique soit-elle, ne peut se prétendre 100% propre et 100% zéro émission. Elle cite ainsi une étude publiée en juillet 2009 par l’Ademe et qui affirme que « concernant les émissions de CO2, à la différence des modes ferrés, les véhicules particuliers électriques ne présentent pas un bilan global, « du puits à la roue », systématiquement à leur avantage par rapport aux autres modes de transport, notamment par rapport au véhicule thermique ».

Elle rappelle également que l’objectif d’un million de véhicules commercialisés en 2020 n’est rien en comparaison des 30 millions d’automobiles que compte le parc français et estime que le bénéfice carbone est « anecdotique » et ne vaut pas les investissements faits par l’État français dans ce domaine. Elle enchaîne ensuite avec le véritable bilan carbone de ces véhicules et leur autonomie ridicule : « La fabrication d’un véhicule représente 20 à 30% du bilan carbone global du véhicule. La faible autonomie du véhicule électrique en fait un véhicule d’appoint, un véhicule en plus, à usage urbain. Dans les faits, ce véhicule dit "ZE" ne viendra pas en substitution mais en plus d’un autre véhicule, augmentant globalement le nombre d’unités composant le parc automobile hexagonal ».

Dernier coup de massue, celui de l’origine de cette électricité. Pour Agir pour l’Environnement, la voiture ZE « justifiera le programme électronucléaire et sa cohorte de déchets ingérables pour des milliers d’années » et fait office de « véhicule « atomobile », générant ET des déchets nucléaires ET de l’effet de serre ».

L’association a mis en place un site parodiant celui de Renault et propose depuis quelques jours aux journalistes appelés à tester ce type de voiture une paire de lunettes destinées à « verdir artificiellement cette gamme dite Zéro Emission ». Entre les associations de protection de l’environnement et les constructeurs automobiles, la bataille ne fait que commencer.