Maserati 4200 GT, un V8 fabuleux à déguster en famille
Accueillant le V8 qui sera utilisé dans la Ferrari F430, la Maserati Coupé, plus communément appelée 4200 GT, délivre un agrément exceptionnel tout en accueillant toute la famille. Et elle n’est pas très chère ! Reste qu’il faut l’acheter avec précautions. Dès 24 000 €.

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Maserati + Ferrari, une formule gagnante. La première manifestation tangible en a été la Coupé, ou 4200 GT, qui bénéficie d'un bloc largement conçu et fabriqué à Maranello. Ce V8 atmo et rugissant remplace avantageusement le moteur biturbo de la 3200 GT, ce qui n'est pas un mince compliment tant ce dernier procure un plaisir intense. Il confère à la Maserati des performances et un agrément exceptionnels, qui lui permettent de tenir son rang face aux Porsche et autre Jaguar, pour ne mentionner que des GT à 4 places. Ce muscle mécanique complète idéalement les lignes douces et élégantes dues à Giugiaro. Aujourd'hui, la marque au Trident ne propose plus de moteur atmo, étant séparée de Ferrari. Raison de plus pour collectionner la 4200 GT, encore dangeureusement abordable...

Oui, la Maserati 4200 GT, ou Coupé, est avant tout une évolution de la 3200 GT de 1998. Apparue en janvier 2002 à Detroit, elle lui ressemble comme deux gouttes d’eau, mais c’est pour mieux cacher les surprises qu’elle recèle. En effet, techniquement, elle en diffère sensiblement. Déjà, elle modifie l’emplacement de la boîte de vitesses 6 rapports, qui migre vers le train arrière, impliquant de redessiner une partie de la plate-forme. Cette boîte est soit manuelle, soit robotisée, dite Cambiocorsa, première nouveauté.

Ensuite, et surtout, la voiture inaugure le V8 F136, conçu conjointement par Maserati et Ferrari, un bloc que l’on retrouvera peu après sur la F430 dans une variante assez différente. Dans le coupé de Modène (codé M138), il conserve la lubrification par carter sec mais préfère un vilebrequin en croix, gage d’un tempérament plus souple et mélodieux mais moins rageur. D’une cylindrée de 4 244 cm3, et alimenté par 32 soupapes actionnées par 4 arbres à cames, il développe tout de même 390 ch, ce qui permet à la Maserati de pointer à 285 km/h et d’atteindre les 100 km/h en 4,9 s, malgré ses 1 670 kg.

Le coupé repose sur des trains roulants à double triangulation avant/arrière alliés à des amortisseurs pilotés Skyhook et surtout un ESP (optionnel), interdit à la 3200 GT. Un ensemble très attractif et facturé au prix fort : 88 400 €, soit 125 400 € actuels selon l’Insee. A ce tarif, la clim auto et la sellerie cuir sont de série, mais pas le régulateur de vitesse ni les projecteurs au xénon. Aussi pingre que chez Porsche ! La Maserati est aussi proposée en cabriolet, appelé Spyder, raccourci de 22 cm et lancé un peu avant le coupé, au salon de Francfort 2001.

En 2004, l’italienne évolue en Gransport, bénéficiant de trains roulants affûtés, de boucliers au dessin plus agressif, d’une calandre en nid d’abeille, de nouvelles jantes et d’un V8 poussé à 400 ch. Par la suite, la modénaise se contentera de séries limitées, comme la 90th Anniversary (2004) et la MC Victory (2006). Elle durera jusqu’en 2007, où elle sera remplacée par la superbe Granturismo, dotée d’un moteur similaire. La 4200 a été produite à 13 423 unités, toutes versions confondues.

Combien ça coûte ?
La variante la plus répandue, le coupé 4200 Cambiocorsa (5 371 exemplaires) se déniche dès 24 000 € en très bon état, à un kilométrage dépassant le chiffre de 130 000. Pas un souci, car sur ces voitures, c’est d’abord l’entretien qui compte. A moins de 100 000 km, on comptera 26 000 €, et ainsi de suite jusqu’à 35 000 €, prix pour un exemplaire de 20 000 km environ. Bien plus rare (1 078 exemplaires), le coupé à boîte manuelle est nettement plus cher, d’environ 6 000 €. Pour leur part, les Gransport s’affichent dès 38 000 €. Les Spyder ? N’espérez rien sous les 32 000 €.

Quelle version choisir ?
Le meilleur rapport prix/prestation reste l’apanage du coupé Cambiocorsa, et de loin. Privilégiez les exemplaires en parfait état, dûment suivis et dotés de leur historique, avant de considérer le kilométrage.

Les versions collector
Ce sont d’abord les séries limitées, quasiment introuvables, ensuite les rares exemplaires en boîte manuelle puis les Gransport.

Que surveiller ?
Mécaniquement, la 4200 est très solide. Rien à redouter du moteur, doté d’une chaîne de distribution, ni de la boîte en elle-même, à condition que l’ensemble ait été impeccablement entretenu, ce qui coûte cher. Vidange du V8 tous les 10 000 km maxi, de la boîte tous les deux ans ou 50 000 km, kilométrage où on changera aussi les huit bougies. Attention, il est préconisé de renouveler les sondes lambda tous les quatre ans. Attention également aux divers capteurs électroniques, qui tombent en panne, comme sur n’importe quelle voiture accusant plus de vingt ans.
Pour sa part, l’embrayage ne passe qu’exceptionnellement les 60 000 km, et son remplacement, en Cambiocorsa, est une opération à 4 500 €. Un passage à la valise (120 €) permet d’en contrôler le taux d’usure. Plus rarement, la pompe de la Cambiocorsa est à changer.
Côté châssis, attendez-vous à une usure des rotules des triangles de suspension, qui ont à encaisser le poids élevé de la Maserati. Une réfection revient à 3 000 € minimum par train. Quant aux amortisseurs pilotés, surprise, leur prix, certes important, est dans la norme (3 000 € pour remplacer les quatre).
Dans l’habitacle, les plastiques « soft touch » deviennent collants, mais ils se refont. Plus ennuyeux, le cuir du tableau de bord a tendance à rebiquer et à se décoller, tout comme le ciel de toit. Là, ce sera un travail à confier à un sellier, donc assez cher… On note aussi des cas de boîtier de chauffage fuyard : onéreux à résoudre, mais une pièce badgée Alfa se monte pour un coût bien moindre…

Sur la route
Si on aime le look 90s, le cockpit de la 4200 ne manque pas de charme, d’autant que l’odeur du cuir flatte les narines. Mieux, les places arrière sont relativement spacieuses. La position de conduite, en revanche, est un peu datée, imposant une conduite bras tendus, le volant ne se réglant que sur une faible amplitude. On l’oublie dès que le V8 s’éveille. Quelle musique !

Ce moteur magique justifie à lui seul l’achat de l’italienne. Souple et doux en usage courant, il gratifie alors d’un son caverneux, qui change à mesure qu’il prend des tours. Passé le cap des 5 000, la musique devient plus métallique, le moteur gagnant en punch, et ce, jusqu’à plus de 7 500 tr/min. Là, une rage mécanique déferle sur la route tout en vous secouant la tripaille. Fascinant !
Toutefois, La boîte robotisée n’est pas du même niveau. Un peu lente en mode normal, elle devient réellement rapide en Sport (80 ms pour changer de pignon), mais brutale aussi, à la montée des rapports. On peut adoucir la manœuvre en levant alors légèrement le pied. La Cambiocorsa se rattrape en rétrogradant, où elle effectue un talon/pointe idéal.

Le châssis a vieilli lui aussi, surtout en matière de précision, mais conserve de belles qualités, notamment par son équilibre et son grip. Ainsi, même si on aimerait une direction plus informative, la Maserati se révèle sûre et efficace, si on la respecte : 400 ch et 1 700 kg, ça ne se rattrape pas comme une Twingo ! Heureusement, le freinage reste efficace. En conduite courante, on apprécie le confort général et la mélodie du moteur, qui rend l’expérience incomparable. Enfin, dans ces conditions, la 4200 avale 14 l/100 km, ce qui n’est si épouvantable.
L’alternative newtimer*
Maserati Granturismo 4.2 (2007 – 2017)

Longue carrière pour la superbe Granturismo, dessinée avec talent chez Pininfarina. Spacieuse, confortable et bien fabriquée, elle délivre un agrément immense grâce à son V8 4,2 l, issu de la 4200 GT, mais poussé à 405 ch. Attelé une boîte ZF auto comptant 6 rapports, il emmène la Maserati à près de 300 km/h.
Cela dit, les accélérations sont un poil moins vives que sur la 4200, la faute à un poids plus élevé. Mais le châssis, issu de la Quattroporte, autorise un meilleur comportement routier allié à un confort supérieur. La Granturismo n’évoluera que dans le détail jusqu’en 2007, et se dégotte dès 30 000 €.

Maserati Coupé 4200 GT (2003) la fiche technique
- Moteur : V8, 4 244 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : doubles triangles, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV/AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle ou robotisée, propulsion
- Puissance : 390 ch à 7 100 tr/min
- Couple : 460 Nm à 4 750 tr/min
- Poids : 1 780 kg
- Vitesse maxi : 285 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 4,9 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Maserati Granturismo 4.2, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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