Les biocarburants perdent de leur crédibilité, et les critiques se font de plus en plus nombreuses. Une étude américaine du SRI Consulting avait notamment révélé les failles de ces nouveaux produits, qui ne seraient pas plus verts que les carburants traditionnels (voir article). L'ADEME, qui a toujours cru aux qualités des biocarburants, persiste et signe malgré les réserves de la classe scientifique.

L'étude américaine en question, publiée dans le journal « Chemistery & Industry » affirme que le biocarburant fabriqué à base d'huile de colza émet à peu près autant de gaz à effet de serre que le diesel classique, obtenu à base de pétrole. L'ADEME et le Ministère de l'Industrie, qui avait demandé en 2002 une étude de l'ACV (Analyse du Cycle de Vie) des différents carburants n'y croient pas : selon les résultats de l'ACV, la filière EMVH*/Diester produirait 3,5 fois moins de gaz à effet de serre, avec un rendement énergétique 3,3 fois supérieur par rapport à la filière gazole.

Le SRI Consulting affirmait aussi que le diesel d'origine pétrolière émet 85 % de ses gaz à effet de serre au moment où il est consommé dans un moteur, alors que le colza en émet 2/3 au cours de sa culture, lors de son développement. Rappelons que le colza émet de l'oxyde nitreux, 300 fois plus nocif pour l'atmosphère que le CO2. L'ADEME révélait pourtant il y a quelques mois que l'utilisation des biocarburants avait une influence « globalement positive » sur l'air et le climat ! Cela uniquement si le mode de production était respectueux de l'environnement (l'ADEME évoquait notamment mode de culture, usage de pesticide, irrigation, méthode de raffinage...). Argument peu convaincant, non ?

Alors, qui croire à la fin ? Les études se multiplient et ne se ressemblent pas. Même si l'agriculture américaine est bien plus intensive que les modes de production européens, il est évident que les émissions à effet de serre engendrées par les biocarburants ne font pas l'objet d'une information claire et précise. Quand les intérêts économiques affrontent les intérêts environnementaux, on suppose malheureusement le gagnant... Et les biocarburants apparaissent davantage comme une alternative pour relancer l'économie agricole qu'une solution écologique.

* (Esters méthyliques d'huiles végétales)