Depuis début 2008, des pays européens comme l'Allemagne (voir article) et l'Italie (voir article) agissent afin de freiner l'utilisation de la voiture en ville et d'encourager des moyens de transports moins polluants. Comment se présente la situation des transports en Belgique au fait ? 1/5 des véhicules les plus polluants sont responsables des 4/5 des rejets de CO2 dans l'atmosphère. En décembre 2007 dans ce pays, le seuil de 240 microgrammes de particules fines par mètre cube a été atteint alors que le seuil d'alerte est établi à 50 microgrammes (législation européenne). Aucune des trois Régions de la Belgique ne souhaite appliquer des systèmes et des mesures anti-pollution tels que le péage urbain et l'interdiction des voitures trop polluantes en centre-ville.

La Région Wallonne, par exemple, préfère encourager le renouvellement du parc automobile. A Bruxelles, lors de pics de pollution importants, les mesures suivantes sont prises : circulation alternée (plaque impaire ou paire suivant les jours annoncés), parkings de dissuasion ouvert au niveau du ring afin d'y garer les voitures, transports en commun renforcés et gratuits, contrôles de vitesse renforcés, réduction de la vitesse.

Par contre, Evelyne Huytebroeck, la ministre bruxelloise de l’Environnement (issue du parti écologiste ECOLO), est favorable au péage urbain et à la chasse des voitures polluantes en centre-ville en Belgique. Elle a affirmé : "Il faudra examiner attentivement le résultat sur la qualité de l'air à Berlin et à Milan, comme ceux à Londres et Stockholm. Cela pourra m'aider à convaincre qu'un péage urbain sera sans doute la solution pour limiter la pollution en ville. Je ne crois pas par contre que, vu les oppositions politiques rencontrées, nous pourrons avoir un péage urbain sous cette législature qui court jusqu'en 2009. Mais lors de la prochaine, il faudra envisager cette solution sans tabous. Il faut le démontrer grâce à une étude socio-économique approfondie, mais je suis convaincue qu'un tel péage ne ferait pas fuir les entreprises hors de Bruxelles. On pourrait au moins commencer avec un essai dans le Pentagone."

La Société des transports intercommunaux bruxellois (STIB) veut aussi que le péage urbain soit mis en place. Alain Flausch, administrateur-directeur général de la STIB, a expliqué que la fréquentation du réseau bruxellois de transports publics a progressé de 70% depuis 1999, mais aujourd'hui, elle plafonne et ne progressera que si des mesures radicales en faveur de la mobilité sont prises. Il a ajouté :

"La vitesse commerciale des bus et trams de la STIB s’est dégradée en 2007. L’opération des "2 euros", le prix du ticket acheté directement au conducteur, a réduit de 48% les ventes à bord depuis le 1er février 2007. C’est donc surtout le trafic urbain qui continue de ralentir les bus et les trams ne bénéficiant pas de sites propres. Et je ne m’attends pas à une amélioration en 2008. Il faut oser le débat sur le péage urbain. Nous avons des exemples réussis à Londres et à Stockholm. Le Belge reste très accroché à sa voiture. Le nombre de nos clients plafonne. Si des mesures plus radicales en faveur de la mobilité à Bruxelles ne sont pas prises, la STIB risque de ne pas pouvoir atteindre son objectif de 320 millions de voyageurs d'ici 2011. En 2007, le nombre de voyageurs a augmenté de 3 % par rapport à 2006 pour atteindre 277,3 millions de voyageurs. Les recettes du trafic ont augmenté de 7 %. Quant au taux de couverture des dépenses par les recettes, il s’est monté à 49,78 %. Mais la réalisation de nouveaux sites propres s'est fortement ralentie au cours des dernières années et il reste toujours 250 points noirs à résoudre, notamment la ligne 23, qui demeure la ligne la plus irrégulière."

Affaire à suivre !

Le péage urbain au coeur du débat

(Source : Le Soir, L'Echo Photo : Alain Hubler/péage urbain)