Remue-ménage dans le paysage français de stations-service : 10% des stations Total vont fermer dans les deux ans à cause de nouvelles normes, tandis que Carrefour et Leclerc se retirent des autoroutes déclarées pas assez rentables et que BP vend son réseau français.

C’est la faute aux écolos, selon la direction de Total. En effet, d’ici 2011, toutes les stations-service devront répondre à de nouvelles normes environnementales imposant notamment des cuves à double paroi et surtout imposant une distance minimum entre les pompes et la route, ce qui nécessitera dans certains cas de raser purement et simplement la station pour la reconstruire plus loin. Ou pas. Car ces modifications concernent des exploitants indépendants situés souvent en milieu rural, à la marge faible, et qui n’auront pas les moyens d’effectuer ces travaux. Au final, 500 stations sur les 4800 que compte le réseau Total pourraient ainsi fermer. Et il ne faudra pas compter sur le pétrolier pour venir en aide à tous ces petits exploitants en danger, car ces mises aux normes sont imposées par l’Etat, pas par Total.

Vendre du carburant serait-il donc une activité de moins en moins lucrative ? Les chiffres sont impressionnants : selon l’UFIP (Union Française des Industries Pétrolières), on comptait en 1980 41 500 stations-service. En 2008, ce chiffre est tombé à 12 699. Et la marée noire n’en finit plus de se résorber, avec la future taxe carbone et l’interdiction de vente d’alcool.

Toutefois, si les stations-service Total et Elan deviendront une vision plus rare dans les campagnes, elles resteront fermement implantées sur les autoroutes, où une station sur trois appartient au pétrolier. Mais là, ce seront plutôt les enseignes Carrefour et Leclerc qui disparaîtront. En effet, dans les trois ans, 267 concessions sur les 360 existantes seront resoumises à un appel d’offre, comme cela se fait tous les 20 ans, et bientôt tous les 15 ans. Et pour l’instant, aucun de ces deux distributeurs ne s’est porté candidat, car ils ne jugent plus assez rentables les stations-service sur les autoroutes. La faute revient cette fois justement au raccourcissement de la durée des concessions, mais aussi aux exigences toujours plus importantes des sociétés d’autoroute.

Ajoutons à ces dernières nouvelles la vente de 227 sur les 340 stations Shell l’année dernière et les négociations récentes de BP pour vendre ses 416 stations et au final, un millier de stations-service pourraient encore disparaître dans les trois années à venir.