Elle a été officialisée par Nicolas Sarkozy jeudi 4 décembre dernier. Elle remplace en élargissant les conditions d'attribution le "super bonus" déjà en place depuis janvier 2008. Le principe ? Une prime de 1 000 euros déduite à l'achat d'un véhicule neuf rejetant moins de 160 grammes de CO2 par kilomètre, si cet achat est assorti d'une mise à la casse d'un véhicule de plus de 10 ans. Mesure applicable immédiatement et concernant aussi bien les véhicules particuliers que les utilitaires. Prise pour contrer les effets de la crise économique, cette mesure ne sera pas non plus sans conséquence.

Le but de la prime à la casse est de soutenir l'industrie automobile, qui est l'une de celles qui souffrent le plus actuellement (baisse des ventes, augmentation des stocks, arrêts d'usines, etc…), mais aussi d'accélérer le renouvellement du parc automobile en faisant acheter des voitures plus respectueuses de l'environnement, et retirer de la circulation les plus polluantes.

Un coup de pouce bienvenu pour ceux qui hésitaient à sauter le pas, et à renouveler leur voiture. Pour les autres, qui n'ont de toute façon pas les moyens de s'acheter un véhicule neuf, prime de 1 000 euros ou pas, cela ne change rien.

Par contre certaines bizarreries risquent de se produire, liées à cette prime, mais aussi aux offres complémentaires de Renault et Peugeot.

En effet, ces deux constructeurs ont décidé d'étendre la mesure gouvernementale aux véhicules entre 8 et 10 ans. Des véhicules qui eux, ne seront pas destinés à la destruction. Et qui viendront à terme alimenter un marché de l'occasion déjà saturé.

Solution, ces même constructeurs ont également de concert décidé d'étendre cette prime à la casse à "une sélection de véhicule d'occasion récents", selon leurs termes. Comprenez "ceux qu'ils n'arrivent pas ou ont du mal à écouler"… Ce sera donc une voiture d'occasion contre une voiture d'occasion, pas de quoi crier victoire. Et pas de conséquence sur le marché de l'occasion global en terme de volume. Mais cela aura le mérite d'assainir le marché de l'occasion récente. Il ne faut cependant pas se leurrer, Renault et Peugeot ne font pas à eux seuls le marché et ces mesures n'auront qu'un impact limité.

Car au global, la prime à la casse n'aura pour seul effet que de venir grossir les rangs des occasions âgées. Oui, il ne faut pas rêver, toutes les voitures reprises n'iront pas à la casse, cela s'est vérifié du temps des balladurettes et jupettes. Et il est probable que le marché de l'occasion va encore davantage s'effondrer, au niveau des ventes mais aussi des prix, tant que la crise maintiendra la demande à des niveaux très bas.

La prime à la casse aura donc des effets positifs à cours terme sur le marché du neuf essentiellement, mais potentiellement des conséquences désastreuses sur celui de la seconde main, en y apportant de nouvelles autos, qui trouveront difficilement preneur.

Bilan

En temps de crise, on fait ce qu'on peut. Les mesures prises par le gouvernement pour soutenir l'industrie automobile et au passage assainir le parc ont porté leur fruit jusqu'à aujourd'hui, mais sont déjà en train de s'essouffler. La prime à la casse donnera certainement un second souffle. Mais pendant ce temps le marché de l'occasion se meurt à petit feu, rien n'étant fait, à part du côté de Renault et Peugeot, pour le soutenir. Pourtant, ce sont les ménages les plus modestes, qui sont clients majoritaires des véhicules de seconde, qui auraient le plus besoin de soutien... A quand ?