La pollution atmosphérique, à mesure qu'on découvre et qu'on étudie ses impacts sur la santé, pose de plus en plus de questions. Les personnes âgées, et surtout les enfants, développent des maladies chroniques liées aux particules fines émises par les diesel, et c'est de ce constat qu'est partie l'association Santé Environnement France pour réaliser une étude centrée sur les enfants promenés en poussette. Les résultats sont évidemment accablants.


Le mois dernier, l'Institut de veille sanitaire révélait les conclusions de étude Aphekom menée durant trois ans dans 25 villes européennes. Elle avait permis de montrer que les concentrations de particules fines dans l'air dépassaient de manière systématique les limites préconisées par l'OMS et qu'une diminution de cette pollution permettrait de sauver pas moins de 19 000 vies chaque année.


Les enfants, plus vulnérables, sont particulièrement sensibles aux particules fines ; l'étude montrait également que 15% des cas d'asthme chez les plus jeunes pouvaient leur être imputés. L'association Santé Environnement France a souhaité en savoir encore plus et a voulu se pencher sur le cas des poussettes dans lesquelles les enfants sont transportés à hauteur des pots d'échappement pour découvrir ce qu'ils respirent réellement chaque jour. Elle a pour cela équipé deux poussettes de capteurs à microparticules 2,5 (PM 2,5) pour lesquelles il n'y a actuellement pas de réglementation. Les deux poussettes ont ensuite réalisé deux trajets différents à deux moments de la journée (le matin entre 8h et 10h et le soir entre 17h et 19h) à Aix-en-Provence, une ville proche de Marseille où les résultats de l'étude Aphekom ont été particulièrement désastreux. « De nombreuses études scientifiques ont montré que les enfants étant exposés aux pollutions automobiles, et notamment aux microparticules développaient plus facilement asthme, infections ORL et allergies respiratoires. Or, en poussette nos enfants sont aux premières loges pour inhaler les pots d’échappement des véhicules –forts nombreux à Aix-en-Provence où les transports collectifs sont sous-développés » explique le Dr Patrice Halimi, Secrétaire Général de l’Association Santé Environnement France.


L'association rappelle que les chiffres relevés ne sont pas des moyennes mais constituent une « photo » de ce qu'un bébé aixois a respiré à un instant t et que si l'Union Européenne s'est fixé pour objectif une moyenne sur l'année de 20µg/m3, l'OMS recommande pour sa part de ne pas dépasser un seuil de 10µg/m3. Les relevés des capteurs de particules 2,5 situés sur les poussettes ont montré qu'à quasiment aucun endroit de la ville le taux ne s'était révélé inférieur à 20µg/m3, et ce quelle que soit l'heure de la journée, atteignant parfois un niveau jusqu'à 6 fois supérieur aux recommandations de l'OMS. « Tous les médecins savent depuis longtemps que les microparticules sont à l’origine de nombreuses pathologies et ce qu’il faut faire pour éviter cela! Mais, comme d’habitude, on ne nous consulte que pour guérir, jamais pour prévenir. La santé n’est pas prise en compte dans nos politiques publiques », affirme le Dr Patrice Halimi, Secrétaire général de l’ASEF. « Il existe des solutions urbanistiques pour limiter la pollution de l’air comme l’accroissement des parcs mais surtout la mise en place de transports en commun efficaces », poursuit le Dr Pierre Souvet, Président de l’ASEF. « La preuve : l’étude montre que Marseille est la ville la plus polluée de France, or, c’est aussi celle qui a le moins développé ses réseaux de transports en commun ».


Le projet envisagé par l'Union Européenne et qui consisterait, s'il est adopté, à développer un vaste réseau ferroviaire interconnecté à travers l'Europe et à bannir définitivement les véhicules thermiques des villes pourrait bien apporter un début de solution à ce problème ainsi qu'un nouveau souffle aux habitants des grandes agglomérations.