Peut-on rouler sans pétrole ?

Le prix des carburants est appelé à grimper tant pour des raisons économiques que politiques. La dépendance des pays de l'OCDE à l'égard du pétrole est un fait avéré. Alors, pourra-t-on sortir de l'ère du pétrole avant l'épuisement des ressources ?

Les pistes explorées par les constructeurs et les instituts de recherche sont nombreuses. Il y a, certes, les biocarburants. Peugeot a ainsi fait rouler, lors du dernier Challenge Bibendum ouvert aux voitures propres, une 206 HDI de série fonctionnant à l'ester de colza pur ! Un produit déjà présent en quantité limitée dans le gazole vendu en France. Les performances et la longévité de l'auto ne sont pas affectées par l'utilisation de ce biocarburant. Et, surtout, n'impliquent aucune modification mécanique.

Vers le zéro émission

Plus simplement, on peut aussi envisager des sous-produits dérivés du pétrole comme le GPL ou le gaz naturel. Mais, selon André Douaud, directeur à l'IFP, de l'unité Moteurs et Énergie, “les normes sur les moteurs étant de plus en plus sévères, on tend vers le zéro émission. L'impact des carburants particuliers est donc noyé dans la masse. D’ores et déjà, les questions de pollution locale ne trouvent plus de solutions dans les biocarburants. Il faut des justifications extrêmement fortes pour justifier les carburants alternatifs. Les critères environnementaux sont plutôt en faveur des biocarburants, les biocomposants permettant d'éviter l'émission de 800 000 tonnes nettes par an de CO2. Paradoxalement, bien que non issus du pétrole, le Diester et l'éthanol sont assujettis à la taxe intérieure sur les produits pétroliers.

Le choix des voitures hybrides

Les voitures hybrides constituent une étape décisive et peuvent être considérées comme une voie d'avenir. Renault s'apprête à commercialiser un Kangoo bimode. Il s'agit d'un véhicule électrique avec prolongateur d'autonomie. Le moteur est accouplé à une génératrice.

Quant à l'automobile 100 % électrique ou à la pile à combustible, on ne peut pas l'envisager avant un horizon assez lointain. Les plus optimistes parlent, pour cette dernière technologie, d'une échéance de commercialisation vers 2010.

Mais la filière hydrogène reste à créer, notamment pour la distribution de ce produit extrêmement explosif. André Douaud explique :

“L'hydrogène est extrêmement coûteux à produire. Si on le produit à partir de sources d'énergies fossiles comme le pétrole, le bilan environnemental est mauvais, même si le rendement théorique d'une pile à combustible est supérieur à celui d'un moteur à combustion interne. La société Air Liquide et Nuvera Fuell Cells envisagent toutefois de développer massivement des systèmes embarqués pour autobus et véhicules industriels, notamment pour les véhicules urbains. Mais ici, contrairement à Mercedes-Benz, il n'est pas prévu de fournir de piles à combustible à destination des voitures particulières.

Reste la question du pétrole pour la fabrication des autos : ici, les progrès significatifs proviendront du recyclage des matériaux plastiques. Le recyclage systématique, tel que prévu par l'Union européenne à partir de 2006 pour les automobiles, permettra de limiter le recours aux dérivés de produits pétroliers. Pour les pneumatiques, l'utilisation de composés entièrement synthétiques est envisageable et déjà bien maîtrisée par les manufacturiers.