Fermeture de Watèa, ce crash révèle les failles de l'électrification des flottes
La disparition programmée de Watèa by Michelin, spécialisée dans l’électrification des véhicules utilitaires, dépasse le simple échec d’une start-up. Elle met en lumière les fragilités d’un marché tiraillé entre ambitions politiques, instabilité réglementaire et réalités économiques.

Créée en 2021 pour accompagner l’électrification des flottes d’entreprise, Watèa va cesser son activité. L’entreprise, détenue à 70 % par Michelin et à 30 % par Crédit Agricole Leasing & Factoring, n’a jamais réussi à s’imposer sur le marché difficile du VUL électrique
Dans un communiqué publié ce jeudi 27 novembre, le géant du pneu indique : « Michelin et Crédit Agricole Leasing & Factoring confirment envisager l’arrêt des activités de Watèa By Michelin dans le respect des engagements à l’égard de ses clients et de ses partenaires. Ce projet ferait l’objet d’un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) avec pour priorité l’accompagnement humain et le retour à l’emploi pour les 45 collaborateurs concernés. » Pourtant sur le papier tout paraissait parfait.
Le modèle « tout-en-un » en question
Watèa s’était positionnée sur un modèle d’abonnement « tout-en-un » , intégrant une location véhicule, recharge, énergie et services. Une démarche qui devait permettre aux entreprises, notamment les PME, de se lancer dans leur transition électrique sans avoir à supporter un investissement massif dans l’achat de véhicules et l’installation d’infrastructures de bornes.
Mais l’approche n’a pas rencontré son public, ni auprès des professions libérales et des artisans, ni auprès des entreprises, indique un élu du CSE. Les syndicats évoquent quant à eux des raisons de rentabilités financières.
Pour Michelin cette décision « s’inscrit dans un environnement économique incertain et un contexte réglementaire qui a connu de nombreuses évolutions, telles que le rythme de mise en place des ZFE et les ajustements des mesures d’incitation au passage à l’électrique… Ce manque de visibilité rend le marché des véhicules utilitaires électriques attentiste. Il affecte les volumes vendus et la valeur des véhicules utilitaires électriques d’occasion qui tous deux restent nettement inférieurs aux prévisions. »
L’immaturité du marché
Watèa avait fait le pari d’un modèle inspiré des solutions scandinaves ou néerlandaises, où la maturité du marché et la stabilité réglementaire rendent possible l’adoption de solutions intégrées. En France, ce modèle s’est heurté à un marché encore en formation, où la demande électrique n’a pas encore atteint le niveau permettant de soutenir une offre industrialisée. Les élus du CSE soulignent eux-mêmes que l’entreprise avait stoppé ses ventes dès l’été 2024, signe d’une dynamique commerciale insuffisante.
La difficile équation de l’électrification
Dans ce contexte, les acteurs émergents se trouvent particulièrement exposés. Leur modèle nécessite une masse critique de clients pour absorber les investissements initiaux : installation des infrastructures de recharge, achat de véhicules, gestion de maintenance. Or, la filiale de Michelin et du Crédit Agricole n’a pas atteint ce seuil.
Cette disparition intervient alors que la transition écologique des flottes représente un enjeu majeur de politique publique, et que les pouvoirs publics misent sur les entreprises pour accélérer la baisse des émissions. L’arrêt de Watèa montre que la régulation, l’offre industrielle et la demande professionnelle ne sont pas encore alignées. Il rappelle qu’une électrification réussie suppose non seulement des obligations, mais aussi des conditions économiques pérennes et des signaux politiques lisibles.














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