Sortie en 1962, la petite anglaise d'Abingdon célèbre son cinquantenaire cette année. L'occasion de revenir sur l'épopée d'un modèle mythique vendu dans sa majorité aux Etats-Unis, fêté cette année au salon Rétromobile, comme évoqué récemment par Antoine Dufeu.


Après les Midget TC, TD et TF d'après-guerre très appréciées des Américains, apparaît en 1955 la MG A, en totale rupture avec les précédents modèles de la marque. Disponible en carrosseries coupé et roadster, et équipée de 4 cylindres 1 500 et 1 600 cm3, elle connaît une belle carrière outre-Atlantique et également en compétition aux mains de gentlemen-drivers, remportant notamment de nombreux titres régionaux et nationaux dans les compétitions organisées par le SCCA (Sports Car Club of America).


La carrière de la MG A stoppe en 1962, avec un peu plus de 100 000 exemplaires produits (101 081 exactement). Les dirigeants de Morris Garage décident d'une orientation légèrement différente pour sa descendante, logiquement dénommée "B". Il est convenu d'en faire un modèle toujours vendu en carrosserie roadster, mais plus confortable, moins dépouillé avec vitres latérales et capote, plus performant et plus habitable. Ainsi, il reçoit une caisse monocoque plus rigide, gagne cinq centimètres en largeur par rapport à la A et se voit équipé du 4 cylindres 1.8 B-Series du groupe BMC que l'on retrouvera par exemple dans l'Austin 1800. Ce bloc, dérivé du moteur 1 622 cm3 de la MG A, développe 95 ch et propulse la B à près de 170 km/h.


Le style, pour sa part, est volontairement choisi très classique, sans rondeurs mais avec des lignes franches et droites. Seules les ailes arrière, formant des ailerons à l'instar des voitures américaines, détonnent dans ce dessin. Le succès est au rendez-vous : en effet, plus de 20 000 exemplaires trouveront preneur la première année, dont environ 15 000 aux Etats-Unis. La copie restera inchangée (ou presque) jusqu'en 1964, où elle reçoit un vilebrequin à 5 paliers afin d'améliorer sa fiabilité.


Un coupé pour booster les ventes ?


L'année suivante, la MG reçoit une nouvelle déclinaison de carrosserie. Un coupé, dénommé GT est donc produit à partir d'octobre 1965, toujours équipé du 4 cylindres 1.8. Celui-ci offre l'avantage de proposer 4 places (en fait 2+2) et un espace plus important pour les bagages que le roadster avec un hayon au seuil très bas. Bien que très jolie, la déclinaison coupé de la B se vend moins que sa sœur découverte. En effet, son poids dépasse désormais la tonne (1 090 kg) et le plaisir de conduite, bien que véritable, n'offre pas la sensation de liberté avec les cheveux au vent du roadster.


La sortie de la Mk II en 1967 n'y changera rien, malgré une boîte de vitesses synchro. Cette année-là, une version 6 cylindres (moteur BMC C-Series) reprenant le design de la B, dénommée MG C et identifiable à sa bosse de capot, est disponible dans les concessions, jusqu'en 1969. C'est l'occasion pour la B de subir quelques modifications, la calandre passe au noir avec un logo MG en son centre, l'équipement évolue (jantes à rayons, sièges en skaï…). En 1971, la Mk III apparaît avec notamment un tableau de bord modifié.


MG a alors l'idée de sortir une version V8 de son coupé, afin de relancer les ventes en chute libre. S'inspirant de ce qu'a pu faire Ken Costello, un pilote anglais, équipant le modèle d'un V8 américain de 3,5 l de cylindrée et développant entre 150 et 180 ch quelques années plus tôt, la maison mère MG implante un V8 de même cylindrée d'origine Rover dans son modèle fermé. Les ventes s'en ressentent positivement et près de 2 600 voitures seront produites de 1973 à 1976.


Mais la carrière de la MG B prend un tournant en 1974. Les instances américaines ont renforcé leurs exigences en matière de sécurité et l'on greffe de gros pare-chocs noirs en polyuréthane à la petite anglaise. Elle continuera ainsi sa carrière jusqu'à l'arrêt de sa production en octobre 1980. De nombreuses séries limitées sortent pendant ces dernières années de fabrication comme la Jubilee ou encore la Limited Edition. Au total, plus d'un demi-million d'exemplaires ont été produits (513 243 exactement) dont seulement 125 282 coupés GT. Près de deux tiers des voitures ont été vendues aux Etats-Unis, le reste en Europe.



Un mythe accessible


Alors, vous rêvez de filer à l'anglaise ? Si une mécanique solide et plaisante, une ligne intemporelle et un plaisir de conduite intact vous tentent, sachez que la B est très abordable même en France : comptez de 8 000 à 14 000 € pour un coupé, un peu plus pour le roadster plus recherché bien que plus produit que le coupé. Et si l'aventure ne vous fait pas peur, essayez l'expédition en terres anglaises ou américaines, on peut y faire de bonnes affaires… mais aussi de moins bonnes ! Et en attendant, n'hésitez pas à rêver en vous repassant un des nombreux films dans lesquels la MG B a fait une apparition, tels Breathless (1983, USA) ou Les demoiselles de Rochefort (1967, Fra), où elle se dévoilait en version roadster tout de blanc vêtue.



Fiche technique (4 cylindres) :


4 cylindres en ligne, 1 798 cm3, 8 soupapes, 95 ch.

Propulsion, boîte manuelle 4 rapports.

Freins à disques à l'avant, tambours à l'arrière.

Poids : 890 kg (roadster), 1 090 kg (coupé)

Vitesse maxi : 170 km/h