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DESIGN by BELLU : DS9, changement d'ère

Dans Nouveautés / Nouveaux modèles

Serge Bellu

La confrontation d’une DS 23 des années 1970 avec la nouvelle DS 9 nous interroge une fois de plus sur la transformation des mentalités que l’industrie automobile a vécue au cours des cinquante dernières années. 

De profil, rien ne permet d’identifier la DS 9.
De profil, rien ne permet d’identifier la DS 9.

DS Automobiles s’est donné des verges pour se faire fouetter. Lors du récent salon Rétromobile, L’Aventure DS Automobiles - qui gère le patrimoine du plus jeune label de Stellantis - a choisi d’exposer trois voitures censées procéder du même esprit : une DS 23, une SM Opéra et une DS 9.

La sublime DS 23.
La sublime DS 23.

Passons sur la présence de la SM, ici dans la version spéciale « Opéra » à quatre portes élaborée par le carrossier Henri Chapron. Depuis plusieurs années, L’Aventure tord le cou à la vérité historique en annexant la SM dans son périmètre. On peut le comprendre ! Même si la SM n’est pas une DS, il faut bien étoffer la mémoire d’une marque qui n’a pas d’histoire en dehors de la gamme D (DS, ID et dérivées). La SM est séduisante car elle est la seule vraie voiture de grand tourisme jamais produite par Citroën en cent trois ans d’existence ! C’est un choix d’hommes de marketing, pas d’historien. Passons.

Douze ans après sa création, la Citroën Metropolis reste très élégante.
Douze ans après sa création, la Citroën Metropolis reste très élégante.

Autre choix discutable, la présence d’une DS 9 flambant neuve face à une DS 23 à injection électronique, un modèle créé pour le millésime 1973, et ultime évolution de la saga des DS. On peut regretter que les organisateurs de Rétromobile tolèrent la présence de modèles actuels sur leurs stands, mais la question n’est pas là.

Cette confrontation entre deux voitures séparées par cinquante ans d’évolution est-elle flatteuse et utile pour l’image de DS Automobiles ? Pas sûr… Elle a au moins le mérite de renseigner sur les bouleversements que l’industrie automobile a connus en un demi-siècle.

La Citroën Numéro 9 avait une forte personnalité qui aurait été pertinente dans la gamme DS.
La Citroën Numéro 9 avait une forte personnalité qui aurait été pertinente dans la gamme DS.

Quand la DS 19 apparaît, en 1955, elle se place d’emblée au sommet de la production française et ridiculise toutes ses rivales renvoyées à leur désuétude : la Frégate de Renault et son allure de grosse 4CV, la Versailles de Simca et ses manières d’américaine au rabais, ou la 403 de Peugeot, affriolante comme un huissier de justice. Dans ce panorama, la DS 19 rayonne ; elle se présente comme un éloge à l’audace, à l’insolence, à l’innovation, à l’avant-garde, c’est une provocation pour les conservateurs, un pied de nez aux pusillanimes. Sa ligne est déroutante avec son profil aérodynamique bicorps, ses flancs lisses, sans ornementation, son capot plongeant, sans calandre, son plancher plat, son arrière fuyant, ses roues arrière carénées, sa surface vitrée sans angle mort…

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La CXperience est sans doute plus Citroën que DS.
La CXperience est sans doute plus Citroën que DS.

Commercialisée entre 1955 et 1975, la DS vit une période cruciale dans l’évolution de l’industrie automobile. Elle connaît l’une de ses transformations les plus profondes et doit affronter un changement radical dans les mentalités, comparable à ce que nous connaissons aujourd’hui avec la transition écologique.

En 1973, la DS doit encaisser le premier choc pétrolier. La crise d’origine géopolitique alerte le monde sur la précarité des sources d’énergie et elle oblige les industriels à réduire leur consommation de carburant. Les partis écologistes, qui prennent leur essor en Europe à la même époque, vont reprendre à leur compte la nécessité de réduire le gaspillage des énergies fossiles, même dans un autre but, celui de protéger l’environnement.

Un style sans relief pour la DS 9.
Un style sans relief pour la DS 9.

C’en n’est pas fini pour l’automobile accablée de toutes parts ! Au cours des mêmes années 1970, le scandale de l’insécurité routière éclate aux États-Unis avec pour solution immédiate l’instauration de limitations de vitesse en Amérique du Nord comme en Europe.

Ainsi, la politique sécuritaire, les intérêts écologistes et les mesures économiques s’entrechoquent de manière étrangement concomitante autour d’un même objectif : changer le rapport à la consommation et tourner en désuétude les ancestraux fantasmes de la performance.

Une qualité de réalisation remarquable pour la finition intérieure.
Une qualité de réalisation remarquable pour la finition intérieure.

Depuis lors, la politique de dénigrement de la bagnole et de ses attributs les plus clinquants n’a cessé de se durcir. Pas facile dans ces conditions de défendre ses positions sur le terrain du luxe, de la sportivité et de l’opulence. La DS 9 - comme toutes les grandes berlines qui survivent à la marge sur les marchés internationaux - débarque à l’issue de ces cinq décennies de contestation. Sachant cela, on ne peut pas blâmer DS Automobiles d’avoir opté pour un profil bas - au propre et au figuré - pour sa DS 9. Elle est longue, surbaissée, effilée, mais pathétiquement dépourvue de caractère. Lisse, anonyme, banale. Elle n’est même pas disgracieuse, elle est transparente. Elle aurait pu porter n’importe quel logo de n’importe quelle start-up chinoise.

L’Audi A7L, rivale très conventionnelle de la DS 9.
L’Audi A7L, rivale très conventionnelle de la DS 9.

De nos jours, on hésite avant de choquer la clientèle. Les designers ont dû se plier à plusieurs exigences pour en arriver là : créer une vraie berline statutaire rejetant les codes des SUV et viser en priorité le marché chinois. Deux contraintes qui semblent avoir paralysé les designers dans une posture résolument conservatrice. Toutes les pistes qui avaient été autrefois explorées à travers les concept cars sur le même thème ont été abandonnées. Bien que vieille de plus de dix ans, la Citroën Metropolis, dévoilée à Shanghaï en mai 2010, a toujours fière allure. La Numéro 9 de 2012, qui portait encore le double chevron, avait beaucoup de caractère tout comme la CXperience de 2016, très typée. Ces projets affichaient-ils trop un parti pris de différenciation appartenant plus à Citroën qu’à DS ? Là se situe l’ambiguïté. Une DS doit-elle être originale ou rentrer dans le rang ?

Nées sous la marque Citroën, la DS 3 (en 2010) et la DS 5 (en 2011) avaient trouvé leur spécificité. Surtout la formidable DS 5 qui était, elle, la véritable héritière spirituelle de la DS 19.

Depuis que DS Automobiles même sa vie de manière autonome, c’est-à-dire depuis juin 2014, le label cherche son style, son identité, sa différence. La DS 7 est noyée parmi le fatras des SUV sans âme tandis que la DS 4 essaie de s’approprier les lignes brisées popularisées par Lexus. Quant à la DS 9, elle est figée dans sa crainte de déplaire, de se faire remarquer.

Mercedes sort de sa réserve avec la EQE.
Mercedes sort de sa réserve avec la EQE.

C’est d’autant plus regrettable que la qualité de réalisation et le choix des matériaux sont remarquables chez DS Automobiles tout comme les prestations avec une puissance de 360 chevaux qui est très compétitive. Dommage de constater autant de retenue sur le style à l’heure où se multiplient des nouveaux modèles plus libérés sur le créneau des grandes routières à motorisation électrique. La DS 9 se range du côté des plus discrètes, à côté des Genesis G80, Audi A7L ou Lexus ES et tourne le dos aux Audi E-Tron GT, Mercedes EQE ou Lucid Air. C’est un choix. Il sera intéressant de mesurer les mérites de chacun.

Pureté et intemporalité des lignes pour la Lucid Air.
Pureté et intemporalité des lignes pour la Lucid Air.

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